• Tianjinoise, Tradition (传统)

    Tianjinoise, Tradition (传统)

    A priori, elle n’a pas de réputation particulière.
    Ni sa physionomie, ni sa taille, pas davantage son allure ne lui confère une aura singulière de celle qui se répande jusqu’à l’autre bout de la planète. "Pourquoi alors le cœur d’une Tianjinoise vaut-il bien mieux que tout l’or du monde ?" se demande Pierre Teilhard de Chardin en 1936.

  • Une vie en Chine

  • Lin Chi-ling 林志玲

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    Lorsque je l’ai rencontrée la première fois, son visage était sévère, comme intraitable.
    Jonglant avec les contrats publicitaires, Chiling Lin n’avait alors aucune inclination à offrir au tout venant un sourire fut-il pâle.
    Dans son sillage, son agent publicitaire m’avertissait.
    « Au prix coutant de plusieurs dizaines de milliers de dollars, chaque seconde valant son or, vous serez vite ruiné. »
    Longtemps après, je l’ai croisée.
    Elle venait d’être exclue d’une superproduction.
    La larme à l’œil, elle m’aperçut dans un coin d’ombre.
    Cherchant à chasser ce désordre, elle laissa filer un sourire sincère sur son visage cependant défait.
    Je lui ai alors dit :
    - Lacrimis struit insidias cum femina plorat (Lorsque la femme pleure, elle tend un piège avec ses larmes, Dionysius Cato)
    - Non ! a-t-elle répondu, je pleure avec mon cœurs, je souris avec mon cœur.

  • Lin Huiyin

    Femme chinoise

    Un ami m’a dit : si tu veux connaitre la force romantique d’un couple chinois, plonge toi dans la vie de Lin Huiyin et de Xu Zhimo.
    Couple illégitime, s’aimant dans l’ombre, se chahutant.
    Xu Zhimo admirait par trop celle qui deviendra la toute première architecte de chine.
    Dans sa quête d’amour, il s’abîme, l’abîme aussi.
    Le temps enfin de se dire Adieu et ils meurent tous deux comme enlacés vers le même destin.

  • Wang Danfeng

    Femme de Chine

    Si j’étais né dans les années 20, je serais alors tombé éperdument amoureux de Wang Danfeng, célèbre actrice à la diction remarquable et au charme saisissant.
    Elle me fait souvent penser à Gene Tierney, un peu froide en apparence mais au tempérament chaleureux, ne s'en laissant pas compter.

  • Zhang Zilin 张梓琳

    Zhang Zilin

    Certains s’amusent à taquiner ce qu’ils nomment peu élégamment Madame l’échalas.
    C’est vrai que du haut de sa grande taille (1,82m), augmentée par des escarpins à la courbe vertigineuse, Zilin domine le monde, souvent des nabots qui la mitraillent de photos.
    Miss World 1987, elle pourrait en tirer quelque arrogance.
    - Nullement, seule m’importe l’idée de bonheur ! s’exclame-t-elle avec vigueur.
    Je l’interroge alors.
    - Le bonheur étant si rare, comment s’y prendre pour le retenir à soi, le répandre ensuite ?
    Elle sourit avec un tel ravissement, une telle assurance, de surcroît le regard chaleureux, que son idée du bonheur se propage naturellement dans les âmes.

  • Jin Xing 金星

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    Issue de la minorité coréenne, Jin Xing cultive les particularismes les plus audacieux.
    Valeur mâle, valeur femelle, Jin Xing est passé(e) de l’un à l’autre, d’un coup d’aile.
    Sans trop d’éclat, devenant l’une des meilleures danseuses et chorégraphes de Chine.
    Colonel de l’armée populaire (Zhōngguó Rénmín Jiěfàngjūn), elle vit à Shanghai dont elle dit :
    - Shanghai une ville complètement femelle. La ville des femmes alors que Pékin est la ville des hommes.
    Elle ajoute dans un murmure :
    - Ma vie est fantasque, heureuse vie d’entre les vies de ce monde !

  • Sòng Měilíng 宋美齡

    Sòng Měilíng

    Dans les années 40 et 50, le rêve de tout homme était de rencontrer de Madame Tchang Kaï-chek, femme d’une élégance sublime et au charisme époustouflant.
    Dans les Vacances Romaines, Gregory Peck chahute aimablement Audrey Hepburn, dans le rôle d’une jeune princesse, en lui disant que son heureuse silhouette ne saurait surpasser l’allure de la Reine des Reines, Madame Tchang Kaï-chek.
    Ce mot encore prêté à Cary Grant :”Toutes les plus belles stars d’Hollywood ne valent pas le regard de Madame”.
    Dans les 40, elle parcourt les Etats Unis, prône l’intervention américaine aux côtés du Zhōngguó Guómíndǎng.
    Hollywood l’admire, la célèbre comme une Reine mais Roosevelt puis Truman n’apporte pas leur soutien à cette cause.
    Dotée d’une forte intelligence, Sòng Měilíng occupe inlassablement mon esprit comme le révélateur de la grandeur du peuple de Chine.

  • Tián Yuán 田原 (1985)

    Tián Yuán 田原 (1985)

    C’était un soir de décembre, la température avoisinait mois dix degrés,
    Un ami m’avait invité à la célébration de ses vingt ans de vie d’artiste.
    Dans des pièces enfumées, pétries d’odeurs d’alcool de riz, il m’a aussitôt indiqué la bonne porte.
    - Viens par là que je te présente, Tián Yuán, je ne sais comment la présenter mais ce qui est sûr, c’est qu’elle est dotée de tous les talents. Elle fut la Reine du Trihop chinois mais elle est encore actrice, scénariste.
    Visage discret aux lignes parfaites, une voix douce, Tián Yuán me raconte si bien, si honnêtement, si précisément, son roman, Zebra Woods que je la serre dans mes bras.
    Elle s’en étonne à peine, me demande si j’ai vu son premier film, Butterfly.
    Je suis honteux, très honteux, les bras pendants
    Elle s’éloigne alors.
    Le lendemain même, je visionne Butterfly pour lequel elle a reçu un prix.
    Elle n’avait alors que 19 ans.
    Une adresse exceptionnelle pour celle qui entend bientôt réaliser son premier film, cousu d’or celui là.

  • Peng Liyuan 彭丽媛

    Peng Liyuan

    Depuis toujours, j’aime intensément cette merveilleuse chanson « Sur les plaines de l'espoir » où bat le cœur de la chine ancestrale, les souffrances et joies d’un grand peuple.
    Humble spectateur du gala annuel de la CCTV à l’occasion du nouvel an chinois, j’ai été transporté par une voix merveilleuse.
    Le corps tremblant, terriblement ému, je regardais cette belle femme qui avait si bien entonné l’air que j’aime tant.
    Laissant glisser un sourire sur son visage, elle remercia ensuite le public de sa voix douce.
    Et tous ceux qui comme moi, depuis Tianjin ou les provinces les plus reculées de la Chine, avaient gouté avec plaisir au spectacle.
    - Merci Madame, murmurais-je alors.
    Madame, Première Dame de Chine.

  • Zhāng Zǐyí 章子怡

    Zhang Ziyi

    Malgré sa renommée sulfureuse, c’est une femme ravissante.
    Trop sur les devants de la scène, elle est honnie par une partie de la Chine.
    A son encontre mille soupçons.
    A mon avis, elle sera pleinement heureuse lorsqu’elle donnera à sa vie un élan romantique.
    Un français aimable et élégant, fin connaisseur des usages et des Lettres chinoises, pourrait volontiers y répondre et répandre chez elle l’idée du bonheur.
    Avec en partage un slogan : Omnia vincit amor (L'amour triomphe de tout).

  • Zhou Xun 周迅

    Zhou Xun

    J’ai adoré, mille fois adoré, le film Dai Sijie 巴尔扎克与小裁缝 Balzac et la Petite Tailleuse Chinoise.
    Pourtant, je ne comprenais rien au dialecte abscons que l’on parle dans le Sichuan.
    Cependant, je m’accrochais à la parfaite diction de Zhou Xun.
    Je l’ai aussitôt aimée comme on aime le soleil, la vie.
    Tel un pèlerin, sur son chemin de grâce, je suis alors allé à sa rencontre
    Elle venait de terminer lǐ mǐ de cāi xiǎng, The Equation of Love and Death (李米的猜想).
    - Vous semblez venir tout droit d’un rêve !
    D’une main fragile, elle a dessiné un cercle.
    Apres l’avoir traversé en son milieu, sa main s’est dirigée vers le ciel.
    Elle m’a alors dit d’une voix douce légèrement chahutée par l’émotion.
    - Vous voyez d’où je viens, vous voyez où je vais !

  • Li Bingbing 李雪

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    - Toute jeune, me dit-elle, je n’avais pas la moindre intention de devenir actrice. Je souhaitais alors apprendre aux jeunes enfants la lecture, le savoir.
    Cependant, en 1993, une proche lui suggére de faire un tour au très renommée Shanghai Drama Institute in 1993.
    - J’y suis allé en un coup de vent. Ce jour là, un vent trop fort peut être, j’y suis restée le temps d’une saison.
    Dès 1999, dans le film Zhang Yuan's Seventeen Years (1999), elle noue avec la célébrité. La voilà propulsée au rang des meilleures actrices lors du 12th Beijing College Film Festival.
    Viennent les propositions Hollywoodiennes : Resident Evil, Transformers.
    - Je ne me laisse pas emporter par ce furieux coup de vent, je reste moi même, heureuse dans ma tête, le regard rivé vers des enfants à qui je lis des poèmes.

  • Fan Bingbing 范冰冰

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    Fraiche et généreuse, telle est Fan Bingbing alias Jin Suo, allant et venant élégamment, dans le film Taiwanais Princess Pearl (1997).
    Certains se demandaient alors comment cette toute jeune femme, âgée seulement de 17 ans, se muerait dans le monde âpre et violent du cinéma.
    L’ayant approché à cette époque, je l'interroge sur ses rêves.
    Elle en rit, se laissant aller à une réponse audacieuse.
    - Comme le temps venant mais toujours au delà de mes espérances.
    Voilà qu’elle devient dans la décennie suivante l’égérie de marques commerciales de renommée, au million de yuan la prestation.
    Elle crée en 2007 son propre studio, le Fan Bingbing Studio (范冰冰 工作室 , Pinyin : fàn bīng bīng gōngzuòshì) et multiplie les productions.
    Je la vois encore dans les films Shaolin et Buddha Mountain.
    Au delà de mes espérances, disait elle.
    Je la retrouve alors autour d’un dangereux élixir, un mélange hasardeux de vodka et de tequila.
    Alors que je souhaite la questionner sur l’air du temps comme du plaisir de vivre, elle m’interrompt.
    - Je n’ai toujours pas atteint mes espérances.
    - Fan Ye (son surnom), lui dis-je, on vous accable de nombreux talents mais celui qui l’emporte, c’est votre incroyable détermination.
    - Bravo, Madame ! conclus-je en Français.

  • Coco Lee 李玟

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    Sa belle silhouette évoluant sur de nombreuses scènes, sa vie est une suite presque ininterrompue de disques accumulant prix et honneurs.
    La voix jonglant aussi élégamment entre le mandarin et l’anglais, cette hongkongaise de naissance ayant vécu très tôt aux Etats Unis incarne parfaitement le soft power chinois, ce moyen pour la chine d’étendre délicatement, sans coup férir son influence sur le monde.
    Cependant, au milieu de sa remarquable réussite, Coco a le cœur généreux, la larme à l’œil, laissant filer document sa voix pour soutenir les malades du SRAS ou du Sida, pansant la misère.

