A priori, elle n’a pas de réputation particulière.
Ni sa physionomie, ni sa taille, pas davantage son allure ne lui confère une aura singulière de celle qui se répande jusqu’à l’autre bout de la planète. "Pourquoi alors le cœur d’une Tianjinoise vaut-il bien mieux que tout l’or du monde ?" se demande Pierre Teilhard de Chardin en 1936.
Lorsque je l’ai rencontrée la première fois, son visage était sévère, comme intraitable.
Jonglant avec les contrats publicitaires, Chiling Lin n’avait alors aucune inclination à offrir au tout venant un sourire fut-il pâle.
Dans son sillage, son agent publicitaire m’avertissait.
« Au prix coutant de plusieurs dizaines de milliers de dollars, chaque seconde valant son or, vous serez vite ruiné. »
Longtemps après, je l’ai croisée.
Elle venait d’être exclue d’une superproduction.
La larme à l’œil, elle m’aperçut dans un coin d’ombre.
Cherchant à chasser ce désordre, elle laissa filer un sourire sincère sur son visage cependant défait.
Je lui ai alors dit :
- Lacrimis struit insidias cum femina plorat (Lorsque la femme pleure, elle tend un piège avec ses larmes, Dionysius Cato)
- Non ! a-t-elle répondu, je pleure avec mon cœurs, je souris avec mon cœur.
Lin Huiyin
Un ami m’a dit : si tu veux connaitre la force romantique d’un couple chinois, plonge toi dans la vie de Lin Huiyin et de Xu Zhimo.
Couple illégitime, s’aimant dans l’ombre, se chahutant.
Xu Zhimo admirait par trop celle qui deviendra la toute première architecte de chine.
Dans sa quête d’amour, il s’abîme, l’abîme aussi.
Le temps enfin de se dire Adieu et ils meurent tous deux comme enlacés vers le même destin.
Wang Danfeng
Si j’étais né dans les années 20, je serais alors tombé éperdument amoureux de Wang Danfeng, célèbre actrice à la diction remarquable et au charme saisissant.
Elle me fait souvent penser à Gene Tierney, un peu froide en apparence mais au tempérament chaleureux, ne s'en laissant pas compter.
Zhang Zilin 张梓琳
Certains s’amusent à taquiner ce qu’ils nomment peu élégamment Madame l’échalas.
C’est vrai que du haut de sa grande taille (1,82m), augmentée par des escarpins à la courbe vertigineuse, Zilin domine le monde, souvent des nabots qui la mitraillent de photos.
Miss World 1987, elle pourrait en tirer quelque arrogance.
- Nullement, seule m’importe l’idée de bonheur ! s’exclame-t-elle avec vigueur.
Je l’interroge alors.
- Le bonheur étant si rare, comment s’y prendre pour le retenir à soi, le répandre ensuite ?
Elle sourit avec un tel ravissement, une telle assurance, de surcroît le regard chaleureux, que son idée du bonheur se propage naturellement dans les âmes.
Jin Xing 金星
Issue de la minorité coréenne, Jin Xing cultive les particularismes les plus audacieux.
Valeur mâle, valeur femelle, Jin Xing est passé(e) de l’un à l’autre, d’un coup d’aile.
Sans trop d’éclat, devenant l’une des meilleures danseuses et chorégraphes de Chine.
Colonel de l’armée populaire (Zhōngguó Rénmín Jiěfàngjūn), elle vit à Shanghai dont elle dit :
- Shanghai une ville complètement femelle. La ville des femmes alors que Pékin est la ville des hommes.
Elle ajoute dans un murmure :
- Ma vie est fantasque, heureuse vie d’entre les vies de ce monde !
Sòng Měilíng 宋美齡
Dans les années 40 et 50, le rêve de tout homme était de rencontrer de Madame Tchang Kaï-chek, femme d’une élégance sublime et au charisme époustouflant.
Dans les Vacances Romaines, Gregory Peck chahute aimablement Audrey Hepburn, dans le rôle d’une jeune princesse, en lui disant que son heureuse silhouette ne saurait surpasser l’allure de la Reine des Reines, Madame Tchang Kaï-chek.
Ce mot encore prêté à Cary Grant :”Toutes les plus belles stars d’Hollywood ne valent pas le regard de Madame”.
Dans les 40, elle parcourt les Etats Unis, prône l’intervention américaine aux côtés du Zhōngguó Guómíndǎng.
Hollywood l’admire, la célèbre comme une Reine mais Roosevelt puis Truman n’apporte pas leur soutien à cette cause.
Dotée d’une forte intelligence, Sòng Měilíng occupe inlassablement mon esprit comme le révélateur de la grandeur du peuple de Chine.
Tián Yuán 田原 (1985)
C’était un soir de décembre, la température avoisinait mois dix degrés,
Un ami m’avait invité à la célébration de ses vingt ans de vie d’artiste.
Dans des pièces enfumées, pétries d’odeurs d’alcool de riz, il m’a aussitôt indiqué la bonne porte.
- Viens par là que je te présente, Tián Yuán, je ne sais comment la présenter mais ce qui est sûr, c’est qu’elle est dotée de tous les talents. Elle fut la Reine du Trihop chinois mais elle est encore actrice, scénariste.
