Les visages d’une femme chinoise
Posté par ITgium le 18 novembre 2012
Les récits de jùn mǎ 俊 马 故事 (François de la Chevalerie)
Chez elle, les mutations du visage sont impressionnantes.
Jamais elle ne se ressemble.
Jamais le même regard.
Jamais pareil sourire.
Sur une simple moue, mille femmes en elle.
Chaque jour, elle compose avec un personnage diffèrent.
Chaque nuit, elle change de mouture.
Manipulatrice ou sincère.
Arrogante ou d’une grande bonté.
Heureuse ou malheureuse.
Toujours belle
Ci-après, quelques aperçus de son visage.
Une même femme, une même tête, un même corps.
Mais selon ses moues, d’innombrables visages.
Une chinoise heureuse
Pleinement heureuse.
Son sourire s’étale nettement sur son visage sans la moindre once d’inquiétude.
Un sourire serein et jovial.
Finie cette vie sentimentale confuse avec des hommes, coureurs ou dépressifs ou désargentés,
Des étrangers.
Cette fois, elle a rencontré sa paire.
Un natif de Chine, comme elle.
Un homme cultivé, comme elle.
Un homme riche, ce dont elle a besoin pour mener une vie banale et confortable.
Une chinoise au regard sévère
Le regard est sombre.
Un zeste d’agacement.
Une interrogation court sur le front.
- Que fais-je là ? se demande-t-elle.
Pourquoi me suis-je embarquée dans cette histoire ?
Vient un trouble :
- Que fais-je dans la vie ?
Une chinoise apeurée
Alors qu’elle sort toute fraiche de sa douche, ne voilà-t-il pas qu’elle trouve, niché sur des assiettes à manger, un rat volumineux.
Elle le chasse avec un balai.
Elle lui lance à la gueule une salve de produits chimiques.
Rien n’y fait.
L’animal lui tient tête.
Le regard se noyant dans le désespoir, elle l’interroge :
- Pourquoi ne me lâches-tu pas ? Ma vie était mieux sans toi !
Une chinoise riche
Cette fois, le visage est rigide.
Se dessine un sourire carnassier.
Un sourire de convenance destiné à un public soumis ou jugé utile.
Un sourire où suinte le goût à l’argent.
Tel est le cas, car Sylvie Lin Jing est la dernière épouse d’un magnat dont la fortune est évaluée à 22 milliards de dollars.
Elle veille à ses intérêts comme elle combat les tendances hégémoniques du fils du milliardaire, né d’un premier mariage.
Comme on l’interroge sur le choix de son époux, plus âgé d’elle de 48 ans, elle reprend avec un impressionnant aplomb le mot de Wendi Deng, l’épouse chinoise de Rupert Murdoch :
- Je veux juste une vie banale et confortable !
Une chinoise bien dans sa peau
Cette fois, le sourire est naturel, sans calcul.
Son visage respire la bonne santé.
Ce jour, elle initie des touristes de Palerme et de Messine aux secrets de Shanghai.
Elle évoque le Bund, un mot d’origine anglaise et indienne qui signifie boue. Auparavant, le Huang Po était un vaste amas de boue impropre à toute vie.
- Pourtant, voilà le miracle de Shanghai, une ville fantastique s’est construite sur un terrain abominable. Et c’est ainsi que d’une province lointaine je suis venue ici !
Elle raconte sa vie.
Elle est mariée avec un Italien aux origines napolitaines.
Le couple connait les meilleures adresses des trattorias romaines autant celles de Shanghai.
- Mon épouse est une femme charmante, assure son mari, Paulo Regnatti.
Une chinoise expatriée, la New-Yorkaise
Visage sobre, pensées calculées.
A son maintien strict et son élégance naturelle, on imagine qu’elle habite dans un quartier huppé en face de Central Park sur la 5ème avenue.
Elle appartient à cette nouvelle classe de riche chinois issue du quartier de Victoria à Hongkong qui a fait le choix d’un éloignement temporaire de la Chine dans l’attente d’un changement de régime.
Une chinoise à l’âme Inquiète
Le regard est profond tout à la fois, proche et distant.
Elle s’interroge :
Qui est cet homme ?
Qu’a-t-il de bon ou de mauvais ?
Est ce jouable une vie avec lui ?
Serais-je heureuse avec lui ?
Qu’il le veuille ou non, il m’a davantage marqué que je ne le pensais.
Sa manière brutale de dire la vérité ; ses coups d’éclats ; cette façon d’être mâle ; toutes choses qui expliquent ma tristesse aujourd’hui, cette difficulté à me détacher de lui.
Une chinoise jalouse
Gracieuse perle de Fuzhou, elle s’exclame :
Je suis là !
Entièrement là !
Je te tiens, mon ami !
Au moindre écart, je me répands.
La hache s’il le faut !
Je broierai tout au passage.
Gare à toi !
Avant même de l’avoir mené, j’ai perdu le combat de la liberté.
Francois de la Chevalerie, décembre 2012
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