  • Dong Siyang

    Dong Siyang (1988)

    Dong Siyang est jeune, la plus jeune du lot.
    La plus belle aussi, comme elle se réclame.
    A 21 ans, elle est déjà Présidente Directeur général d’une société de média établie à Hongkong.
    Surnommée la beauty CEO, elle se laisse tellement surprendre par une gloire acquise si tôt qu’elle écrit à 23 ans propre biographie "21-year-old woman president".
    - Je me trouvais vieille, me confie-t-elle, il fallait que je retrace ma vie.
    Bien qu’elle s’ajoute des titres usurpés, le livre est un best seller.
    De Shenzhen à Dalian, des jeunes femmes chinoises se l’arrachent, certaines bien plus âgées qu'elle.
    Toutes rêvent de gloire et de passion.
    Ou du besoin naturel d’être aimé par un homme ou par ses pairs.

  • Hou Yu

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    La voix s’élève vers de belles hauteurs, s’élance plus encore vers un horizon lointain.
    Loin dans le ciel, survolant son ombre.
    Soudain, Hou Yu suspend son envol.
    La voix se rétablit vers des notes légères,
    Bientôt un calme, comme une attente.
    Sera-t-elle l’épouse de l’empereur ?
    La concubine au cœur chaud, l’aimant jusqu'à l’infini.
    Embastillée dans des étoffes, le visage de Hou Yu est blême.
    Glisse une larme sur ce visage bien fait.
    Elle s’aime tour à tour dans les rôles de Dan, de Quingyi ou de Wudan.
    Elle souffre aussi, la carapace l’accable, le masque l’étouffe.
    Telle une concubine déchue, l’âme en peine.
    Voilà le public du Guójiā dà jùyuàn (國家大劇院) l’applaudissant à tout rompre.
    Hou Yu est une valeur sûre de l’opera de Pekin (Jīngjù).
    Je la félicite alors, me laissant porter, l’enveloppant de mes bras.
    - Je trouve le public de Tianjin plus chaleureux, se lâchant dans le bonheur, murmure-t-elle.
    Je la tiens plus près de mon cœur.
    - Oui, l’homme Tianjinois est le plus chaleureux du monde.

  • Paris en Chine à Tianjin

    Paris en Chine à Tianjin

    Pierre Teilhard de Chardin se rend à Tienstin au début des années trente. Plutôt Déconcerté par la présence de nombreuses bâtisses rappelant l’architecture des métropoles européennes, il s’exclame alors :
    « Tienstin, serait-elle Paris en Chine ? »
    Le pont Eiffel sur le Hai He construit au début de XXème siècle comme la réplique du Pont Alexandre III témoignent de cette influence.

  • Xue Zhe

    Xue Zhe, Tianjinoise

    Membre de l'Académie de Mathématique de Qingyuan (Guangdong) et de l’Institut d’Astronomie du Guangdong, Xue Zhe est une talentueuse scientifique, portant loin l'avenir de la Chine.
    Par deux fois, elle m’a demandé de l’accompagner sur la montagne sacrée du Héng Shān pour observer la grande Ourse. Là, la nuit durant, elle calcule les magnitudes apparentes et absolues.

  • China Soft Power

    China is going to reach in a short time the rank of the first superpower of the world.
    Today, China has all financial, commercial and technical resources required to maintain this position for a long period of time.
    Beyond the environmental pollution, the food safety issues and the embryonic democracy, the real weakness lies in the absence of a comprehensive soft-power, the ability to attract and co-opt rather than coerce.
    Because today china hasn’t a multicultural society (people coming from everywhere in the world), its cultural potential can’t spread quickly, far and wide.
    China today main challenge is how to turn a five thousand culture into a world map culture ?
    For those Chinese who are eager of a mutual understanding of the people from everywhere, they must pioneer to do so, paving the way to a more stable world.
    I do think that the future of china depends merely on them.

    Francois de la Chevalerie, April 2013

  • Cixi ou Tseu-Hi

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    Vilaine est cette opinion que l'impératrice douairière Cíxǐ était une femme irascible, rusant et calculant, responsable du déclin de la Chine et de sa soumission au diktat des puissances étrangères.
    Comble du toupet, petite concubine, elle s’impose dans les rangs et donne encore un peu de souffle à la dynastie Qing, décadente et endormie.
    Dans sa jeunesse, Cíxǐ était une très belle femme que tout homme de bon aloi aurait aimé prendre pour compagne.

  • Lena

    Lena

    Originaire de Jilin, Lena gère un groupe de restauration présent à Beijing et Tianjin.
    Lorsqu’elle a ouvert son dernier établissement à Sanlitun (situé à 1,5 km du pont Dongzhimen), comme j’étais surpris de voir ma photo sur le menu, elle m’a dit : "Tu fais partie de mon paysage".

  • Gong Li

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    Sa renommée est un sacré piège car on la figure distante, accompagnée d’une ruée d’agents, de la morgue au visage, trainant autoritairement sa gracieuse silhouette dans les Palais Romains.
    Nullement, Gong Li est une femme qui adore la simplicité et l’inattendu.
    La voilà en scooter à Paris arrimée à un inconnu, un sans grade, cette fois pris au piège d’un délicieux rêve, l’amour.
    Quelle merveilleuse aventure que celle de rompre les amarres et de regarder sur la butte Montmartre le lever du Soleil sur Paris, cette fois bien et tendrement accompagné !

  • Sabino Cagigos (Sà bīn) 萨宾

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    It is clear that Sabino Cagigos once called in chinese 萨宾 (Sà bīn) embodies the vitality of the today culture.
    Since long, thanks to his Catalan origin, Sabino has a fascination with labyrinths that cover his family background, his philosophical approach, mainly the troublesome western culture.
    The labyrinths represent the conflict between the artist and the world, narrated through a lifetime experience.
    After some vacillation, the route through the labyrinths is finally marked out.
    I found a symbolic similarity between them and the intelligence, the one of Sabino, the one of everyone, even the unskilled one.
    However, for the undogmatic Sabino, experiment remains open, a field of investigation always put into question.
    Nothing is set in stone.
    Everything is short-lived.
    And at the, the men dies.
    So the earth.
    So everything.
    So the Chinese women, Sabino Cagigos, their painter.

  • Michelle Yeoh Choo-Kheng (1963)

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    Malaisienne, Michelle Yeoh est une chinoise de l’extérieur, libre dans sa tête, dans ses opinions.
    En raison d’un accident vertébral, frustrée de ne pas pouvoir entamer une carrière de ballerine, Michèle supplante toutes ses pairs en devenant Miss Malaisie en 1983.
    Sa beauté fait mouche auprès d’un millionnaire hongkongais avec lequel elle se marie et qui la mènera au premier rang du box office chinois.
    Sportive, elle assure elle même des scènes d’acrobatie, des sauts périlleux dans l’inconnu, parfois vers l’amour.
    Elle interprète la moins connue des sœurs Soong, Ai-ling Madame Kung, plus riche que les deux autres réunis, en posant un regard circonspect sur une chine par trop troublée.
    A 50 ans elle devient la Lady. Aung San Suu Kyi
    Corps frêle, elle bataille contre les généraux, vouant a la vie un amour par dessus tout.

  • Yang Kaihui

    Yang Kaihui

    La première épouse de Mao mérite les honneurs.
    Nullement parce qu’elle est entrée en l’année 1919 dans la vie du grand Timonier mais parce que ce dernier, un saint homme, n’a nullement remué ciel et terrain pour lui éviter une exécution sommaire par le Guomindang en 1930 à Changsha (Hunan)

    Du coup, Yang Kaihui, femme simple et au bon cœur, mère attentive de trois enfants est durablement aimée par le peuple chinois.
    Comme par moi même croyant naïvement que les belles âmes portent le meilleur témoignage de la beauté du monde.

  • Jade Yu Jiang Shan

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    Elle est fière d’être Cantonaise, fière d’être originaire de Dongguang, fière plus encore d’être elle même.
    Une femme moderne, tout en rondeur, aimant la vie, la bonne chair et l’alcool.
    A Canton, Reine de la nuit, elle connaît la terre entière, danse la salsa, lit le dernier roman de Mián Mián.
    Intelligente et souriante, Jade se déclare cynique jouant des uns des autres comme pour mieux vivre.
    Le soir, s’inquiétant du temps qui passe, elle tâte son ventre, cherche un enfant qui ne vient pas.
    L'âme triste, elle ressasse jour et nuit cette formule latine :
    Accipe quam primum, brevis est occasio lucri
    « Agis de suite, les chances de réussite durent peu. »
    Ce désir d’être autre chose que le symbole de plaisirs passagers.
    Ce désir d’être une lumière, une voix dans un monde éphémère.

  • Pan Hong

    Pan Hong

    Toute la force de cette femme repose dans un effroyable souvenir qui la tient jusqu’à ce jour.
    Le suicide de son père, honni, écrasé, laminé par de lamentables gardes rouge durant la révolution culturelle.
    Du coup, chez elle, l’essentiel, c’est de vivre par dessus tout, droit dans ses bottes.
    Merveilleuse actrice, je l’ai rencontrée plusieurs fois en sa qualité de vice présidente de l’association du Cinéma Chinois. Chaque fois, elle ouvre la discussion sur ce bon mot :
    « Tant qu'il y a de vie, il y a de l'espoir. (Dum vita est, spes est).

  • Zhang Yin 张茵

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    Il vous faudra beaucoup aimer ou connaître le recyclage de papier et le papier d'emballage de Chine pour l’approcher juste une toute petite seconde.
    Même en développant des trésors d’imagination sur l’avenir du courtage en papiers recyclés, il n’est pas sûr que la propriétaire de la Nine Dragons Paper vous reçoive.
    La raison, Zhang Yin est une des premières fortunes de chine, une fortune qu’elle a acquise toute seule, principalement à Hongkong.
    Mieux vaut alors lui parler de la biographie que vous comptez écrire sur elle. Dans ce cas, elle s’ouvrira davantage.
    - Mon père était officier de l’armée populaire, s’exclame-t-elle, je suis officier de l’économie de la Chine d’aujourd’hui. Trente ans de distance, et le tour est joué. L’on devient riche sans même sans rendre compte ? Est ce bien tout cela ? se demande-t-elle alors.

  • Pan E

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    Lorsque je l’ai rencontrée pour la première dans l’effrayant chahut de la Brasserie Chartier à Paris, j’ai aussitôt aimé la sagesse de son regard, cette manière de tout observer avec discrétion, avec pudeur.
    L’âme sereine, Pan E a toujours le mot juste.
    Tolérante, elle accompagne ses amis jusqu’au bout de leur peines.
    Le cœur généreux, nullement songe-t-elle à accabler l’un plutôt que l’autre.
    Elle s’émeut de leurs larmes.
    Elle les encourage à maintenir leur cœur vaillant, enlacé dans de beaux souvenirs, loin d’idées de revanche.
    Glisse parfois sur son visage une onde de tristesse, une inquiétude comme un besoin de comprendre.
    Le souvenir d’un homme aimé, s’en allant aux abords du Mont Fuji.
    Un homme, cet autre, si loin.
    Une larme dans son cœur.
    Dans toutes les larmes s'attarde un espoir, soupire Simone de Beauvoir.
    La silhouette filant doucement à l’horizon, Pan E trace son chemin comme si elle formait le souhait de vivre dans un monde plus doux, plus heureux.