Visage discret aux lignes parfaites, une voix douce, Tián Yuán me raconte si bien, si honnêtement, si précisément, son roman, Zebra Woods que je la serre dans mes bras.
Elle s’en étonne à peine, me demande si j’ai vu son premier film, Butterfly.
Je suis honteux, très honteux, les bras pendants
Elle s’éloigne alors.
Le lendemain même, je visionne Butterfly pour lequel elle a reçu un prix.
Elle n’avait alors que 19 ans.
Une adresse exceptionnelle pour celle qui entend bientôt réaliser son premier film, cousu d’or celui là.
Peng Liyuan 彭丽媛
Depuis toujours, j’aime intensément cette merveilleuse chanson « Sur les plaines de l'espoir » où bat le cœur de la chine ancestrale, les souffrances et joies d’un grand peuple.
Humble spectateur du gala annuel de la CCTV à l’occasion du nouvel an chinois, j’ai été transporté par une voix merveilleuse.
Le corps tremblant, terriblement ému, je regardais cette belle femme qui avait si bien entonné l’air que j’aime tant.
Laissant glisser un sourire sur son visage, elle remercia ensuite le public de sa voix douce.
Et tous ceux qui comme moi, depuis Tianjin ou les provinces les plus reculées de la Chine, avaient gouté avec plaisir au spectacle.
- Merci Madame, murmurais-je alors.
Madame, Première Dame de Chine.
Zhāng Zǐyí 章子怡
Malgré sa renommée sulfureuse, c’est une femme ravissante.
Trop sur les devants de la scène, elle est honnie par une partie de la Chine.
A son encontre mille soupçons.
A mon avis, elle sera pleinement heureuse lorsqu’elle donnera à sa vie un élan romantique.
Un français aimable et élégant, fin connaisseur des usages et des Lettres chinoises, pourrait volontiers y répondre et répandre chez elle l’idée du bonheur.
Avec en partage un slogan : Omnia vincit amor (L'amour triomphe de tout).
Zhou Xun 周迅
J’ai adoré, mille fois adoré, le film Dai Sijie 巴尔扎克与小裁缝 Balzac et la Petite Tailleuse Chinoise.
Pourtant, je ne comprenais rien au dialecte abscons que l’on parle dans le Sichuan.
Cependant, je m’accrochais à la parfaite diction de Zhou Xun.
Je l’ai aussitôt aimée comme on aime le soleil, la vie.
Tel un pèlerin, sur son chemin de grâce, je suis alors allé à sa rencontre
Elle venait de terminer lǐ mǐ de cāi xiǎng, The Equation of Love and Death (李米的猜想).
- Vous semblez venir tout droit d’un rêve !
D’une main fragile, elle a dessiné un cercle.
Apres l’avoir traversé en son milieu, sa main s’est dirigée vers le ciel.
Elle m’a alors dit d’une voix douce légèrement chahutée par l’émotion.
- Vous voyez d’où je viens, vous voyez où je vais !
Li Bingbing 李雪
- Toute jeune, me dit-elle, je n’avais pas la moindre intention de devenir actrice. Je souhaitais alors apprendre aux jeunes enfants la lecture, le savoir.
Cependant, en 1993, une proche lui suggére de faire un tour au très renommée Shanghai Drama Institute in 1993.
- J’y suis allé en un coup de vent. Ce jour là, un vent trop fort peut être, j’y suis restée le temps d’une saison.
Dès 1999, dans le film Zhang Yuan's Seventeen Years (1999), elle noue avec la célébrité. La voilà propulsée au rang des meilleures actrices lors du 12th Beijing College Film Festival.
Viennent les propositions Hollywoodiennes : Resident Evil, Transformers.
- Je ne me laisse pas emporter par ce furieux coup de vent, je reste moi même, heureuse dans ma tête, le regard rivé vers des enfants à qui je lis des poèmes.
Fan Bingbing 范冰冰
Fraiche et généreuse, telle est Fan Bingbing alias Jin Suo, allant et venant élégamment, dans le film Taiwanais Princess Pearl (1997).
Certains se demandaient alors comment cette toute jeune femme, âgée seulement de 17 ans, se muerait dans le monde âpre et violent du cinéma.
L’ayant approché à cette époque, je l'interroge sur ses rêves.
Elle en rit, se laissant aller à une réponse audacieuse.
- Comme le temps venant mais toujours au delà de mes espérances.
Voilà qu’elle devient dans la décennie suivante l’égérie de marques commerciales de renommée, au million de yuan la prestation.
Elle crée en 2007 son propre studio, le Fan Bingbing Studio (范冰冰 工作室 , Pinyin : fàn bīng bīng gōngzuòshì) et multiplie les productions.
Je la vois encore dans les films Shaolin et Buddha Mountain.
Au delà de mes espérances, disait elle.
Je la retrouve alors autour d’un dangereux élixir, un mélange hasardeux de vodka et de tequila.
Alors que je souhaite la questionner sur l’air du temps comme du plaisir de vivre, elle m’interrompt.
- Je n’ai toujours pas atteint mes espérances.
