De la sexualité des femmes chinoises
Posté par ITgium le 10 avril 2009
Le récit de jùn mǎ 俊 马 (François de la Chevalerie)
La potion est amère.
Alors qu’un inexorable vent de liberté souffle en Chine, les femmes vivent une situation paradoxale.
Alors qu’elles s’affichent désormais librement, coquettes et désirables, jouant de subterfuges pour faire monter le désir, elles peinent à bousculer l’effroyable conservatisme familial toujours prégnant en Chine continentale.
Quoiqu’elles entreprennent, à trente ans sonnés, elles doivent obligatoirement trouver leur pair, un mari bon teint, généralement suggéré par la famille, vaguement aimé mais à l’écu doré.
C’est à ce prix qu’elles maintiennent leur respectabilité dans un environnement social toujours peu enclin aux originalités.
Alors qu’elles pourraient s‘offrir encore des années de liberté, vivre leur sexualité comme bon leur semble, voguer l’âme heureuse parmi des prétendants, ce coup d’arrêt emporte leurs rêves.
Mariée, la femme chinoise ne s’appartient plus.
Désormais l’otage de sa famille, souvent à la merci d’une belle mère envahissante, elle compose avec un rôle de convenance, lisse à souhait.
Peu à peu, son corps lui échappe.
Sonne lentement le glas de ses désirs !
Sa sexualité s’annonce pâle, sans effervescence, une affaire d’habitude.
Pour son homme, la peine est moins lourde.
Sous prétexte d’un travail forcené et de négociations insurmontables, la nuit venue, il rejoint les KTV (karaoké) et autres lieux de débauches nocturnes.
Gavé à l’alcool de riz, la tête enivrée, il y trouve une gamme étendue de jeunes femmes entre vingt et trente ans, souvent issues de campagnes reculées, à la recherche d’une vie meilleure dans les grandes villes côtières.
Voilà le paradoxe, alors que la femme mariée vit sobrement sa sexualité, les filles de joie abondent en Chine dans des enclos lugubres à la merci d’hommes effrontément vulgaires et adipeux, trompant leur femme à qui mieux mieux.
La fête finie, ce dernier rejoint la couche familiale.
Le corps encore tout chaud, faute d’énergie, rare est celui qui prête une notable attention à son épouse dont la plupart ont pris le parti de dormir depuis longtemps.
Le lendemain, le visage volontairement innocent, il joue au mari vertueux, cuisinant et s’occupant de l’enfant.
Un être presque exemplaire dont sa femme apprend à s’en accommoder au détriment de son plaisir.
L’âge venant, peut-être se laissera-t-elle surprendre par une envie de liberté en adressant un sourire équivoque à autrui, un impardonnable éclat de rire.
Glissera un désir, une envolée de sentiment comme un nouvel horizon.
Une joie aussitôt étouffée, refoulée jusqu’à l’os.
Rares seront celles qui passeront outre les conservatismes en chassant l’intrus, l’idée d’un bonheur retrouvé.
Rares seront celles qui se gaveront d’un jeu de corps, se laissant emporter par leur seul désir.
Finalement, elles resteront dans leurs murs, palissant d’ennui a vue d’oeil.
Voilà une triste réalité dont il ne ressort que des âmes en peine.
Ainsi la belle Dame restera en souffrance tout au long de sa vie.
Le désir sexuel chez Mademoiselle Li
Comme toutes les femmes, Mademoiselle Li a frayé.
Rien d’étourdissant, des hommes de bonne facture à l’initiative un peu morne.
N’aimant guère détailler ses prouesses, elle rapporte la mémoire de sa vie sexuelle par saccades.
Une once de liberté, par là.
Vers les hanches, un plaisir audacieux.
Une mise en scène à l’Italienne.
Un flop.
Une sexualité de convenance au gré de partenaires de nationalités différentes.
Loin derrière la vie confortable et banale quelle se souhaite jour après jour, la sexualité ne participe pas de ses préoccupations principales.
Peu lui importe si son homme s’adonne gaiement à la chose, là n’est pas l’essentiel !
Choisi selon les règles de l’art, lisse à souhait, pour fuir l’âge venant un célibat impossible à vivre, il doit payer pour voir, l’enrichissant à flot pour gravir le lot.
A ce compte là, l’affaire s’annonce tiède, même incertaine, la dulcinée étant en ses heures frigide.
Du moins, un zeste de frigidité comme le suggère l’étonnante mise en scène dont elle a besoin pour se mettre en condition.
Ne voilà-t-il pas que l’ogre est dans les parages, gonflé à bloc, l’envie d’en découdre !
Pourtant elle n’éprouve nul besoin, si peu qu’elle exige à voir dans l’urgence des images lascives tirées d’un film tourné en Thaïlande par des acteurs californiens grassouillets, chauves et bardés de tatouage.
Nullement gavée, elle explore encore un couple moldave en pose hexagonale avec un Papou, vu son nez tout en largeur.
C’est son élixir, ces images mal cadrées, au goût mortifère !
Si c’est cela l’entrée en scène, maugrée le mâle, mieux vaut se replier !
Cependant, elle en tire quelque force. Maigre force !
L’excitation venant au compte goutte, le beau diable chavire dans l’ennui, baillant à ses côtés.
Finalement, au forceps, il glisse dans l’antre.
Ne ressentant rien, elle l’interroge.
- Es-tu dans les murs ?
Il s’en étonne, recule puis revient à la charge.
Même question !
- Es-tu dans les murs ?
Cette fois, dur à la tâche, il s’accomplit.
Nul emballement, le corps presque inerte, elle reçoit le colis, peu loquace.
Triste besogne, pense le gaillard, tout à l’ouvrage.
Les ébats se poursuivent jusqu’au moment où il tire sa révérence.
Il se redresse brutalement, quitte le lit, bientôt loin.
Il se sent ingrat mais pas coupable.
- Je vais prendre une bière s’exclame-t-il.
Quel souvenir de l’échange ?
Un léger froissement, tout ou plus.
Quelle importance ?
Telle n’est pas sa ligne de mire, plutôt un monde rêvé, banal et confortable, un slogan qui tourbillonne dans sa tête, l’argent et bagatelles !
Alors, l’amour là dedans ?
Peu de chose, juste un grain de sable.