  • Zhou Weihui 周衛慧

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    Comme j’avais beaucoup aimé son roman, Shanghai Baby (上海宝贝), je suis allé à sa rencontre pour la féliciter.
    Je voulais le dire a quel point j’appréciais le personnages de Coco lequel à travers son comportement et sa famille illustre parfaitement les contradictions de la chine contemporaine.
    Mélange de sexe, de drogue au risque d’un monde interlope.
    “ Vous savez, m’a t-elle dit, j’ai eu beaucoup d’ennui avec ce livre. Beaucoup d’exemplaires sont partis en fumée. Mais, comme il est toujours possible de renaitre de ses cendres, j’ai récidivé et je récidiverai toujours et inlassablement.
    Telle une pluie ne s’interrompant jamais. »
    Le soir même, j’ai poursuivis la lecture Wo de Shan (我的禅) plus doux tout de même que le précédent.

  • NE PAS DIABOLISER LA CHINE !

    Là, gisant sous nos pieds, le venin se répand.
    Tout doucement s’insinue dans l’opinion l’idée que la Chine est un pays hostile, la charge s’invitant bientôt dans les campagnes électorales.
    Que lui reproche-t-on exactement ?
    De laminer nos industries dont certaines sont moribondes depuis longtemps ?
    De détruire l’emploi ?
    De laisser exsangue nos économies ?
    De porter atteinte à notre modèle social ?
    Par delà le factum, levons le voile sur une hypocrisie.
    D’aucuns pays ne souhaiteraient pas connaitre le développement économique de la Chine ?
    Que ces thuriféraires fassent preuve de cohérence !
    Si d’aventure ils envisagent une mondialisation à géométrie variable, qu’ils dénoncent alors toutes les déclarations onusiennes favorables au développement et ainsi de la marche inexorable du monde !
    Comment reprocher à une nation naguère famélique de s’en sortir ?
    Cette civilisation par cinq fois millénaire prend une revanche sur l’histoire.
    Elle s’y accomplit avec une volonté dont beaucoup de pays gagnerait à s’inspirer.
    Certes le pays n’a pas choisi le modèle démocratique mais quiconque le connaît mesure la détermination des pouvoirs publics à augmenter le niveau de vie de sa population. Assumant les tâches régaliennes, l’Etat donne le rythme, rectifie les débordements tout en laissant libre cours à l’initiative privé.
    Cet engagement rappelle celui de l’Etat Français au lendemain de la guerre ou au début des années 60.
    Tout doit être fait pour améliorer le menu quotidien et abolir l’apostrophe trop souvent entendue sur les bords du Chang Jiang : « qu’as-tu mangé ce matin ? »
    Francois de la Chevalerie, 2007

  • Junma

    Mi appellido Chino es Junma (Bonito caballo). En lo presente, asumo el cargo de director de dos empresas : CHINA MESSENGERS, la cual se dedica al manejo de proyecto de montajes industriales en el ámbito del sector ambiental y las energías renovables y PANEUROCHINA, la cual desarrolla técnicas de valorización para los sedimentos, sanos o contaminados (barro de mar) y su explotación con el fin de fabricar materiales de construcción. Las dos compañías están ubicadas en Tianjin. Adicionalmente, soy miembro fundador de d'IR & Amiante (IR & Asbestos), corporación Industrial especializada en el tratamiento y la inertización de amianto (www.iramiante.com). Por fin, animo la Secretaría General del Fondo de Tecnología Itgium (www.itgium.com).

  • Mexico & China

    La comunidad Mexicana en Tianjin es poca numerosa a pesar de que su población esta estimada a 12 M de habitantes con un PIB parecido igual al de la Ciudad de México. Se cuenta algo como 10 personas, la mayoría estudiantes (Tech de Monterrey) y unos aventureros procedentes de Nogales (algo sospechoso). Debido a mis conexiones mexicanas, en una reunión en el Hotel Astor, el grupo me nombro : “Delegado de México en Tianjin”. Recibí el nombramiento con honor y orgullo aunque desconozco las tareas que el cargo requiere. Sin embargo, hemos decidido de festejar el evento con cerveza “Corona” la cual se vende por todos lados en China.
  • Méta

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  • Tianjin

    Résidant à Tianjin (天津) et à Qingyuan (清远 ), Province du Guǎngdōng (广东), je suis un entrepreneur (qǐ yè jiā 企业家) passionné par l’environnement, notamment, le recyclage des sédiments et la gestion des risques sanitaires.
    Au delà de mes activités professionnelles, je suis tombé amoureux (ài shàng 爱爱上) de la Chine dont j'aime parcourir les villes et les campagnes à la recherche du moindre secret, d’un bel éclat, m’en allant à l'aventure (mào xiǎn 冒险).
    Mon nom chinois est jùn mǎ (俊 马).
    Légère coquetterie dans le choix des mots, en Français : élégant ou gracieux cheval.

    François de la Chevalerie

  • Tianjinaise, Modernité (时新)

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    Regard de velours, la Tianjinaise compose avec une gentillesse naturelle jamais feinte. Le mot juste, elle trace d'heureuses perspectives.

  • Dèng Lìjūn 邓丽君

    Dèng Lìjūn 邓丽君

    Le regret de ma vie est de ne pas l’avoir rassurée en 1992 devant l’église de Saint Germain des Près.
    N’avais-je pas compris que sa voix chaleureuse et douce allait porter l’âme de la Chine encore pour de longues décennies ?
    Brutalement, ce jour là, son visage se glace d’effroi.
    Elle reprend sa respiration, baisse légèrement la tête, les yeux fuyant.
    Glisse une larme sur sa joue.
    Une autre encore.
    Elle pose délicatement sa main au visage, cherche à réprimer une soudaine tristesse.
    Ce mot de Simone de Beauvoir:
    "Dans toutes les larmes s'attarde un espoir".
    Ma belle endormie, je l’aime toujours, sa voix, sa beauté, ce goût à la vie.

  • Sòng Qìnglíng 宋庆龄

    Sòng Qìnglíng

    Sòng Qìnglíng, Madame Sun Yat-sen, deuxième épouse du Père de la Chine moderne offrait une beauté sage telle que je les aime.
    A la mort de ce dernier, a-t-elle conçu une affection particulière pour Israel Epstein et Edgar Snow, deux fervents soutien de la révolution chinoise ?
    Dieu seul le sait mais si d’aventure j’avais été dans les parages, je lui aurais dit :
    « L'amour de la patrie est notre Loi. (Amor patriæ nostra lex).
    Mère de la Chine moderne (guomu), elle a accompagné le peuple de Chine dans ses heures sombres et de gloire.

  • Actualités

  • Zhang Zhixin 张志新

    Zhang Zhixin

    Vraie marxiste mais dissidente dans les années sombres de la révolution culturelle, elle a condamné sans relâche l’idolâtrie maoïste, la dérive d’un potentat.
    Pour avoir exprimé librement son opinion, elle a été emprisonnée pendant 6 ans (1969 à 1975), torturée, puis exécutée par décapitation.
    Comment la Chine pourra-t-elle se remettre d’une telle honte ?
    Comme ma tante Edith de la Chevalerie, c’est une femme exemplaire digne de toutes les louanges, un exemple.

  • Zhang Jingchu 張靜初

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    - Pourquoi diable as-tu changé ton prénom ? Jing, ceint en or, n’est ce pas le plus merveilleux des prénoms ? interroge-je.
    - Jingchu, c’est le mien dorénavant, ceint en or, en argent, en bronze.
    Diplômée de la fabuleuse Central Academy of Drama de Beijing, (Zhōngyāng Xìjù Xuéyuàn), Jingchu enchaine les rôles.
    Inquiète, l’âme en peine, luttant contre des hommes, des lâches.
    Belle toujours.
    Bientôt elle est portée aux nu par Time magazine, belle Asia's Heroes de notre temps.
    Je l’interroge encore :
    - Est ce de trop tout cela lorsqu’on se meut encore dans la jeunesse ?
    Se dresse un sourire sur son visage.
    - Je me souviens de mon premier cours de diction, me dit-elle. Ces mots...
    Je reconnais la trace de mes premiers feux
    (Agnosco veteris vestigia flammæ, Virgile, l’Énéide)
    De mes feux mal éteints j'ai reconnu la trace
    (Racine, Andromaque)

  • Gāo Yuányuán 高圆圆

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    Autodidacte, Gao fait ses premiers pas dans une comédie de pâle facture, Spicy Love Soup. Normalement, elle aurait du disparaître derrière la rampe comme chaque année dix mille actrices de peu de talent.
    C’était sans compter avec son imparable fraicheur, une nature douce, loin du jeu par trop calculé des starlettes hongkongaises.
    En 2002, elle s’emploie merveilleusement bien dans le rôle de Zhou Zhiruo pour la série télévisée The Heaven Sword and Dragon Saber.
    En 2005, elle étonne dans le film de Wang Xiaoshuai, Shanghai Dreams qui remporte le Prix de Jury. Elle se fait encore applaudir avec Jackie Chan dans le film Rob-B-Hood
    Vient alors la grâce, elle joue Mlle Jiang dans le film City of Life and Death (南京!南京!, Nanjing, Nanjing) qui raconte l’histoire des troupes japonaises se livrant à un terrible massacre à l'encontre des civils chinois.
    Portée désormais vers la gloire, la belle Gao !

  • Shu Qi 舒淇

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    Pour accéder à la notoriété, un choix douloureux s’impose à toute jeune ambitieuse, originaire de Taiwan, sans nom, sans relation.
    Quelque temps durant, il faut prêter son corps, se mettre dans l’ambiance.
    Aussitôt dans les rangs, Shu Qi fait merveille dans « Love is not a Game, But a Joke ».
    Plus tard, je la retrouve dans « Millennium Mambo » et « Three Time »s où elle excelle.
    Un dimanche matin, je la rejoins sur l’Avenue of Stars (星光大道) dans le quartier de Tsim Sha Tsui à Hong Kong.
    Sortant d’un festival de cinéma dédié aux stars hollywoodiens des années trente, avant que je ne l’interroge, elle s’exclame :
    - Made it, Ma ! Top of the world !
    Je suis laissé sans réponse, médusé.
    - James Cagney, White Heat !

  • Zhào Wēi 赵薇

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    Lorsque je l’ai vue pour la première fois dans le rôle de "Little Swallow" (小燕) dans la série télévisée Princess Pearl (还珠格格) en 1997, j’ai été surpris par la simplicité et l’efficacité de son jeu.
    Alerte et généreuse dans l’expression de son talent.
    Pareillement, sa voix est heureuse.
    Dans son album Swallow, elle chante avec élégance
    Son talent est tellement reconnu qu’il lui suffit de réciter seulement 25 lignes dans l’heureux film « Les Guerriers de l'empire céleste » pour devenir l’Artiste féminine la plus populaire de Chine.

  • Gigi Leung

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    Quelle audace pour une totale de l’inconnue de se lancer dans l’arène violent du show biz avec un album au titre si narcissique sur Love Myself (1996) 愛自己 ?
    Elle assume élégamment cette impertinence.
    - Comment ne pourrais pas m’aimer ? N’est ce pas mie vie que je porte dans mon corps. Si je ne m’aimais pas ou en serais-je aujourd’hui, Meurtrie, dans le sang ?
    Défense imparable dont elle titre un beau sourire.
    La voilà s’exposant dans vingt films, enchainant les albums, cette grande fille s’offre tous les genres.
    Je l’arrête sur son chemin.
    - Attention, Gigi ! Tu souffres d’un asthme chronique. Je ne souhaite pas que tu sois emportée par le même sort que celui qui a arraché à la vie mon adorée Dèng Lìjūn.
    Gigi regarde alors vers le ciel.
    - Quand le moment sera venu, je me laisserai emporter, doucement, sans hâte.