- Fan Ye (son surnom), lui dis-je, on vous accable de nombreux talents mais celui qui l’emporte, c’est votre incroyable détermination.
- Bravo, Madame ! conclus-je en Français.
Coco Lee 李玟
Sa belle silhouette évoluant sur de nombreuses scènes, sa vie est une suite presque ininterrompue de disques accumulant prix et honneurs.
La voix jonglant aussi élégamment entre le mandarin et l’anglais, cette hongkongaise de naissance ayant vécu très tôt aux Etats Unis incarne parfaitement le soft power chinois, ce moyen pour la chine d’étendre délicatement, sans coup férir son influence sur le monde.
Cependant, au milieu de sa remarquable réussite, Coco a le cœur généreux, la larme à l’œil, laissant filer document sa voix pour soutenir les malades du SRAS ou du Sida, pansant la misère.
Dong Siyang
Dong Siyang est jeune, la plus jeune du lot.
La plus belle aussi, comme elle se réclame.
A 21 ans, elle est déjà Présidente Directeur général d’une société de média établie à Hongkong.
Surnommée la beauty CEO, elle se laisse tellement surprendre par une gloire acquise si tôt qu’elle écrit à 23 ans propre biographie "21-year-old woman president".
- Je me trouvais vieille, me confie-t-elle, il fallait que je retrace ma vie.
Bien qu’elle s’ajoute des titres usurpés, le livre est un best seller.
De Shenzhen à Dalian, des jeunes femmes chinoises se l’arrachent, certaines bien plus âgées qu'elle.
Toutes rêvent de gloire et de passion.
Ou du besoin naturel d’être aimé par un homme ou par ses pairs.
Hou Yu
La voix s’élève vers de belles hauteurs, s’élance plus encore vers un horizon lointain.
Loin dans le ciel, survolant son ombre.
Soudain, Hou Yu suspend son envol.
La voix se rétablit vers des notes légères,
Bientôt un calme, comme une attente.
Sera-t-elle l’épouse de l’empereur ?
La concubine au cœur chaud, l’aimant jusqu'à l’infini.
Embastillée dans des étoffes, le visage de Hou Yu est blême.
Glisse une larme sur ce visage bien fait.
Elle s’aime tour à tour dans les rôles de Dan, de Quingyi ou de Wudan.
Elle souffre aussi, la carapace l’accable, le masque l’étouffe.
Telle une concubine déchue, l’âme en peine.
Voilà le public du Guójiā dà jùyuàn (國家大劇院) l’applaudissant à tout rompre.
Hou Yu est une valeur sûre de l’opera de Pekin (Jīngjù).
Je la félicite alors, me laissant porter, l’enveloppant de mes bras.
- Je trouve le public de Tianjin plus chaleureux, se lâchant dans le bonheur, murmure-t-elle.
Je la tiens plus près de mon cœur.
- Oui, l’homme Tianjinois est le plus chaleureux du monde.
Paris en Chine à Tianjin
Pierre Teilhard de Chardin se rend à Tienstin au début des années trente. Plutôt Déconcerté par la présence de nombreuses bâtisses rappelant l’architecture des métropoles européennes, il s’exclame alors :
« Tienstin, serait-elle Paris en Chine ? »
Le pont Eiffel sur le Hai He construit au début de XXème siècle comme la réplique du Pont Alexandre III témoignent de cette influence.
Xue Zhe
Membre de l'Académie de Mathématique de Qingyuan (Guangdong) et de l’Institut d’Astronomie du Guangdong, Xue Zhe est une talentueuse scientifique, portant loin l'avenir de la Chine.
Par deux fois, elle m’a demandé de l’accompagner sur la montagne sacrée du Héng Shān pour observer la grande Ourse. Là, la nuit durant, elle calcule les magnitudes apparentes et absolues.
China Soft Power
China is going to reach in a short time the rank of the first superpower of the world.
Today, China has all financial, commercial and technical resources required to maintain this position for a long period of time.
Beyond the environmental pollution, the food safety issues and the embryonic democracy, the real weakness lies in the absence of a comprehensive soft-power, the ability to attract and co-opt rather than coerce.
Because today china hasn’t a multicultural society (people coming from everywhere in the world), its cultural potential can’t spread quickly, far and wide.
China today main challenge is how to turn a five thousand culture into a world map culture ?
For those Chinese who are eager of a mutual understanding of the people from everywhere, they must pioneer to do so, paving the way to a more stable world.
I do think that the future of china depends merely on them.
Francois de la Chevalerie, April 2013
Cixi ou Tseu-Hi
Vilaine est cette opinion que l'impératrice douairière Cíxǐ était une femme irascible, rusant et calculant, responsable du déclin de la Chine et de sa soumission au diktat des puissances étrangères.
Comble du toupet, petite concubine, elle s’impose dans les rangs et donne encore un peu de souffle à la dynastie Qing, décadente et endormie.
Dans sa jeunesse, Cíxǐ était une très belle femme que tout homme de bon aloi aurait aimé prendre pour compagne.
Lena
Originaire de Jilin, Lena gère un groupe de restauration présent à Beijing et Tianjin.
