Le soft power chinois dans le cœur d’une chinoise
Posté par ITgium le 17 avril 2013
Le récit de jùn mǎ 俊 马 (François de la Chevalerie)
et ensuite « Le rêve chinois de Xí Jìnpíng (中国梦, zhōngguó mèng) »
A t elle jamais eu d’autre ambition que celle d’être une femme ?
Pleinement, s’en amusant, comme bon lui semble.
Depuis des lustres, sous sa belle armure, elle offre sa douceur à un pays qui autrement aurait peut être sombré.
Regardez son air mélancolique, ce sourire ingénu, cette peau lisse, le tout glissant sous une silhouette fine.
Mais derrière cette apparence sage, que n’a-t-elle pas accompli dans l’histoire de la Chine ?
Wǔ Zétiān (武则天), concubine de son état, a porté haut le flambeau de la dynastie Zhou, seule impératrice de toute l’histoire de Chine.
Sòng Qìnglíng, Madame Sun Yat-sen (宋庆龄), mère de la Chine mod
erne (guomu), a accompagné le peuple de Chine dans ses heures sombres et de gloire.
Zhang Zhixin (张志新), mère courage, a condamné sans relâche l’idolâtrie maoïste, la dérive d’un potentat. Emprisonnée, torturée, puis exécutée par décapitation.
D’autres, bien d’autres, portées par les voix sensuelles
de Zhou Xuan (周璇) et de Dèng Lìjūn (邓丽君).
Toutes réunies, elle murmurent à la chinoise d’aujourd’hui :
Ne sois pas infailliblement moderne !
Garde ton âme, un élan tranquille !
Une saveur, ce coeur, une part de rêve.
Un bien meilleur rôle t’attend : répandre doucement, sans éclat, une autre idée du monde.
Fort de sa puissance désormais retrouvée, la Chine a besoin d’une armature légère pour étendre son influence par delà ses frontières.
Dès lors, la femme chinoise est aux avant-postes.
S’en allant avec son sourire, sa grâce.
Généralement ouverte sur le monde, souvent décomplexée, se mélangeant davantage à l’autre que les hommes de son pays, elle apporte naturellement sa contribution à la construction d’un soft power chinois.
Ce savant alliage entre une civilisation cinq fois millénaires, les cultures diverses et lointaines et le défi du monde moderne.
Chinese soft power on the rise
China is going to reach in a short time the rank of the first superpower of the world.
Today, China host all financial, commercial and technical resources requested to support this position for a long period of time.
But beyond the troublesome environmental and food safety issues, its real weakness lies in the absence of a comprehensive soft-power, the ability to attract and co-opt rather than coerce.
Because China hasn’t a multicultural society (people coming from everywhere in the world), its cultural potential can’t spread quickly, far and wide.
Today China main challenge is how to turn a five thousand culture into a world map culture ?
For those Chinese who are eager of a mutual understanding with the people from everywhere of the world, they must pioneer to do so, paving the way to a more stable world.
China’s future depends merely on them.
Le rêve chinois de Xí Jìnpíng (中国梦, zhōngguó mèng)
Les récits de jùn mǎ 俊 马 故事 (François de la Chevalerie)
Chaque Président chinois a son mot d’ordre, tel un slogan. Il accompagne sa mandature, lui donne son épaisseur, trace l’avenir.
En 2013, le nouveau président, Xi Jinping (习近平) lancé le sien, le « rêve chinois ».
« Le rêve chinois, argumente-t-il, doit réaliser la puissance et la richesse du pays, la renaissance nationale et le bonheur du peuple. C’est un rêve de paix, de développement, de coopération, d’avantages mutuels, il est lié aux beaux rêves des autres peuples du monde, y compris le rêve américain ».
Entre les lignes, voguent les poncifs d’une orthodoxie éculée, un discours passéiste embastillé dans un jargon bientôt inaudible.
Entendu ! Ce rêve ne s’adresse pas aux miséreux de la planète désireux de s’en aller, le baluchon au dos, vers une contrée prometteuse, des lendemains meilleurs.
Le rêve chinois s’apparente plutôt un entre soi aux limites définies, loin du vœu d’harmonie (hé 和) mille fois égrené à toutes les sauces ces dernières années.
L’harmonie aurait-elle succombé sous l’effet du rêve chinois ?
Peut être était-il temps d’en finir avec une vision généreuse peut-être romantique du monde pour se nourrir désormais d’un seul rêve construit autour de seuls « avantages mutuels » ?
Autrement dit, œil pour œil dent pour dent.
Le Président Xi Jinping ajoute :
« Le rêve chinois est lié aux beaux rêves des autres peuples du monde, y compris le rêve américain ».
Où sont-ils les points de convergence entre des rêves si dissemblables, le premier ordonné autour d’une culture démocratique et un monde multiculturel, le deuxième filant doux sous un régime dictatorial et un monde unipolaire ?
Slogan périlleux sinon glissant.
Beaucoup plus malin était celui de Deng Xiaoping. Le « socialisme aux caractéristiques chinoises » (中国特色社会主义, zhōngguó tèsè shèhuì zhǔyì) annonçait un modèle politique hybride entre marxisme et capitalisme, nullement à la recherche de fausses vertus.
Jiang Zemin jouait aussi de prudence en vantant la « triple représentativité » alliant les forces productives progressistes, la culture et le peuple (Sāngèdàibiǎo 三个代表).
Pour sa part, Hu Jintao soutenait le « concept de développement scientifique » censé préserver l’environnement (kēxuéfāzhǎn guān 科学发展观).
Le Président Xi Jinping poursuit sa plaidoirie :
« Il faut emprunter la voie chinoise pour réaliser le rêve chinois. C’est le socialisme aux caractéristiques chinoises »
Question : Le socialisme aux caractéristiques chinoises ne serait-il par trop dévoyé pour faire craindre qu’il ne puisse nourrir un quelconque rêve ?
« Pour emprunter la voie chinoise, nous devons diffuser l’esprit chinois, qui combine l’esprit de la nation avec comme fondement le patriotisme et l’esprit du temps avec les réformes et l’innovation comme fondement. »
Question : Un amalgame, aiguillonné par du pur nationalisme, serait-ce donc cela rêve chinois ?
« Nous devons avoir comme pensée stratégique que le développement est une importance impérieuse. »
« Nous devons amasser constamment le matériel et les fondements culturels pour la réalisation du rêve chinois. »
Verbiage plutôt inconsistant qui ne répond pas à la question essentielle, celle de se demander comment le rêve chinois pourrait-il embrasser le monde alors qu’il ne s’appuie apriori que sur la seule culture chinoise ? Ce qui n’est pas le cas du rêve américain qui absorbe sans complexe, sans retenue, toujours plus, toutes les cultures du monde ?
De construction plutôt sommaire, le rêve chinois me semble plutôt de mettre en avant la double idée d’un pays puissant (qiángguó) et d’un peuple riche (fùmín), ce qui est légitime compte tenu de l’extraordinaire développement de la Chine ces dernières années.
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