  • Faye Wong 王菲

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    D’abord, une inquiétude.
    Elle fait la une de Time Magazine.
    Aurait-elle la grosse tête, enflée à jamais ?
    Agréable objet à l’usage des médias occidentaux à la recherche d’une icône chinoise bon teint, plutôt jolie, prêtant sa voix sensuelle à de belles chansons.
    Je la croise, l’interroge.
    Elle retient ses larmes.
    Une chanson file entre ses lèvres.
    Elle raconte la naissance de sa fille.
    - Comme le temps avance inexorablement, je ne verrai plus la lumière dans 50 ans mais ma fille sera toujours de ce monde, portant la mémoire de sa maman.
    Je la taquine alors.
    - La présence sur Terre le temps d’une vie, est-ce bien utile ? N’avons nous pas mieux à faire en restant dans l’au-delà ? Que d’infortune pour une musique connue, celle d’une mort annoncée ?
    Elle porte alors son regard sur une affiche qui domine son appartement.
    Des enfants à l’air hagard, le visage en sang, sous les décombres d’une maison.
    Le souvenir de l’effrayant tremblement de terre du Sichuan (2008).
    - J’ai chanté pour eux. Lorsque j’ai vu sur leur visage glisser un sourire, je me suis dis que mon existence avait un sens.

  • Yuan Quan

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    Comme j’ai beaucoup aimée dans le film The Last Tycoon (2012 film) de Wong Jing où elle s’imposait, toute flamme tout feu, dans le rôle de la redoutable patronne de la triade de Shanghai dans les années 30, je lui ai écrit pour la féliciter.
    Elle m'a répondu, le ton de la voix inquiet.
    - Penses tu que je puisse en retirer une bonne réputation ?

  • Zhou Xuan 周璇

    Zhou Xuan

    Jolie Jade, son nom, offre une silhouette gracieuse, un charmant profil.
    Je l’ai revue au moins dix fois dans le film Les Anges du boulevard (馬路天使, malu tianshi) avec toujours une même question : comment le destin a-t-il donné vie à une femme aussi sublime ?
    Jamais Jolie Jade ne reçut de réponse, ses parents biologiques lui furent toujours inconnus.
    Je l’aimerais toujours, chantonnant à l’infini, Ye Shanghai.
    Morte trop jeune, s’en allant doucement vers l’autre monde.

  • Wei Wei 韦唯

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    Il est toujours dangereux de se frotter avec une icône nationale, une Madame aux mille chansons dont le si beau Today is Your Birthday utilisé comme thème de la fête nationale chinoise.
    Lorsque je la rencontre à Hohhot, en Mongolie intérieure, ville de sa naissance, je cherche mes mots, la voix légèrement tremblante.
    Elle me rassure par un sourire puis elle m’interroge :
    - Ai je le droit de dire la vérité ?
    J’acquiesce favorablement.
    - Je suis heureuse d’être chinoise comme je suis fière de mon pays, de mon peuple, de mes ancêtres et de tous ceux qui me succéderont sur une Terre que j’aime tant.

  • Tianjin : Population & Etrangers & Religions

    POPULATION : 13 000 000 dont Han (97.29%), Hui (1.75%), Manchu (0.57%)
    DENSITE : 980/km² -
    ETRANGERS A TIANJIN : Ce n'est pas une ville cosmopolite. La présence des étrangers est très faible. Selon le bureau de l'Etat Civil de Tianjin, en 2011, la répartition serait peu ou prou la suivante : Coréens (12000), Philippins (7000), Indiens (4000), Russes (3000), Américains (1500), Australiens (1000), Kazakhs (600), Allemands (550), Ouzbeks (400), Japonais (350), Italiens (250), Malaisiens (200), Canadiens (180), Thaïs (150), Indonésiens (150), Anglais (135), Néo Zélandais (100), Vietnamiens (100), Pakistanais (100), Iraniens (100), Angolais (100), Nigérians (100), Néerlandais (120), Français (90), Brésiliens (70), Belges (50), Mexicains (10)
    RELIGIONS A TIANJIN : sans religion (6 millions), bouddhistes au sens large avec des pratiques bouddhistes (2 millions), religions chinoises notamment taôistes (1 million), musulmans (Hui 200 000, Ouïghours 20 000), protestants (80 000), catholiques (50 000), juifs, essentiellement des étrangers (100)

  • Mon équipe de Sumo

    Tanggu

    En 2009, j’ai fondé l’équipe de SUMO de Tanggu 相撲 塘沽区.
    Rapidement, s’est constituée une petite équipe soudée autour de vaillants gaillards, indomptables et au cœur généreux.
    Avant l'affrontement, les lutteurs chassent les esprits en frappant le sol avec les pieds, après les avoir levés très haut.
    Puis, en signe de purification, ils prennent une poignée de sel et la lancent sur le cercle de combat.
    Débute alors la charge sous de belles masses.
    Mon équipe a tenu ses promesses, gagnant par deux fois (2011 et 2012) le tournoi des Clubs Sumo de Tianjin.

  • Sanmao 三毛

    San Mao

    C’est sans doute l’un de mes plus grands bonheurs de lecture de la littérature chinoise contemporaine.
    J’ai adoré les chroniques du Sahara (Sāhālā de gùshi) où elle raconte ses 13 années de vie dans le désert, suivant les traces du père de Foucault.
    C’est un monument de poésie et de rêves, bien avant que cette terre “miraculeuse” soit envahie par des bandes barbares.
    Du coup, emporté par ses rêves, j’ai lu la biographie qui lui est consacrée Sanmao de meng yu renshen (Le Rêve et l'existence de Sanmao).
    Puis le rêve, un effroyable jour de l’année 1991, s’est fait triste.
    San Mao a été découverte morte, suicidée et assassinée.
    Je suis aller prier pour cette femme qui m’a tant donnée sur le temple taôiste du mont Heng Shan (衡山), recevant une partie de ses rêves.

  • Maggie Cheung Man-yuk 張曼玉

    Maggie-Cheung

    Miss Hongkong en 1983, tout le monde déjà chérissait son regard, la beauté de ses traits, cette douce légèreté.
    Voilà qu’elle accomplit son destin dans l’un des plus beaux film chinois, Huāyàng niánhuá (in the mood for love) incarnant Madame Chan, tellement esseulée qu’elle s’éprend d’un autre solitaire.
    Nait alors l’un des plus beaux couples du cinéma.
    Silence, nous devons faire silence devant tant de sincérité, de discrétion.

  • Le dialecte de Tianjin – le Tianjin hua

    A Tianjin, il n’existe pas à proprement parler de dialecte local mais plutôt un accent très accentué, délibérément nasillard. De nombreux mots sont souvent affligés d’un « ar » s’étirant et selon tonalité basse. Du coup, lorsqu’on arrive pour la première fois à Tianjin, vient cette curieuse impression de se trouver quelque part entre Kansas City et Omaha. Par rapport au Beijing Hua, les différences sont mineures sauf pour le premier ton. Très marqué à Beijing, il se déclame à Tianjin selon une note plus basse.
    Vous comblerez ou amuserez vos amis Tianjinois ou Tianjinais en parlant avec quelques tonalités locales, témoignage de votre adaptation, voire de votre enracinement à Tianjin.

  • Danqing Huang

    Danqing

    Originaire de Dianbai, Danqing est l’âme de Guangzhou.
    Femme d’affaire très active, dotée d’une belle énergie, elle navigue avec célérité parmi les villes du Guangdong.
    Chaque fois que je la croise, elle lâche un doux sourire puis s’exclame :
    «Le ciel est ouvert à ceux qui ont des ailes (Alta alatis patent)»

  • Quelques dates

    1860, le traité de Pékin ;
    1870, le saccage de l'orphelinat français ;
    1928, apogée de Tianjin ;
    1937, l'armée japonaise occupe les concessions ;
    1943 à 1945, les concessions dissoutes ;
    15 janvier 1949, Tianjin est libéré par l'armée de libération populaire ;
    Depuis 1984, renouveau de Tianjin.

  • Personnages célèbres de Tianjin

    Chinois (Seigneurs de guerre, Zhou Enlai, Puyi, Dai Xialong, Wen Jiabao)
    Occidentaux (Gustav Detring au service de Li Hongzhang, Herbert Clark Hoover, futur Président des Etats-Unis (l’American Barracks), France (Teilhard de Chardin)

  • YANG Liping 杨丽萍

    Yang Liping

    Quelle drôle d’aventure, la vie !
    La première fois, j’allais à reculons voir sa chorégraphie "Dynamic Yunnan".
    Tout grognon, soupirant d’ennui.
    Divine surprise ! Rarement ai je été autant bousculé dans ma vie !
    Le rideau tombant, j’applaudissais à tout rompre l’épopée des 26 tribus du Yunnan.
    Le lendemain, reprenant mes quartiers dans la même salle de spectacle, je l’applaudissais plus encore
    Ce soir là, je me faufilais dans les coulisses.
    Je la retrouvais méditant devant un the Jasmin.
    - Puis je vous connaitre ? Demandais-je dans un sursaut.
    - Serait ce trop tôt ou trop tard ? Je n’ai plus l’âge à me faire fêter mais j’ai l’âge de comprendre.
    Je lui ai dit tout ce que je savais sur les entrailles du Yunnan, un bataillon de mots.
    - Le brouillard est parfois intense à Xishuangbanna, l’on ne voit pas l’on devine seulement.

  • Jane Zhang

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    Lorsque je l’ai vue chanter pour la première fois Huà Xīn (畫心; Painted Heart) musique tirée du film Painted Skin (畫皮), j’ai été saisi par le timbre de sa voix s’en allant vers de belles hauteurs.
    Lorsque je l’ai revue envelopper sur des notes longues la fresque musicale de Kitaro "Impressions Of The West Lake", je l’ai admirée, applaudissant à tout rompre, lançant sans compter des « Bravo ! ».
    Tout comme je me laissais alors surprendre par son regard où se mêlent tristesse et mélancolie.
    Sans doute Jade portera-t-elle longtemps sur son visage la douleur du divorce chahuté de ses parents alors qu’elle avait tout juste 13 ans.
    Peut être est-ce cette souffrance la raison d’une force inébranlable qui lui a fait gravir tous les échelons : première place dans la compétition vocale la plus courue en Chine devant plus de 400 millions de téléspectateurs (super girl), devenant l’invitée vedette du Oprah Winfrey" talk show, côtoyant même les Pink floyd.
    Dieu sait où les vents l’emporteront !

  • Yang Likun

    Yang Likun

    Danseuse et chanteuse, en son temps, on la surnommait la Judy Garland chinoise.
    Membre de l’ethnie Yi, elle est la neuvième d’une fratrie de onze enfants, ce qui lui vaut le surnom de "Xiaojiuer".
    Elle a joué dans de deux célèbres comédies musicales avant d’être totalement détruite par la révolution culturelle.
    Laminée à tel point qu’elle ne reviendra plus jamais sur scène.
    Pour ces deux raisons, je l’adore plus que tout – son talent comme son courage – et je me rends souvent sur sa tombe à Shanghai.