Lorsqu’elle a ouvert son dernier établissement à Sanlitun (situé à 1,5 km du pont Dongzhimen), comme j’étais surpris de voir ma photo sur le menu, elle m’a dit : "Tu fais partie de mon paysage".
Gong Li
Sa renommée est un sacré piège car on la figure distante, accompagnée d’une ruée d’agents, de la morgue au visage, trainant autoritairement sa gracieuse silhouette dans les Palais Romains.
Nullement, Gong Li est une femme qui adore la simplicité et l’inattendu.
La voilà en scooter à Paris arrimée à un inconnu, un sans grade, cette fois pris au piège d’un délicieux rêve, l’amour.
Quelle merveilleuse aventure que celle de rompre les amarres et de regarder sur la butte Montmartre le lever du Soleil sur Paris, cette fois bien et tendrement accompagné !
Sabino Cagigos (Sà bīn) 萨宾
It is clear that Sabino Cagigos once called in chinese 萨宾 (Sà bīn) embodies the vitality of the today culture.
Since long, thanks to his Catalan origin, Sabino has a fascination with labyrinths that cover his family background, his philosophical approach, mainly the troublesome western culture.
The labyrinths represent the conflict between the artist and the world, narrated through a lifetime experience.
After some vacillation, the route through the labyrinths is finally marked out.
I found a symbolic similarity between them and the intelligence, the one of Sabino, the one of everyone, even the unskilled one.
However, for the undogmatic Sabino, experiment remains open, a field of investigation always put into question.
Nothing is set in stone.
Everything is short-lived.
And at the, the men dies.
So the earth.
So everything.
So the Chinese women, Sabino Cagigos, their painter.
Michelle Yeoh Choo-Kheng (1963)
Malaisienne, Michelle Yeoh est une chinoise de l’extérieur, libre dans sa tête, dans ses opinions.
En raison d’un accident vertébral, frustrée de ne pas pouvoir entamer une carrière de ballerine, Michèle supplante toutes ses pairs en devenant Miss Malaisie en 1983.
Sa beauté fait mouche auprès d’un millionnaire hongkongais avec lequel elle se marie et qui la mènera au premier rang du box office chinois.
Sportive, elle assure elle même des scènes d’acrobatie, des sauts périlleux dans l’inconnu, parfois vers l’amour.
Elle interprète la moins connue des sœurs Soong, Ai-ling Madame Kung, plus riche que les deux autres réunis, en posant un regard circonspect sur une chine par trop troublée.
A 50 ans elle devient la Lady. Aung San Suu Kyi
Corps frêle, elle bataille contre les généraux, vouant a la vie un amour par dessus tout.
Yang Kaihui
La première épouse de Mao mérite les honneurs.
Nullement parce qu’elle est entrée en l’année 1919 dans la vie du grand Timonier mais parce que ce dernier, un saint homme, n’a nullement remué ciel et terrain pour lui éviter une exécution sommaire par le Guomindang en 1930 à Changsha (Hunan)
Du coup, Yang Kaihui, femme simple et au bon cœur, mère attentive de trois enfants est durablement aimée par le peuple chinois.
Comme par moi même croyant naïvement que les belles âmes portent le meilleur témoignage de la beauté du monde.
Jade Yu Jiang Shan
Elle est fière d’être Cantonaise, fière d’être originaire de Dongguang, fière plus encore d’être elle même.
Une femme moderne, tout en rondeur, aimant la vie, la bonne chair et l’alcool.
A Canton, Reine de la nuit, elle connaît la terre entière, danse la salsa, lit le dernier roman de Mián Mián.
Intelligente et souriante, Jade se déclare cynique jouant des uns des autres comme pour mieux vivre.
Le soir, s’inquiétant du temps qui passe, elle tâte son ventre, cherche un enfant qui ne vient pas.
L'âme triste, elle ressasse jour et nuit cette formule latine :
Accipe quam primum, brevis est occasio lucri
« Agis de suite, les chances de réussite durent peu. »
Ce désir d’être autre chose que le symbole de plaisirs passagers.
Ce désir d’être une lumière, une voix dans un monde éphémère.
Pan Hong
Toute la force de cette femme repose dans un effroyable souvenir qui la tient jusqu’à ce jour.
Le suicide de son père, honni, écrasé, laminé par de lamentables gardes rouge durant la révolution culturelle.
Du coup, chez elle, l’essentiel, c’est de vivre par dessus tout, droit dans ses bottes.
Merveilleuse actrice, je l’ai rencontrée plusieurs fois en sa qualité de vice présidente de l’association du Cinéma Chinois. Chaque fois, elle ouvre la discussion sur ce bon mot :
« Tant qu'il y a de vie, il y a de l'espoir. (Dum vita est, spes est).
Zhang Yin 张茵
Il vous faudra beaucoup aimer ou connaître le recyclage de papier et le papier d'emballage de Chine pour l’approcher juste une toute petite seconde.
Même en développant des trésors d’imagination sur l’avenir du courtage en papiers recyclés, il n’est pas sûr que la propriétaire de la Nine Dragons Paper vous reçoive.
La raison, Zhang Yin est une des premières fortunes de chine, une fortune qu’elle a acquise toute seule, principalement à Hongkong.
