Les actrices chinoises du moment
Posté par ITgium le 29 décembre 2012
Les Récits de jùn mǎ 俊 马
de François de la Chevalerie, juillet 2011
Among others, Chinese actresses
They have almost the same age
One leads the other one of two years, both meteors coming from a distant point in the sky in a colorful, lightning-fast game.
Nowadays, their portraits are presented on hand-decorated pages.
Already playing major roles, they become impatient with a sense of hope for a brighter tomorrow.
They are women at the maximum of their strength, of their beauty but in the same way fragile seeking their way.
Through all the ups and downs of life, may their heart blossom with love and compassion.
Pan Hong (1954)
Toute la force de cette femme repose sur un effroyable souvenir qui la tient jusqu’à ce jour.
Le suicide de son père, honni, écrasé, laminé par de lamentables gardes rouge durant la révolution culturelle.
Du coup, chez elle, l’essentiel, c’est de vivre par dessus tout, droit dans ses bottes.
Merveilleuse actrice, je l’ai rencontrée plusieurs fois en sa qualité de vice présidente de l’association du Cinéma Chinois.
Chaque fois, elle ouvre le bal sur ce bon mot :
« Tant qu’il y a de vie, il y a de l’espoir (Dum vita est, spes est). »
Gong Li 巩俐 (1965)
Sa renommée est un sacré piège car on la figure distante, accompagnée d’une ruée d’agents, de la morgue au visage, trainant autoritairement sa gracieuse silhouette dans les Palais Romains.
Nullement, Gong Li est une femme qui adore la simplicité et l’inattendu.
La voilà en scooter à Paris arrimée à un inconnu, un sans grade, rencontré au hasard d’une marche sur la grande muraille, cette fois pris au piège d’un délicieux rêve, l’amour.
Quelle merveilleuse aventure que celle de rompre les amarres et de regarder sur la butte Montmartre le lever du Soleil cette fois bien et tendrement accompagné !
Zhāng Zǐyí 章子怡 (1979)
Malgré sa renommée sulfureuse, c’est une femme ravissante.
Trop sur les devants de la scène, elle est honnie par une partie de la Chine.
A son encontre mille soupçons.
Comme elle me l’a déclaré, d’une voix bien chaloupée : “Je suis phénoménalement ambitieuse”.
Comment pourrait on lui reprocher de vouloir porter si haut, si loin, son si beau visage ?
A mon avis, elle sera pleinement heureuse lorsqu’elle donnera à sa vie un élan romantique.
Un français aimable et élégant, fin connaisseur des usages et des Lettres chinoises, pourrait volontiers y répondre et répandre chez elle l’idée du bonheur.
Avec en partage ce slogan : Omnia vincit amor
(L’amour triomphe de tout).
Maggie Cheung Man-yuk 張曼玉 (1964)
Miss Hongkong en 1983, tout le monde déjà chérissait son regard, la beauté de ses traits, cette douce légèreté.
Voilà qu’elle accomplit son destin dans l’un des plus beaux film chinois, Huāyàng niánhuá (in the mood for love) incarnant Madame Chan, tellement esseulée qu’elle s’éprend d’un autre solitaire.
Nait alors l’un des plus beaux couples du cinéma.
Silence, nous devons faire silence devant tant de sincérité, de discrétion.
Michelle Yeoh Choo-Kheng 杨紫琼 (1963)
Malaisienne, Michelle Yeoh est une chinoise de l’extérieur, libre dans sa tête, dans ses opinions.
En raison d’un accident vertébral, frustrée de ne pas pouvoir entamer une carrière de ballerine, Michèle supplante toutes ses pairs en devenant Miss Malaisie en 1983.
Sa beauté fait mouche auprès d’un millionnaire hongkongais avec lequel elle se marie et qui la mènera au premier rang du box office chinois.
Sportive, elle assure elle même des scènes d’acrobatie, des sauts périlleux dans l’inconnu, parfois vers l’amour.
Elle interprète la moins connue des sœurs Soong, Ai-ling Madame Kung, plus riche que les deux autres réunis, en posant un regard circonspect sur une chine par trop troublée.
A 50 ans elle devient la Lady, Aung San Suu Kyi.
Corps frêle, elle bataille contre les généraux, vouant à la vie un amour par dessus tout.
Fan Bingbing 范冰冰 (1981)
Fraiche et généreuse, telle est Fan Bingbing alias Jin Suo, allant et venant élégamment, dans le film Taiwanais Princess Pearl (1997).
Certains se demandaient alors comment cette toute jeune femme, âgée seulement de 17 ans, se muerait dans le monde âpre et violent du cinéma.
L’ayant approché à cette époque, je l’interroge sur ses rêves.
Elle en rit, se laissant aller à une réponse audacieuse.
- Comme le temps venant mais toujours au delà de mes espérances.