  • Yang Lan

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    Un tantinet taquine, chahutant surtout les hommes, Yang Lan se vante d’être la Oprah Winfrey chinoise.
    Bill Clinton et Henry Kissinger en ont fait les frais ne sachant plus comment répondre.
    Lorsque je l’ai aperçue pour la première fois bataillant l’argument, je l’ai trouvé séduisante mais aussi franchement autoritaire.
    Elle s’en est expliquée en m’assurant que pour réaliser ses ambitions, il lui fallait une poigne masculine.
    La voilà donc une décennie après, Présidente de la société Sun Television Cybernetworks établie à Shanghai et l’une des femmes les plus riches de Chine.
    Son rêve étant accompli, je l’ai de nouveau interrogée.
    - Me voilà mieux, je suis redevenue entièrement femme !

  • Shirley Wong

    Shirley Wong

    Lorsque je me suis rendu dans sa galerie à Guangzhou, j’ai tout de suite admiré l’œuvre de Shirley Wong, peintre et femme de lettre.
    C’est elle qui m’a fait connaître de nombreux auteurs chinois avec toujours ce même conseil : « Laisse toi porter une nuit durant par le silence des mots »

  • Yan Fengying

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    Elle est remarquable dans l’opéra de Huangmei, d’une beauté captivante.
    Je l’ai adorée dans le chef d’œuvre "The Cowherd and The Girl Weaver" où elle suspend sa voix presque vers l’infini.
    Elle est morte lorsque la vie tout juste s’emballe, à 38 ans, le plus bel âge pour une femme.

  • Jiang Qing 江青

    Jiang Qing

    Je suis sans doute le seul homme sur la planète à être tombé amoureux de celle qui fut la quatrième et dernière épouse de Mao Zedong.
    Femme de caractère, longtemps détestée en Chine, aujourd’hui presque totalement oubliée, je me lui laissé emporté dans mes rêves par une photo d’elle s’en allant tout juste dans sa vingtième année.
    - Comment peut on aimer un monstre ? demande un ami.
    - En arrêtant sine die le fil des années !
    Nous voilà en 1934, cette belle fleur croisant mon chemin, je l’aurais alors conviée à une bien meilleure partition que celle qui la conduite dans l’arène détestable du pouvoir et d'un prince rouge légendaire.

  • Gu Kailai

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    En 2000, un ami m’appelle, la voix fiévreuse.
    - je sais qu’elle est la Jackie Kennedy Chinoise !
    Il s’épuise alors dans une salve d'épithètes tout à l’honneur de Gu Kailai.
    Puis il me convie à Dalian.
    Je suis aussitôt ébloui par une silhouette gracieuse, le tailleur moulant, un foulard de soie glissant légèrement sur la nuque.
    Une gestuelle sobre, jamais de mouvements brusques, une sorte de discipline.
    Une belle dame que j’aurais plutôt dénommé la future Madame Tchang Kaï-Chek.
    Patatras !
    Le goût du pouvoir est une chose inique.
    En 2012, Gu Kailai est condamnée à mort avec une peine suspensive pour avoir fait assassiné un anglais.
    Figée, sans réaction, au Tribunal, elle est alors insensible à son sort, la mort ayant peut être déjà pris pleinement possession de son âme.
    Cependant, dans la déchéance, elle est toujours belle et élégante.
    Un irrésistible parfum de Jackie et de Sòng Měilíng.

  • Lou Jing

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    « Je suis chinoise », s’exclame Lóu Jìng.
    « De toute mon âme », ajoute-t-elle, la voix légèrement chahutée par l’émotion.
    Shanghaienne, Lóu Jìng fait souche sur Terre voici une vingtaine d’année, le visage empreint des belles couleurs de son père, homme noir d’Amérique et de sa mère, chinoise.
    En 2009, participant à une émission de variété, Lóu Jìng devient brutalement célèbre.
    De nombreuses voix s’étonnent alors que ce beau visage puisse être chinois, arrimé à une civilisation cinq fois millénaires.
    Vaguent des mots peu élégants.
    Du bruit venant souvent des mâles, la tête envahi par leurs démons.
    Au lieu de batailler contre l’absurde, Lóu Jìng rétorque simplement :
    "J’ai été élevée en Chine".
    Originaires du Henan ou de l’Anhui, ses amis s’appellent Li, Liu, Wang, Yang et Zhang, Lin.
    « Je remercie mes parents de m’avoir donné la vie. » ajoute-t-elle, son visage composant avec un beau sourire.
    L’on songe en silence a l’avenir.
    Dans quarante ou cinquante ans, son fils ou sa fille deviendra peut être le porte drapeau, la figure de la Chine d’alors
    Homme ou femme de ce monde.

  • Wǔ Zétiān

    Zu Weitan

    Malgré les critiques des historiens confucianistes, cette concubine a porté haut vers la lumière le flambeau de sa propre dynastie Zhou, seule impératrice de toute l'histoire de Chine.
    Avec des sourcils arqués comme des antennes de papillon, elle était autoritaire, cruelle en ses heures.
    Surtout une féministe avant l’heure bousculant des hordes d’homme, l’empereur Gaozong et sa troupe.

  • Mián Mián 棉棉

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    Dure a été la lecture des Bonbons chinois où Mián Mián raconte l’univers glauque de la drogue et du besoin frénétique du sexe de la jeunesse underground de Pékin.
    Je suis parfois aveugle, loin de penser que la jeunesse chinoise puisse être à ce point sur la dérive, voguant vers la déchéance.
    La raideur des romans Mián Mián détonne dans univers littéraire chinois plutôt lisse, glissant doucement.
    D’ailleurs, la plupart sont censurés.
    Du coup, je l’ai interrogée.
    « Mes romans me permettent de survivre dans un monde de brutes, dans cette Chine dont on parle de la puissance restaurée mais qui n’est qu’un amalgame d’intérêts individuels, une machine où l’homme compte à peine.
    Alors dans ces conditions, comment survivre ?
    Se perdre dans la drogue et le sexe ?
    Ou se perdre dans l’écriture. »

  • Lin Jing

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    Sylvie Lin Jing, son monde entre cinq paradoxes.
    Femme lettrée, dotée d’une forte sensibilité, elle nourrit l’espoir d’une existence banale et confortable, à l’ombre d’un mari quelconque, une vie sans âme.
    L’esprit romantique, souvent la larme à l’œil, elle s’abime dans de sombres colères sans issue.
    Femme d’une impeccable honnêteté, se gonflant parfois de mots à l’emporte pièce, elle pousse trop loin ses choix radicaux.
    Le verbe talentueux, elle refuse de s’en saisir, écrit peu ou rien, sommeillant plutôt à l'ombre des grands écrivains.
    Comblé par l'anonymat, elle ne veut pas entendre parler d'elle, s'aimant peut être trop peu pour être la plus belle.
    L’âge venant, tout cela confondu, disséqué et broyé, donne un merveilleux roman, "Meredith, my Uncreated 2050 Chinese girl".

  • Rebecca Xu

    Femme de Chine

    Originaire de Guangzhou, Rebecca conduit les destinées en d’une marque célèbre de vins espagnols en Chine. Oenologue renommée, c’est elle qui m’a appris comment gouter dignement un breuvage.

  • Hirondelle

    Hirondelle

    Elle s’appelle yàn (hirondelle), elle chante merveilleusement le répertoire de ma bien aimée Deng Lijun.

  • L’opinion d’un Mexicain sur Tianjin

    Tianjin est une ville géante et moderne traversée par d'immenses avenues.
    Ici, toutes les distances sont démesurées.
    La sortie des bureaux est un spectacle étourdissant.
    Des millions de vélo et de voitures déboulent de partout, n'importe comment, sans la moindre règle !
    L'on évolue à contresens.
    De la droite l'on passe à gauche et l'inverse
    Tout semble permis.
    Croyez-moi, j'ai failli mourir cent fois mais heureusement la vierge Guadalupe me protège, moi le natif de Colima !
    L'on dit ici que les chinois conduisent comme ils mènent des affaires : à la moindre interstice, ils s'engagent.
    Qu'importe les dangers !
    A Tianjin, j'ai respiré a pleins poumons des odeurs variées de souffre, d'oxyde d'azote, de chlore, de mélange composite d'acide (la pollution a Mexico, c'est de la blague!).
    Les Chinois ne semblent manifester aucun intérêt pour les questions écologiques.
    Ils ont peut-être raison, la guerre économique est à ce prix ! Dans l'urgence, je me suis acheté un cache visage FPP3!
    J'ai l'impression d'être le seul “moreno”(bronzé) de la ville. Bizarrement, les chinois ne me dévisagent pas.
    Rien, pas le moindre regard.
    Même les filles ne s'y osent pas. Dommage !
    A Tianjin, pratiquement personne ne parle anglais.
    Je suis donc obligé de baragouiner quelques mots mais personne ne me comprend.
    A partir de demain, une étudiante va me donner des cours de langue.
    En échange, je vais lui préparer un Pozole, en égrenant le refrain de « la historia de un amor », style los Panchos.
    Les Chinois sont d'une impolitesse incroyable. Mais ils n'agissent jamais par méchanceté.
    Chacun doit trouver sa place dans cette pétaudière.
    Aussi, il ne faut pas craindre les bousculades, les débordements ! L'on se rue ici comme on peut !
    Les Tianjoinois sont plutôt gais et cordiaux. Ils n'ont pas l'air malheureux, plutôt débordants de vie.
    Tianjin est une ville sure.
    Très peu de policier, des voitures que l'on ne ferme pas, aucune porte close.
    Que c'est agréable !
    Mais demain je retourne à México, je suis déjà sur les nerfs !
    Pépé Gomez de Uriarte, 3 décembre 2009

  • Les chinois et le racisme en France

    Comme les autres asiatiques, les chinois répugnent à descendre dans l’arène.
    Discrets, profil bas, ils font rarement entendre leurs voix.
    De surcroît, ils protestent peu contre les discours ambiants hostiles à la Chine.
    Quand ils s’affirment, ils agissent doucement, à mots comptés.
    Ils rapportent alors leur opinion sans chercher nécessairement à réajuster celle de l’autre.
    Nullement n’ont-ils à souhait d’en découdre.
    Nullement s’emportent-ils gratuitement.
    Aucun mot en trop, de mot inutile.
    Depuis plusieurs années, à Paris, le chinois est la cible désignée des voleurs dont beaucoup opèrent avec une rare violence. Supposé nanti en argent liquide, il serait un morceau de choix. Le chinois, l’argent.
    Donc une race et son prétendu attribut.
    L’année dernière, les chinois s’étaient émus de cette situation, exigeant plus sécurité.
    Une année s’est écoulée sans progrès, culminant avec la mise en coma de l’un des leurs.
    Déçus par l’absence de réponse des pouvoirs publics, ils ont repris le chemin de la rue en se drapant de l’étendard français et en scandant les principes de la République.
    Ils s’y sont prêtés courageusement en prenant le risque de s’attirer les foudres de l’Ambassade de Chine.
    Fort active, celle-ci ne goute guère aux manifestations publiques de ses membres.
    Qu’importe !
    Les chinois de Paris ont fait confiance à la liberté de s’exprimer qu’ils ont acquise en France. Sans déraper. Nullement n’ont-il placé ce rendez vous sous l’angle d’une confrontation communautaire alors que leurs agresseurs n’en font pas mystère. Nullement n’ont-ils blâmé la France.
    Pourtant, lors de ce défilé, ils étaient bien seuls. Entre eux presque uniquement. De-ci delà, des amis, quelques conjoints. Peu de solidarité comme si cette cause ne pouvait suggérer l’émotion.
    Aucune association anti raciste, aucune figure politique ne s’était jointe.
    Le peu d’enthousiasme à les soutenir ne suggère-t-il pas l’existence de discours ambivalents ?
    D’associations antiracistes justifiant ainsi leur existence mais indisponible dès lors que le fait rapporté pourrait gêner aux entournures une autre communauté, celle-là plus turbulente sur la place publique.
    Est-il possible de tolérer pour les uns ce que l’on envisage pas pour les autres ?
    De politiciens se donnant bonne conscience, tantôt se voilant la face, tantôt agissant, comme pour mieux s’exonérer de l’obligation de s’investir réellement sur le sujet, indistinctement de la race, loin des convenances.
    De politiciens encore qui sous prétexte de lutte contre la mondialisation accable la Chine de tous les maux alors que ce pays fut-il important participe comme d’autres à la relève de l’Occident : l’Inde, le Brésil, le Vietnam, les pays du golfe, l’Afrique du Sud et beaucoup d’autres.
    Bien plus que la moitié de l’humanité !
    Quel est donc cet étrange dessein consistant à faire du chinois l’unique bouc émissaire ?
    Ceux là mêmes qui s’y emploient, n’ont-il pas en mémoire d’affreux souvenirs ?
    Ceux là mêmes ne sont-ils pas devenus les meilleurs alliés de voyous racistes qui sévissent, le plus souvent impunis ?
    D’un politicien enfin qui s’étourdissant dans des formules vante un axe black blanc beur contre les chinois.
    De ce drôle d’artifice à géométrie variable, il se pourrait bien que l’anti-racisme souffre d’un manque d’harmonie en France.
    François de la Chevalerie (Tianjin) et Jing-Chao Zhao-Emonet (Paris)
    Juillet 2011