Mieux vaut alors lui parler de la biographie que vous comptez écrire sur elle. Dans ce cas, elle s’ouvrira davantage.
- Mon père était officier de l’armée populaire, s’exclame-t-elle, je suis officier de l’économie de la Chine d’aujourd’hui. Trente ans de distance, et le tour est joué. L’on devient riche sans même sans rendre compte ? Est ce bien tout cela ? se demande-t-elle alors.
Pan E
Lorsque je l’ai rencontrée pour la première dans l’effrayant chahut de la Brasserie Chartier à Paris, j’ai aussitôt aimé la sagesse de son regard, cette manière de tout observer avec discrétion, avec pudeur.
L’âme sereine, Pan E a toujours le mot juste.
Tolérante, elle accompagne ses amis jusqu’au bout de leur peines.
Le cœur généreux, nullement songe-t-elle à accabler l’un plutôt que l’autre.
Elle s’émeut de leurs larmes.
Elle les encourage à maintenir leur cœur vaillant, enlacé dans de beaux souvenirs, loin d’idées de revanche.
Glisse parfois sur son visage une onde de tristesse, une inquiétude comme un besoin de comprendre.
Le souvenir d’un homme aimé, s’en allant aux abords du Mont Fuji.
Un homme, cet autre, si loin.
Une larme dans son cœur.
Dans toutes les larmes s'attarde un espoir, soupire Simone de Beauvoir.
La silhouette filant doucement à l’horizon, Pan E trace son chemin comme si elle formait le souhait de vivre dans un monde plus doux, plus heureux.
Zhou Weihui 周衛慧
Comme j’avais beaucoup aimé son roman, Shanghai Baby (上海宝贝), je suis allé à sa rencontre pour la féliciter.
Je voulais le dire a quel point j’appréciais le personnages de Coco lequel à travers son comportement et sa famille illustre parfaitement les contradictions de la chine contemporaine.
Mélange de sexe, de drogue au risque d’un monde interlope.
“ Vous savez, m’a t-elle dit, j’ai eu beaucoup d’ennui avec ce livre. Beaucoup d’exemplaires sont partis en fumée. Mais, comme il est toujours possible de renaitre de ses cendres, j’ai récidivé et je récidiverai toujours et inlassablement.
Telle une pluie ne s’interrompant jamais. »
Le soir même, j’ai poursuivis la lecture Wo de Shan (我的禅) plus doux tout de même que le précédent.
NE PAS DIABOLISER LA CHINE !
Là, gisant sous nos pieds, le venin se répand.
Tout doucement s’insinue dans l’opinion l’idée que la Chine est un pays hostile, la charge s’invitant bientôt dans les campagnes électorales.
Que lui reproche-t-on exactement ?
De laminer nos industries dont certaines sont moribondes depuis longtemps ?
De détruire l’emploi ?
De laisser exsangue nos économies ?
De porter atteinte à notre modèle social ?
Par delà le factum, levons le voile sur une hypocrisie.
D’aucuns pays ne souhaiteraient pas connaitre le développement économique de la Chine ?
Que ces thuriféraires fassent preuve de cohérence !
Si d’aventure ils envisagent une mondialisation à géométrie variable, qu’ils dénoncent alors toutes les déclarations onusiennes favorables au développement et ainsi de la marche inexorable du monde !
Comment reprocher à une nation naguère famélique de s’en sortir ?
Cette civilisation par cinq fois millénaire prend une revanche sur l’histoire.
Elle s’y accomplit avec une volonté dont beaucoup de pays gagnerait à s’inspirer.
Certes le pays n’a pas choisi le modèle démocratique mais quiconque le connaît mesure la détermination des pouvoirs publics à augmenter le niveau de vie de sa population. Assumant les tâches régaliennes, l’Etat donne le rythme, rectifie les débordements tout en laissant libre cours à l’initiative privé.
Cet engagement rappelle celui de l’Etat Français au lendemain de la guerre ou au début des années 60.
Tout doit être fait pour améliorer le menu quotidien et abolir l’apostrophe trop souvent entendue sur les bords du Chang Jiang : « qu’as-tu mangé ce matin ? »
Francois de la Chevalerie, 2007
Junma
Mi appellido Chino es Junma (Bonito caballo). En lo presente, asumo el cargo de director de dos empresas : CHINA MESSENGERS, la cual se dedica al manejo de proyecto de montajes industriales en el ámbito del sector ambiental y las energías renovables y PANEUROCHINA, la cual desarrolla técnicas de valorización para los sedimentos, sanos o contaminados (barro de mar) y su explotación con el fin de fabricar materiales de construcción. Las dos compañías están ubicadas en Tianjin. Adicionalmente, soy miembro fundador de d'IR & Amiante (IR & Asbestos), corporación Industrial especializada en el tratamiento y la inertización de amianto (www.iramiante.com). Por fin, animo la Secretaría General del Fondo de Tecnología Itgium (www.itgium.com).
Mexico & China
La comunidad Mexicana en Tianjin es poca numerosa a pesar de que su población esta estimada a 12 M de habitantes con un PIB parecido igual al de la Ciudad de México.