Voilà qu’elle devient dans la décennie suivante l’égérie de marques commerciales de renommée, au million de yuan la prestation.
Elle crée en 2007 son propre studio, le Fan Bingbing Studio (范冰冰 工作室 , Pinyin : fàn bīng bīng gōngzuòshì) et multiplie les productions.
Je la vois encore dans les films Shaolin et Buddha Mountain.
Au delà de mes espérances, disait elle.
Je la retrouve alors autour d’un dangereux élixir, un mélange hasardeux de vodka et de tequila.
Alors que je souhaite la questionner sur l’air du temps comme du plaisir de vivre, elle m’interrompt.
- Je n’ai toujours pas atteint mes espérances.
- Fan Ye (son surnom), lui dis-je, on vous accable de nombreux talents mais celui qui l’emporte, c’est votre incroyable détermination.
- Bravo, Madame ! conclus-je en Français.
Zhou Xun 周迅 1974
J’ai adoré, mille fois adoré, le film Dai Sijie 巴尔扎克与小裁缝 Balzac et la Petite Tailleuse Chinoise.
Pourtant, je ne comprenais rien au dialecte abscons que l’on parle dans le Sichuan.
Cependant, je m’accrochais à la parfaite diction de Zhou Xun.
Je l’ai aussitôt aimée comme on aime le soleil, la vie.
Tel un pèlerin, sur son chemin de grâce, je suis alors allé à sa rencontre
Elle venait de terminer lǐ mǐ de cāi xiǎng, The Equation of Love and Death (李米的猜想).
- Vous semblez venir tout droit d’un rêve !
D’une main fragile, elle a dessiné un cercle.
Apres l’avoir traversé en son milieu, sa main s’est dirigée vers le ciel.
Elle m’a alors dit d’une voix douce légèrement chahutée par l’émotion.
- Vous voyez d’où je viens, vous voyez où je vais !
Zhang Jingchu (張靜初) 1980
Pourquoi diable a-t-elle changé de prénom ?
- Jing, ceint en or, n’est ce pas le plus merveilleux des prénoms ? interroge-je.
- Jingchu, c’est le mien dorénavant, ceint en or, en argent, en bronze.
Diplômée de la fabuleuse Central Academy of Drama de Beijing, (Zhōngyāng Xìjù Xuéyuàn), Jingchu enchaine les rôles.
Inquiète, l’âme en peine, luttant contre des hommes, des lâches.
Belle toujours.
Bientôt elle est portée aux nu par Time magazine, belle Asia’s Heroes de notre temps.
Je l’interroge encore :
- Est ce de trop tout cela lorsqu’on se meut encore dans la jeunesse ?
Se dresse un sourire sur son visage.
- Je me souviens de mon premier cours de diction, me dit-elle. Ces mots…
Je reconnais la trace de mes premiers feux
(Agnosco veteris vestigia flammæ, Virgile, l’Énéide)
De mes feux mal éteints j’ai reconnu la trace
(Racine, Andromaque)
Shu qi 舒淇
Pour accéder à la notoriété, un choix douloureux s’impose à toute jeune ambitieuse, originaire de Taiwan, sans nom, sans relation.
Quelque temps durant, il faut prêter son corps, se mettre dans l’ambiance.
Aussitôt dans les rangs, Shu Qi fait merveille dans « Love is not a Game, But a Joke ».
Plus tard, je la retrouve dans « Millennium Mambo » et « Three Time »s où elle excelle.
Un dimanche matin, je la rejoins sur l’Avenue of Stars (星光大道) dans le quartier de Tsim Sha Tsui à Hong Kong.
Sortant d’un festival de cinéma dédié aux stars hollywoodiens des années trente, avant que je ne l’interroge, elle s’exclame :
- Made it, Ma ! Top of the world !
Je suis laissé sans réponse, médusé.
- James Cagney, White Heat !
Gāo Yuányuán 高圆圆 1979
Autodidacte, Gao fait ses premiers pas dans une comédie de pâle facture, Spicy Love Soup. Normalement, elle aurait du disparaître derrière la rampe comme chaque année dix mille actrices de peu de talent.
C’était sans compter avec son imparable fraicheur, une nature douce, loin du jeu par trop calculé des starlettes hongkongaises.
En 2002, elle s’emploie merveilleusement bien dans le rôle de Zhou Zhiruo pour la série télévisée The Heaven Sword and Dragon Saber.
En 2005, elle étonne dans le film de Wang Xiaoshuai, Shanghai Dreams qui remporte le Prix de Jury. Elle se fait encore applaudir avec Jackie Chan dans le film Rob-B-Hood
Vient alors la grâce, elle joue Mlle Jiang dans le film City of Life and Death (南京!南京!, Nanjing, Nanjing) qui raconte l’histoire des troupes japonaises se livrant à un terrible massacre à l’encontre des civils chinois.
Portée désormais vers la gloire, la belle Gao !
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