  • La question des visas entre la France et la Chine de François de la Chevalerie (Le Journal le Monde 04.08.2010)

    Longtemps, la France était la destination rêvée des chinois. Telle une exigence, chacun se devait un jour de visiter ce pays ami. Comme s’y accomplirent, au temps de leur jeunesse, Zhou Enlai et Deng Xiao Ping. Depuis que la France a été le premier pays occidental à reconnaître la Chine populaire, une amitié sincère liait les deux pays. Presque une histoire sentimentale comme s’en amusent les chinois en qualifiant les français de romantique. Ce mot léger recouvrait une réalité. D’emblée, les chinois aimaient la France.
    Déjà l’épisode de la présence française aux jeux olympiques avait sonné le glas d’un compagnonnage. Depuis, la mauvaise humeur persiste.
    Le souhait de tout chinois étant de se rendre en France, les restrictions apportées à l’octroi des visas bousculent les meilleures volontés. Sans doute doit-on traquer les clandestins mais ce choix nourrit inévitablement la suspicion. Avant de fouler la France, chacun doit montrer patte blanche. Des lors beaucoup se rendent aux consulats, la peur au ventre. Ce sentiment existe ailleurs mais en Chine il se double d’une honte, d’une défaite. Qui plus est, l’accueil parfois mitigé réservé dans les aéroports français aux Chinois conforte ce trouble. Selon que la silhouette dérange, certains sont questionnés. Bientôt soupçonnés.
    S’ajoute une rumeur, la France serait un pays dangereux. Du Shanxi au Hunan, des images circulent, des compatriotes s’y feraient détroussés. Méconnaissant la langue, habitués à vivre dans un pays où le vol est rare, ils sont des proies faciles. Se croyant en confiance, ils arpentent les rues, l’âme légère. Les méfaits dont ils sont l’objet chahutent désormais ce sentiment. Telle est l’opinion des franco chinois de Belleville, victimes d’une délinquance à caractère ethnique. Jugeant leur dynamisme commercial par trop voyant, les édiles parisiens ont souvent prêté une attention distraite à ce problème. Les exactions s’aggravant, les chinois sont descendus dans l’arène. Tel un signe de désespoir pour une communauté discrète, peu rebelle.
    L’image de la France se brouille plus encore avec l’apparition de discours hostiles. Selon certains, la Chine ne jouerait pas le jeu. Sans foi ni loi, ce pays étranglerait l’économie mondiale. Bientôt, responsable de tous les maux ! Certes l’émergence de la Chine perturbe mais les vrais responsables ne sont-ils pas à rechercher ailleurs ? Au nombre, des grandes entreprises avides de rentabilité, délocalisant a tout va ; des politiques privilégiant le maintien du pouvoir au prix d’importations à bas coûts ; un recours massif à l’endettement pour tenir dans les cordes.
    Mauvaise conseillère, la mauvaise humeur se propage en Chine. Déjà sourcilleux, son nationalisme économique n’est plus toujours bienveillant. Comme en témoignent des mesures récentes discriminant les entreprises étrangères, donc l’étranger. S’ajoute un semblable raidissement dans l’octroi des visas. Oeil pour œil, dent pour dent ! Triste musique !
    S’installe une ambiance délétère. L’amitié se meut en un doute. Après tout, peut être est il normal que le couple franco chinois s’affranchisse d’une relation particulière, chaque pays se recroquevillant derrière ses seuls intérêts ? Peut être est-ce logique que la France épouse la position du camp occidental et la Chine, celle d’un militantisme nationaliste ? Seulement voila, poussée a l’extrême, cette approche est dangereuse. L’on ne sait jamais quand s’arrête le chacun pour soi ! Plutôt que cette pale perspective, mieux vaut s’employer à restaurer cette confiance. Sans fausse naïveté, sans compromission, sans interdit mais en jouant d’une singularité, celle de deux pays amis, soucieux de construire ensemble.

  • Vivre à Tianjin

Juifs en Chine, l’exemple de Tianjin

Posté par ITgium le 26 avril 2011

Les articles de jùn mǎ alias François de la Chevalerie sur cette page :

(1) Histoire sommaire des juifs de Tianjin ?

(2) Une communauté soudée

(3) Loin des troubles, un monde paisible

(4) Apport des juifs à Tianjin

(5) Témoignage de Renée Fuks, ressortissante Belge

(6) Le Président Liú Shàoqí était-il juif ?

Juifs en Chine, l'exemple de Tianjin dans Présence Juive en Chine p10201371-300x225

Synagogue de Tianjin

(1) Histoire sommaire des juifs de Tianjin

Installation

Pourchassés par les pogroms, dès la fin du XIXème siècle, des marchands et des ouvriers d’origine juive (yóu tài rén), principalement originaires de Pologne, entreprirent alors le long chemin depuis les plaines de l’Europe Centrale jusqu’en Mandchourie.

La plupart firent souche à Harbin.

D’autres prolongèrent vers les villes côtières. Certains s’installèrent à Tianjin constituant, dès la fin du XIXème siècle, le premier embryon de communauté juive de la ville, alors dénommée Tienstin.

A cette immigration, s’ajoutèrent dans les années 20, quelques dizaines de bolchéviques lesquels emmenés dans les bagages de Maksim Litvinov, Commissaire aux Affaires Etrangères de l’URSS, remplissaient alors le rôle de coopérants politiques ou, mieux nommés, de camarades du peuple frère.

Si la plupart d’entre eux étaient juifs aucun n’en faisait état. Seul leur nom suggère cette appartenance.

Certains membres de la communauté juive de Chine étaient également issus du Bund, mouvement socialiste juif créé à la fin du XIX siècle dans l’Empire de Russie.

 

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Juifs de Tianjin

A Tianjin, d’après les archives historiques de l’Université de Nankai, l’on perçoit une vague attention de créer un bureau local du Bund. L’initiative restera lettre morte.

Il semble bien que l’ardeur révolutionnaire s’affaiblisse à mille encablures des plaines de l’Europe centrale.

A ces mouvements, vinrent s’adjoindre une poignée juifs installés autoritairement dans le Birobidjan, un Etat supposé juif aux confins de la Sibérie, surtout une création artificielle de Staline.

En 1928, date de l’apogée de Tienstin, la communauté juive comptait près de 4000 membres avec une activité sociale très diversifiée s’appuyant sur de nombreux clubs d’animation dont le fameux “kunst” club créé cette même année.

En 1929, prend naissance l’Orchestra of Noise, longtemps célébré comme la meilleure formation musicale de la ville. La pratique du sport est aussi particulièrement poursuivie. Mention doit être également faite aussi du Jewish hospital.

(2) Une communauté soudee

Contrairement à Shanghai dominée par de puissantes familles sépharade issues de l’Inde et l’Irak, la communauté juive de Tianjin est exclusivement d’origine Ashkénaze et de langue Yiddish.

Dans cette ville, tout oppose en apparence les coopérants communistes aux réfugiés.

Au son du Kominterm, les premiers en appellent à l’internationale socialiste, s’entêtent dans des débats sans fin sur la production et le capital leur présence.

De leur côté, les seconds souhaitent une vie meilleure à l’abri des violences qui sévissent en Europe Centrale.

Dans la minute d’une réunion de l’Association d’entraide juive de Nankai, l’on retrouve les termes d’un débat à l’allure plutôt surréaliste. « Il faut lever les masses chinoises, déclare un certain Igor Zelman, combattre partout l’hydre féodal ! »

Peut-être songe-t-il aux Seigneurs de Guerre Chinois ?

Il est aussitôt contredit par Daniel Lieberman, un actif commerçant de la ville, qui l’invite à ouvrir une échoppe de fourrures. Les deux hommes s’empoignent alors amicalement pour conclure à une évidence. Vivant en Chine, ils admettent qu’ils ont peu de prise sur l’engagement militant des chinois.

Avec les années, les mariages aidant, les Bolchéviques rentreront dans le rang. Dans les archives de l’université de Nankai, parmi les délibérations d’associations sportives de la communauté, on s’amuse à lire qu’un certain de Nathan Bervith, ardent communiste et dépositaire de l’antenne du Bund à Kazan (Ukraine) s’est entiché de Hannah Zilberg, fille d’un horloger, originaire de Bialystock.

« C’est un mariage hors normes, dit le commentaire. Pourvu qu’il (Nathan Bervith) s’implique davantage dans le maintien de sa maison que dans un interminable engagement de la pensée ! »

Toutefois, parmi les communistes d’origine, nombre d’entre eux resteront fidèles à leur idéal.

Certains apporteront un indéniable concours au mouvement communiste chinois.[1] Sòng Qìnglíng, Madame Sun Yat-sen, deuxième épouse du « Père de la Chine moderne » leur en sera toujours gré comme elle rapporta à plusieurs reprises à Israel Ipstein.

DEUX FAMILLES

A Tientsin, à l’égal des Sassoon à Shanghai, deux familles, les Bernstein et Zondovitch se distinguent particulièrement.

Fortes de leurs activités florissantes et diversifiées, elles jouent un peu le rôle de juge de paix de la  communauté, notamment, en organisant maintes manifestations.

(3) Loin des troubles, un monde paisible

Durant la période sombre qui s’abat en Europe, la communauté juive de Tienstin vit des heures paisibles.

« Alors que nos frères vivaient le martyr, à Tianjin, nous ne souffrions d’aucune turbulence » souligne Harry Rozents, originaire de Pologne. « Certes nous avions des échos de ce qui se passait sur la Vistule mais comme ici nul ne nous molestait, nous n’y pensions pas trop. ».

« A l’époque, ajoute-t-il, les chinois n’avaient absolument aucune perception particulière à l’égard des juifs. Nous étions indistinctement des wài guó rén (étrangers) comme l’étaient aussi les allemands résidants à Tianjin ».

Malgré l’invasion Japonaise en 1937, la communauté s’y maintient pour l’essentiel. Aucun incident n’étant alors rapporté.

D’ailleurs, en 1938, la synagogue de Nanjing Lu est inaugurée en grandes pompes. « Chinois et juifs étaient de la fête » se souvient Harry Rozents.