Se cuenta algo como 10 personas, la mayoría estudiantes (Tech de Monterrey) y unos aventureros procedentes de Nogales (algo sospechoso).
Debido a mis conexiones mexicanas, en una reunión en el Hotel Astor, el grupo me nombro : Delegado de México en Tianjin.
Recibí el nombramiento con honor y orgullo aunque desconozco las tareas que el cargo requiere. Sin embargo, hemos decidido de festejar el evento con cerveza Corona la cual se vende por todos lados en China.
Résidant à Tianjin (天津) et à Qingyuan (清远 ), Province du Guǎngdōng (广东), je suis un entrepreneur (qǐ yè jiā 企业家) passionné par l’environnement, notamment, le recyclage des sédiments et la gestion des risques sanitaires.
Au delà de mes activités professionnelles, je suis tombé amoureux (ài shàng 爱爱上) de la Chine dont j'aime parcourir les villes et les campagnes à la recherche du moindre secret, d’un bel éclat, m’en allant à l'aventure (mào xiǎn 冒险).
Mon nom chinois est jùn mǎ (俊 马).
Légère coquetterie dans le choix des mots, en Français : élégant ou gracieux cheval.
François de la Chevalerie
Tianjinaise, Modernité (时新)
Regard de velours, la Tianjinaise compose avec une gentillesse naturelle jamais feinte. Le mot juste, elle trace d'heureuses perspectives.
Dèng Lìjūn 邓丽君
Le regret de ma vie est de ne pas l’avoir rassurée en 1992 devant l’église de Saint Germain des Près.
N’avais-je pas compris que sa voix chaleureuse et douce allait porter l’âme de la Chine encore pour de longues décennies ?
Brutalement, ce jour là, son visage se glace d’effroi.
Elle reprend sa respiration, baisse légèrement la tête, les yeux fuyant.
Glisse une larme sur sa joue.
Une autre encore.
Elle pose délicatement sa main au visage, cherche à réprimer une soudaine tristesse.
Ce mot de Simone de Beauvoir:
"Dans toutes les larmes s'attarde un espoir".
Ma belle endormie, je l’aime toujours, sa voix, sa beauté, ce goût à la vie.
Sòng Qìnglíng 宋庆龄
Sòng Qìnglíng, Madame Sun Yat-sen, deuxième épouse du Père de la Chine moderne offrait une beauté sage telle que je les aime.
A la mort de ce dernier, a-t-elle conçu une affection particulière pour Israel Epstein et Edgar Snow, deux fervents soutien de la révolution chinoise ?
Dieu seul le sait mais si d’aventure j’avais été dans les parages, je lui aurais dit :
« L'amour de la patrie est notre Loi. (Amor patriæ nostra lex).
Mère de la Chine moderne (guomu), elle a accompagné le peuple de Chine dans ses heures sombres et de gloire.
Vraie marxiste mais dissidente dans les années sombres de la révolution culturelle, elle a condamné sans relâche l’idolâtrie maoïste, la dérive d’un potentat.
Pour avoir exprimé librement son opinion, elle a été emprisonnée pendant 6 ans (1969 à 1975), torturée, puis exécutée par décapitation.
Comment la Chine pourra-t-elle se remettre d’une telle honte ?
Comme ma tante Edith de la Chevalerie, c’est une femme exemplaire digne de toutes les louanges, un exemple.
Zhang Jingchu 張靜初
- Pourquoi diable as-tu changé ton prénom ? Jing, ceint en or, n’est ce pas le plus merveilleux des prénoms ? interroge-je.
- Jingchu, c’est le mien dorénavant, ceint en or, en argent, en bronze.
Diplômée de la fabuleuse Central Academy of Drama de Beijing, (Zhōngyāng Xìjù Xuéyuàn), Jingchu enchaine les rôles.
Inquiète, l’âme en peine, luttant contre des hommes, des lâches.
Belle toujours.
Bientôt elle est portée aux nu par Time magazine, belle Asia's Heroes de notre temps.
Je l’interroge encore :
- Est ce de trop tout cela lorsqu’on se meut encore dans la jeunesse ?
Se dresse un sourire sur son visage.
- Je me souviens de mon premier cours de diction, me dit-elle. Ces mots...
Je reconnais la trace de mes premiers feux
(Agnosco veteris vestigia flammæ, Virgile, l’Énéide)
De mes feux mal éteints j'ai reconnu la trace
(Racine, Andromaque)
Gāo Yuányuán 高圆圆
Autodidacte, Gao fait ses premiers pas dans une comédie de pâle facture, Spicy Love Soup. Normalement, elle aurait du disparaître derrière la rampe comme chaque année dix mille actrices de peu de talent.
C’était sans compter avec son imparable fraicheur, une nature douce, loin du jeu par trop calculé des starlettes hongkongaises.
En 2002, elle s’emploie merveilleusement bien dans le rôle de Zhou Zhiruo pour la série télévisée The Heaven Sword and Dragon Saber.
En 2005, elle étonne dans le film de Wang Xiaoshuai, Shanghai Dreams qui remporte le Prix de Jury. Elle se fait encore applaudir avec Jackie Chan dans le film Rob-B-Hood
Vient alors la grâce, elle joue Mlle Jiang dans le film City of Life and Death (南京!南京!, Nanjing, Nanjing) qui raconte l’histoire des troupes japonaises se livrant à un terrible massacre à l'encontre des civils chinois.