Toutefois, plus que la place des traditions religieuses, c’est la culture Yiddish qui constitue le ciment de la communauté.

Avec l’avènement de la République Populaire en 1949, la plupart de ses membres émigrent en Australie ou aux Etats Unis.

Aujourd’hui, la communauté juive de Tianjin compte une centaine de personnes éclatées en diverses nationalités et dont l’extrême majorité n’ont pas de lien avec ce passé.

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Juifs à Tianjin

(4) APPORT DES JUIFS A LA VILLE DE TIANJIN

A Tienstin, l’apport de la communauté juive dans l’aménagement de la ville est considérable.

Pas moins d’un millier d’immeubles, construits entre 1860 et 1937, illustrent peu ou prou tous les styles d’architecture de l’Europe.

Cet incroyable patchwork rappelle le goût à l’universalité telle que l’envisage une certaine identité juive.

Au nombre des bâtiments, la synagogue de Tianjin (laquelle se trouve à un embranchement de Nanjing Lu) présente une façade extérieure post moderne, une audace pour l’époque. Après les années cinquante, le bâtiment a longtemps abrité un restaurant. Désormais restaurée, une association américaine entend lui restituer sa destination originale.

François de la Chevalerie

Octobre 2009

Sources : Archives de l’Université de Nankai

(5) Témoignage de renee Fuks, Ressortissante Belge

dont la famille a longtemps résidé à Tientsin, Renée Fuks rend compte de cette époque. 

Née dans cette ville en avril 1937, j’y ai vécu jusqu’en janvier 1947, date du début de notre voyage de « retour » (pour mes parents) en Belgique. Le 6 janvier 1947, j’ai dit adieu à mon grand-père paternel sur le quai de la gare de Tientsin.

D’origine juive polonaise, Hersh (ou Garry) Fuchs s’était établi très jeune en  Manchourie, puis en Chine. Il avait épousé, à Shanghai, une russe-juive rescapée du pogrom d’Odessa. Ils ont eu 5 enfants, mon père, étant le premier de leurs fils.

C’est en venant faire des études d’ingénieur en Belgique, que mon père avait rencontré et épousé ma mère, une liégeoise, de famille belge et catholique. C’est de ce mariage,  oh combien mixte, que je suis née. Maintenant, à  l’approche de mes 70 ans, je cherche à préciser et illustrer, si possible, mes nombreux souvenirs d’enfant.

Mes parents et moi-même, puis ma première sœur, née, elle, en 1944, habitions un immeuble moderne des années ’30, dans l’ancienne concession française, rue St Joseph, ou I Pin Da Lou (si je ne me trompe).

L’immeuble était précédé d’un jardin avec allées carrossables et flanqué, sur le côté d’une construction antérieure, en style mélangé de médiéval et de Tudor, qui était l’habitation du propriétaire, un français, Mr Loup.

Nous allions à la messe, ma mère et moi, à l’église St Joseph, tout au bout de la rue, près du fleuve. A l’âge de 5 ans, en septembre 1943, je suis allée à l’école « Municipale Française » (dirigée par un français d’origine corse, je crois, Mr Tomasini)

Mon grand-père avait une belle maison, qu’il avait fait bâtir en 1935, Taku Road, je crois. Blanche, à double perrons d’entrée, moderne, toit plat, entourée de jardins : je me demande ce que cette maison est devenue ? Il avait ses bureaux d’import-export non loin de là, mais plus près du parc anglais (Victoria Park ?) que nous traversions pour retourner chez nous.

Il avait aussi une usine de petits moteurs et de frigos, à la marque « Polar », mais je ne suis plus sûre de l’endroit où elle était, plutôt du côté de l’ancienne concession allemande, je pense.

Mon grand-père est mort à Tientsin en 1951 et enterré au cimetière juif de la ville. J’ai bien connu aussi la synagogue de Tientsin, pour y avoir accompagné ma famille paternelle à des fêtes et mariages. Je crois savoir que la synagogue a été restaurée, mais qu’il n’y aurait plus de cimetières dans les grandes villes chinoises.

Par exemple, nous avions de grands amis français, les de Précourt, de la Banque de France, je crois,  ou encore, les Benoît, d’origine bretonne, Monsieur Benoît dirigeait le corps des pompiers de Tientsin jusqu’en 1945…la Banque et les pompiers occupaient d’imposants bâtiments le long de la rue principale.

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Un courage

Le Président Liú Shàoqí était-il juif ?

De François de la Chevalerie

Enchâssée dans quelques livres, de temps à autres, surgit une curieuse incidente : Liú Shàoqí (1898-1969), Président de la République Chinoise (1959-1969), serait d’origine juive.

Le point de départ de cette interrogation remonte en partie à un ouvrage intitulé “Liú Shàoqí : le moine rouge »[1] écrit en 1961 par un ancien membre du Parti communiste allemand, Hans-Heinrich Wetzel.

Dans ce livre, l’auteur évoque l’ascension de Liú Shàoqí au pouvoir. Au mois d’avril 1959, ce dernier accède à la charge de Président du Parti Communiste Chinois, en remplacement de Mao Zedong. S’attardant sur sa jeunesse, l’ouvrage rapporte un curieux dialogue ayant eu lieu aux alentours de 1910 entre Liú Shàoqí, alors âgé de douze ans et son oncle Liu Tsofang.

Selon ce dernier, sa famille serait originaire de la province du Xinjiang, anciennement nommé le Turkestan oriental. Au début du vingtième siècle, cette province était délaissée, ce qui n’était pas le cas longtemps auparavant.

Deux siècles avant Jésus Christ et ce, jusqu’au XVème siècle, d’incessantes caravanes s’aventureraient sur ce territoire. Depuis le golfe arabique en passant par Samarkand et Boukhara, dans le sens Est Ouest, elles convoyaient des pierres, de la porcelaine, des étoffes de laine, des épices, de l’ivoire. Des armes dans le sens Ouest Est.

Depuis Bagdad ou Meched, les tribus, arabes ou perses, se déplaçaient avec tous leurs attributs : femmes, enfants, esclaves. Dans la mêlée se comptaient quelques juifs, précepteurs ou marchands.

Dans le sillage de ce que l’on nomme historiquement la route de la soie, certains s’établirent en Chine.

C’est ici que le récit de l’oncle prend un aspect inattendu. Selon ce dernier, sa famille ferait partie des « Ye-Se-Lo-Ni », le mot chinois désignant naguère les Israelites. Aujourd’hui, le terme en usage est « yóu tài rén », parfois aussi « yo se lie rén », littéralement les tribus d’Israël.

Apres avoir quitté le Xinjiang, leurs ancêtres vécurent dans la province du Shanxi pour ensuite faire souche à Kaifeng dans la province du Henan, capitale impériale sous la dynastie Song du Nord (960-1127).

Des le XVIIème siècle, la présence d’une communauté juive à Kaifeng est établie par des jésuites, notamment, le père Matteo Ricci. Leur nombre est faible, quelques centaines. Leur apparence physique comme leurs habitudes culturelles sont semblables à celles des Han. Cependant, certaines pratiques religieuses suggéreraient une appartenance à une communauté de foi hébraïque.

Au XIXème siècle, la plupart des juifs de Kaifeng ou supposés tels migrent vers Pékin, Ningbo et Canton. L’héritage juif de cette ville disparait alors dans les nimbes de l’histoire.

A l’égal des juifs de Kaifeng[2], la famille de Liú Shàoqí  se serait complètement sinisée.

Concluant cet épisode, Hans-Heinrich Wenzel assure qu’il s’agit du seul cas connu d’assimilation complète des Juifs. Lancée légèrement, cette affirmation est néanmoins contestable.

Quelle valeur accorder à une telle révélation ?

Il est étrange de constater que cette anecdote n’emporte, pour l’auteur, aucune conséquence.

A quoi bon alors en faire mention ?

A aucun autre moment dans l’ouvrage, la question cette supposée racine n’est encore soulevée.

L’auteur a donc délibérément décidé de ne lui prêter aucune portée.

Pourtant cet élément pourrait avoir son importance compte tenu de la place remarquable des intellectuels juifs dans le mouvement communiste chinois.

Peu nombreux, ils disposaient cependant d’une réelle influence. Ils sont, notamment, très présents dans l’entourage immédiat de Sòng Qìnglíng, Madame Sun Yat Sen, deuxième épouse du « Père de la Chine moderne. La plupart sont éditeurs ou journalistes. Certains dirigent des revues de premier plan tel Israël Epstein (1915-2005). Comme c’est le cas de ce dernier, plusieurs sont naturalisés chinois.

Beaucoup sont originaires d’Europe Centrale. Parmi ces derniers, des bolchéviques emmenés dans les bagages de Maksim Litvinov, Commissaire aux Affaires Etrangères de l’URSS. Egalement, des anciens membres du Bund, mouvement socialiste juif créé à la fin du XIX siècle dans l’Empire de Russie.

Pour le journaliste américain Edgar Snow, Il existait une espèce de fraternité naturelle entre ces deux civilisations millénaires. Rompant avec le temps du féodalisme, toutes deux expérimentaient à leur manière l’idéologie communiste, souvent considérée comme un nouveau messianisme.

De surcroit, cette observation est à rapporter aux jeux d’influence s’exerçant autour des sœurs Song, la famille chinoise la plus puissante de la première moitié du XXème siècle.

Si les juifs ont l’écoute de Qìnglíng, Mayling Song, Madame Tchang Kai Chek, est proche des courants protestants américains, notamment, des méthodistes[3].

Chacune s’appliquait à défendre une vision de l’universalisme.

A l’époque, l’Etat d’Israël était principalement soutenu par l’union soviétique. Il est donc naturel que le mouvement révolutionnaire chinois reçoive le soutien de juifs.

Compte tenu de ce contexte, l’éventualité de l’origine juive de Liú Shàoqí a son importance. Si donc cette information était  avérée, a-t-il seulement prêté sa voix pour défendre peu ou prou cette cause ? Aucun de ses gestes, aucun de ses discours, ne laisse supposer une telle démarche.

Dans sa biographie sur Liú Shàoqí, Lowell Dittmer[4] ne retient pas cette information. Pas davantage, le journaliste américain Jonathan Goldstein n’en obtient la confirmation auprès de Israël Epstein lors d’une interview réalisée en 1970. Toutefois, ce dernier étant très lié avec le régime, peut-être n’a-t-il pas souhaité lever le mutisme entourant cette question ?

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La destitution

Paradoxalement, cet élément sera utilisé à dessein pour des objectifs déclarés d’anti communisme. Comme en témoignent les pages d’Arthur A. Chiel[5], « Le moine rouge: l’antisémitisme un facteur dans la lutte pour le pouvoir chinois? ». Dans cet ouvrage à la construction hasardeuse, ce dernier suggère que les luttes d’influence au sein de Parti Communiste auraient partie liée avec de l’antisémitisme. Pourtant, d’après les relevés des réunions du parti, à aucun moment, cet aspect n’est soulevé. Ce qui apparaît logique dans la mesure où il n’existe pas en Chine d’antisémitisme populaire comme cela a été le cas en Europe.

Si donc cette voie ne peut être explorée, la destitution de Liú Shàoqí lors du 12e plénum du Comité central mérite attention.

Même si il n’est pas le seul à avoir porter un regard critique sur le grand bond en avant (Dà yuè jìn) voulu par Mao Zedong, le sort qui lui sera réservé sera particulièrement abrupt. Victime d’une autocritique cinglante, trainé dans la boue en public, il trouvera la mort le 12 novembre 1969 dans une prison de Kaifeng, dans cette même ville où existait autrefois une communauté juive. Lors de son incarcération, Il subit de nombreuses humiliations et des mauvais traitements. Entre autres, aucun soin ne sera apporté à son diabète.

Aujourd’hui encore, la minute de l’interrogatoire de Liú Shàoqí n’est pas consultable.

En revanche, au service des archives historiques de l’université de Kaifeng, des documents font état du climat général sévissant à la fin années 60.

La tension est particulièrement forte à partir de 1967. Un appel  à dénonciation est lancé contre les traites. Le texte ne fait pas dans la dentelle.

Selon des termes typiques de l’inquisitoire communiste orthodoxe, Il s’en prend directement aux cadres locaux : « de petits personnages imbus et arrogants qui méritent de ne plus jamais voir la lumière ! » ou encore « des valais de la bourgeoisie, juste bon à sucer le sang du peuple ! »

Aussitôt dit, ces derniers sont manu militari délogés de leur habitation et soumis à la vindicte populaire. Sur la place publique, le petit livre rouge à la main, des étudiants vocifèrent dans leurs oreilles un enchevêtrement d’insultes. Souvent bousculés, détruits psychologiquement, peu d’entre eux en sortiront vivants.

Au nombre des insultes, percent de manière récurrente des propos suintant le racisme. L’on relève des « Vous ; les fils des tribus d’Israël ! » par opposition sans doute « aux fils du ciel » dont ces mêmes étudiants seraient issus.

Dans un texte, mention est faite de Liú Shàoqí.

« Il a trahi, doublement trahi. Il a trahi le peuple. Il trahissait tout ce qu’il touchait ! »

Plus explicite ; cette fois : « D’ou vient-il, celui là ? De L’Orient lointain cherchant à asservir le peuple chinois ! » pousse un commentaire.

Se glisse une question : « Que n’a-t-il pas fait pour feindre ?

Qu’est ce donc cet homme ?

Un agent de l’étranger ? 

Il n’a jamais cessé de cacher son jeu, ce misérable prurit de l’aliénation étrangère ! »

Passons sur des insultes plus lourdes mais les éléments rapportés suggèrent que la mise en cause de Liú Shàoqí aurait également partie liée avec ses origines. Cependant aucune mention n’est fait précisément faite sur une supposée judéité.

Le mystère donc demeure.

Sans doute la divulgation de l’interrogatoire pourrait elle aider à apporter une réponse même si de toute façon rien dans la vie publique de Liú Shàoqí n’incline à penser qu’il aurait eu peu ou prou entretenu une sensibilité juive.

Mai 2011.


[1] Editions Denoël

[2] Selon certaines informations, 600 juifs chinois résideraient encore à Kaifeng. Le statut de minorité ne leur ayant pas été reconnu, le gouvernement leur demande de se déclarer Hui (chinois musulmans) ou Han (chinois «chinois»).

[3] La famille Song est de confession methodiste

[4] Lowell Dittmer, Liu Shaoqi and the Chinese Cultural Revolution.  Revised edition (Armonk, NY and London: M.E.Sharpe, 1998).

[5] Les juifs Digest [Houston, Texas] vol. 8, no. 11 [août 1968], p. 7-8; Chiel, « 

 

 

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Présence juive à Tianjin

Posté par ITgium le 16 mai 2009

A mon amie de toujours, Hanna Landau 

Installation 

Pourchassés par les pogroms, dès la fin du XIXème siècle, des marchands et des ouvriers d’origine juive (yóu tài rén), principalement originaires de Pologne, entreprirent le long chemin depuis les plaines de l’Europe Centrale jusqu’en Mandchourie. La plupart firent souche à Harbin. D’autres prolongèrent vers les villes côtières. Certains s’installèrent à Tianjin constituant, dès la fin du XIXème siècle, le premier embryon de communauté juive de la ville, alors dénommée Tienstin. 

A cette immigration, s’ajoutèrent dans les années 20, quelques dizaines de bolchéviques lesquels emmenés dans les bagages de Maksim Litvinov, Commissaire aux Affaires Etrangères de l’URSS, remplissaient alors le rôle de coopérants politiques ou mieux nommés, de camarades du peuple frère. Si la plupart d’entre eux étaient juifs aucun n’en faisait état. Seul leur nom suggère cette appartenance. 

Certains membres de la communauté juive de Chine étaient également issus du Bund, mouvement socialiste juif créé à la fin du XIX siècle dans l’Empire de Russie. A Tianjin, d’après les archives historiques de l’Université de Nankai, l’on perçoit une vague attention de créer un bureau local du Bund. L’initiative restera lettre morte. Il semble bien que l’ardeur révolutionnaire s’affaiblisse à mille encablures des plaines de l’Europe centrale. 

A ces mouvements, vinrent s’adjoindre des juifs installés autoritairement dans le Birobidjan, un Etat supposé juif aux confins de la Sibérie, surtout une création artificielle de Staline. 

En 1928, date de l’apogée de Tienstin, la communauté juive comptait près de 4000 membres avec une activité sociale très diversifiée, de nombreux clubs d’animation. La pratique du sport est particulièrement poursuivie. 

Une communauté unie 

Si la communauté juive de Tianjin est exclusivement d’origine Ashkénaze et de langue Yiddish, tout oppose en apparence les coopérants communistes aux réfugiés. Au son du Kominterm, les premiers en appellent à l’internationale socialiste, leur présence à Tienstin n’étant qu’un maillon de cette chaine. Les seconds souhaitent une vie meilleure à l’abri des violences qui sévissent en Europe Centrale. Dans la minute d’une réunion de l’Association d’entraide juive de Nankai, l’on retrouve les termes d’un débat à l’allure plutôt irréaliste. « Il faut lever les masses chinoises, déclare un certain Igor Zelman, combattre partout l’hydre féodal ! » Peut-être songe-t-il aux Seigneurs de Guerre Chinois ? Cependant, il est aussitôt contredit par Daniel Lieberman, un actif commerçant de la ville, lequel l’invite à ouvrir une échoppe de fourrures. Les deux hommes s’empoignent alors amicalement. Avec les années, les Bolchéviques rentreront dans le rang, certains se mariant avec des chinoises. Toutefois nombre d’entre eux resteront fidèles à leur idéal apportant leur concours au mouvement communiste chinois. A cet égard, il faut noter que dans les années 1950, plus de la moitié des membres de la section étrangère du PCC sont juifs dont le plus célèbre d’entre eux, Israël Epstein. 

Loin des troubles, un monde paisible 

Durant la période sombre qui s’abat en Europe, la communauté juive de Tienstin vit des heures paisibles. 

« Alors que nos frères vivaient le martyr, à Tianjin, nous ne souffrions d’aucune turbulence » souligne Harry Rozents, originaire de Pologne. « Certes nous avions des échos de ce qui se passait sur la Vistule mais comme ici nul ne nous molestait, nous n’y pensions pas. ». « A l’époque, ajoute-t-il, les chinois n’avaient absolument aucune perception particulière à l’égard des juifs. Nous étions indistinctement des wài guó rén (étrangers) comme l’étaient aussi les quelques allemands résidants à Tianjin ». Malgré l’invasion Japonaise en 1937, la communauté s’y maintient pour l’essentiel. Aucun incident n’étant alors rapporté. 

D’ailleurs, en 1938, la synagogue de Nanjing Lu est inaugurée en grandes pompes. « Chinois et juifs étaient de la fête » se souvient Harry Rozents. Toutefois, plus que la place des traditions religieuses, c’est la culture Yiddish qui constitue le ciment de la communauté. 

Avec l’avènement de la République Populaire en 1949, la plupart de ses membres émigrent en Australie ou aux Etats Unis.  

Aujourd’hui, la communauté juive de Tianjin compte une centaine de personnes éclatées en diverses nationalités. 

Bâtisseurs 

A Tienstin, l’apport de la communauté juive dans l’aménagement de la ville est considérable. Pas moins d’un millier d’immeubles, construits entre 1860 et 1937, illustrent peu ou prou tous les styles d’architecture de l’Europe. Cet incroyable patchwork rappelle le goût à l’universalité telle que l’envisage une certaine identité juive. Au nombre des bâtiments, la synagogue de Tianjin (laquelle se trouve à un embranchement de Nanjing Lu) présente une façade extérieure post moderne (une audace pour l’époque). Après les années cinquante, le bâtiment a longtemps abrité un restaurant. Désormais restaurée, une association américaine entend lui restituer sa destination originale. 

François de la Chevalerie 

Octobre 2009 

Sources : Archives de l’Université de Nankai 

Témoignage 

Ressortissante Belge dont la famille a longtemps résidé à Tientsin, Renée Fuks rend compte de cette époque.  

Née dans cette ville en avril 1937, j’y ai vécu jusqu’en janvier 1947, date du début de notre voyage de « retour » (pour mes parents) en Belgique. Le 6 janvier 1947, j’ai dit adieu à mon grand-père paternel sur le quai de la gare de Tientsin. D’origine juive polonaise, Hersh (ou Garry) Fuchs s’était établi très jeune en  Manchourie, puis en Chine. Il avait épousé, à Shanghai, une russe-juive rescapée du pogrom d’Odessa. Ils ont eu 5 enfants, mon père, étant le premier de leurs fils. C’est en venant faire des études d’ingénieur en Belgique, que mon père avait rencontré et épousé ma mère, une liégeoise, de famille belge et catholique. C’est de ce mariage,  oh combien mixte, que je suis née. Maintenant, à  l’approche de mes 70 ans, je cherche à préciser et illustrer, si possible, mes nombreux souvenirs d’enfant.    

Mes parents et moi-même, puis ma première sœur, née, elle, en 1944, habitions un immeuble moderne des années ’30, dans l’ancienne concession française, rue St Joseph, ou I Pin Da Lou (si je ne me trompe). L’immeuble était précédé d’un jardin avec allées carrossables et flanqué, sur le côté d’une construction antérieure, en style mélangé de médiéval et de Tudor, qui était l’habitation du propriétaire, un français, Mr Loup. Nous allions à la messe, ma mère et moi, à l’église St Joseph, tout au bout de la rue, près du fleuve. A l’âge de 5 ans, en septembre 1943, je suis allée à l’école « Municipale Française » (dirigée par un français d’origine corse, je crois, Mr Tomasini) Mon grand-père avait une belle maison, qu’il avait fait bâtir en 1935, Taku Road, je crois. Blanche, à double perrons d’entrée, moderne, toit plat, entourée de jardins : je me demande ce que cette maison est devenue ? Il avait ses bureaux d’import-export non loin de là, mais plus près du parc anglais (Victoria Park ?) que nous traversions pour retourner chez nous. Il avait aussi une usine de petits moteurs et de frigos, à la marque « Polar », mais je ne suis plus sûre de l’endroit où elle était, plutôt du côté de l’ancienne concession allemande, je pense. Mon grand-père est mort à Tientsin en 1951 et enterré au cimetière juif de la ville. J’ai bien connu aussi la synagogue de Tientsin, pour y avoir accompagné ma famille paternelle à des fêtes et mariages. Je crois savoir que la synagogue a été restaurée, mais qu’il n’y aurait plus de cimetières dans les grandes villes chinoises. Par exemple, nous avions de grands amis français, les de Précourt, de la Banque de France, je crois,  ou encore, les Benoît, d’origine bretonne, Monsieur Benoît dirigeait le corps des pompiers de Tientsin jusqu’en 1945…la Banque et les pompiers occupaient d’imposants bâtiments le long de la rue principale. 

 

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