Portée désormais vers la gloire, la belle Gao !
Shu Qi 舒淇
Pour accéder à la notoriété, un choix douloureux s’impose à toute jeune ambitieuse, originaire de Taiwan, sans nom, sans relation.
Quelque temps durant, il faut prêter son corps, se mettre dans l’ambiance.
Aussitôt dans les rangs, Shu Qi fait merveille dans « Love is not a Game, But a Joke ».
Plus tard, je la retrouve dans « Millennium Mambo » et « Three Time »s où elle excelle.
Un dimanche matin, je la rejoins sur l’Avenue of Stars (星光大道) dans le quartier de Tsim Sha Tsui à Hong Kong.
Sortant d’un festival de cinéma dédié aux stars hollywoodiens des années trente, avant que je ne l’interroge, elle s’exclame :
- Made it, Ma ! Top of the world !
Je suis laissé sans réponse, médusé.
- James Cagney, White Heat !
Zhào Wēi 赵薇
Lorsque je l’ai vue pour la première fois dans le rôle de "Little Swallow" (小燕) dans la série télévisée Princess Pearl (还珠格格) en 1997, j’ai été surpris par la simplicité et l’efficacité de son jeu.
Alerte et généreuse dans l’expression de son talent.
Pareillement, sa voix est heureuse.
Dans son album Swallow, elle chante avec élégance
Son talent est tellement reconnu qu’il lui suffit de réciter seulement 25 lignes dans l’heureux film « Les Guerriers de l'empire céleste » pour devenir l’Artiste féminine la plus populaire de Chine.
Gigi Leung
Quelle audace pour une totale de l’inconnue de se lancer dans l’arène violent du show biz avec un album au titre si narcissique sur Love Myself (1996) 愛自己 ?
Elle assume élégamment cette impertinence.
- Comment ne pourrais pas m’aimer ? N’est ce pas mie vie que je porte dans mon corps. Si je ne m’aimais pas ou en serais-je aujourd’hui, Meurtrie, dans le sang ?
Défense imparable dont elle titre un beau sourire.
La voilà s’exposant dans vingt films, enchainant les albums, cette grande fille s’offre tous les genres.
Je l’arrête sur son chemin.
- Attention, Gigi ! Tu souffres d’un asthme chronique. Je ne souhaite pas que tu sois emportée par le même sort que celui qui a arraché à la vie mon adorée Dèng Lìjūn.
Gigi regarde alors vers le ciel.
- Quand le moment sera venu, je me laisserai emporter, doucement, sans hâte.
Faye Wong 王菲
D’abord, une inquiétude.
Elle fait la une de Time Magazine.
Aurait-elle la grosse tête, enflée à jamais ?
Agréable objet à l’usage des médias occidentaux à la recherche d’une icône chinoise bon teint, plutôt jolie, prêtant sa voix sensuelle à de belles chansons.
Je la croise, l’interroge.
Elle retient ses larmes.
Une chanson file entre ses lèvres.
Elle raconte la naissance de sa fille.
- Comme le temps avance inexorablement, je ne verrai plus la lumière dans 50 ans mais ma fille sera toujours de ce monde, portant la mémoire de sa maman.
Je la taquine alors.
- La présence sur Terre le temps d’une vie, est-ce bien utile ? N’avons nous pas mieux à faire en restant dans l’au-delà ? Que d’infortune pour une musique connue, celle d’une mort annoncée ?
Elle porte alors son regard sur une affiche qui domine son appartement.
Des enfants à l’air hagard, le visage en sang, sous les décombres d’une maison.
Le souvenir de l’effrayant tremblement de terre du Sichuan (2008).
- J’ai chanté pour eux. Lorsque j’ai vu sur leur visage glisser un sourire, je me suis dis que mon existence avait un sens.
Yuan Quan
Comme j’ai beaucoup aimée dans le film The Last Tycoon (2012 film) de Wong Jing où elle s’imposait, toute flamme tout feu, dans le rôle de la redoutable patronne de la triade de Shanghai dans les années 30, je lui ai écrit pour la féliciter.
Elle m'a répondu, le ton de la voix inquiet.
- Penses tu que je puisse en retirer une bonne réputation ?
Zhou Xuan 周璇
Jolie Jade, son nom, offre une silhouette gracieuse, un charmant profil.
Je l’ai revue au moins dix fois dans le film Les Anges du boulevard (馬路天使, malu tianshi) avec toujours une même question : comment le destin a-t-il donné vie à une femme aussi sublime ?
Jamais Jolie Jade ne reçut de réponse, ses parents biologiques lui furent toujours inconnus.
Je l’aimerais toujours, chantonnant à l’infini, Ye Shanghai.
Morte trop jeune, s’en allant doucement vers l’autre monde.
Wei Wei 韦唯
Il est toujours dangereux de se frotter avec une icône nationale, une Madame aux mille chansons dont le si beau Today is Your Birthday utilisé comme thème de la fête nationale chinoise.
Lorsque je la rencontre à Hohhot, en Mongolie intérieure, ville de sa naissance, je cherche mes mots, la voix légèrement tremblante.
Elle me rassure par un sourire puis elle m’interroge :
- Ai je le droit de dire la vérité ?
J’acquiesce favorablement.
- Je suis heureuse d’être chinoise comme je suis fière de mon pays, de mon peuple, de mes ancêtres et de tous ceux qui me succéderont sur une Terre que j’aime tant.
Tianjin : Population & Etrangers & Religions
POPULATION : 13 000 000 dont Han (97.29%), Hui (1.75%), Manchu (0.57%)
DENSITE : 980/km² -
ETRANGERS A TIANJIN : Ce n'est pas une ville cosmopolite. La présence des étrangers est très faible. Selon le bureau de l'Etat Civil de Tianjin, en 2011, la répartition serait peu ou prou la suivante : Coréens (12000), Philippins (7000), Indiens (4000), Russes (3000), Américains (1500), Australiens (1000), Kazakhs (600), Allemands (550), Ouzbeks (400), Japonais (350), Italiens (250), Malaisiens (200), Canadiens (180), Thaïs (150), Indonésiens (150), Anglais (135), Néo Zélandais (100), Vietnamiens (100), Pakistanais (100), Iraniens (100), Angolais (100), Nigérians (100), Néerlandais (120), Français (90), Brésiliens (70), Belges (50), Mexicains (10)
RELIGIONS A TIANJIN : sans religion (6 millions), bouddhistes au sens large avec des pratiques bouddhistes (2 millions), religions chinoises notamment taôistes (1 million), musulmans (Hui 200 000, Ouïghours 20 000), protestants (80 000), catholiques (50 000), juifs, essentiellement des étrangers (100)
Mon équipe de Sumo
En 2009, j’ai fondé l’équipe de SUMO de Tanggu 相撲 塘沽区.
Rapidement, s’est constituée une petite équipe soudée autour de vaillants gaillards, indomptables et au cœur généreux.
Avant l'affrontement, les lutteurs chassent les esprits en frappant le sol avec les pieds, après les avoir levés très haut.
Puis, en signe de purification, ils prennent une poignée de sel et la lancent sur le cercle de combat.
Débute alors la charge sous de belles masses.
Mon équipe a tenu ses promesses, gagnant par deux fois (2011 et 2012) le tournoi des Clubs Sumo de Tianjin.
Sanmao 三毛
C’est sans doute l’un de mes plus grands bonheurs de lecture de la littérature chinoise contemporaine.
J’ai adoré les chroniques du Sahara (Sāhālā de gùshi) où elle raconte ses 13 années de vie dans le désert, suivant les traces du père de Foucault.
C’est un monument de poésie et de rêves, bien avant que cette terre “miraculeuse” soit envahie par des bandes barbares.
Du coup, emporté par ses rêves, j’ai lu la biographie qui lui est consacrée Sanmao de meng yu renshen (Le Rêve et l'existence de Sanmao).
Puis le rêve, un effroyable jour de l’année 1991, s’est fait triste.
San Mao a été découverte morte, suicidée et assassinée.
Je suis aller prier pour cette femme qui m’a tant donnée sur le temple taôiste du mont Heng Shan (衡山), recevant une partie de ses rêves.
Maggie Cheung Man-yuk 張曼玉
Miss Hongkong en 1983, tout le monde déjà chérissait son regard, la beauté de ses traits, cette douce légèreté.
Voilà qu’elle accomplit son destin dans l’un des plus beaux film chinois, Huāyàng niánhuá (in the mood for love) incarnant Madame Chan, tellement esseulée qu’elle s’éprend d’un autre solitaire.
Nait alors l’un des plus beaux couples du cinéma.
Silence, nous devons faire silence devant tant de sincérité, de discrétion.
Le dialecte de Tianjin – le Tianjin hua
A Tianjin, il n’existe pas à proprement parler de dialecte local mais plutôt un accent très accentué, délibérément nasillard. De nombreux mots sont souvent affligés d’un « ar » s’étirant et selon tonalité basse. Du coup, lorsqu’on arrive pour la première fois à Tianjin, vient cette curieuse impression de se trouver quelque part entre Kansas City et Omaha. Par rapport au Beijing Hua, les différences sont mineures sauf pour le premier ton. Très marqué à Beijing, il se déclame à Tianjin selon une note plus basse.
Vous comblerez ou amuserez vos amis Tianjinois ou Tianjinais en parlant avec quelques tonalités locales, témoignage de votre adaptation, voire de votre enracinement à Tianjin.
Danqing Huang
Originaire de Dianbai, Danqing est l’âme de Guangzhou.
Femme d’affaire très active, dotée d’une belle énergie, elle navigue avec célérité parmi les villes du Guangdong.
Chaque fois que je la croise, elle lâche un doux sourire puis s’exclame :
«Le ciel est ouvert à ceux qui ont des ailes (Alta alatis patent)»
Quelques dates
1860, le traité de Pékin ;
1870, le saccage de l'orphelinat français ;
1928, apogée de Tianjin ;
1937, l'armée japonaise occupe les concessions ;
1943 à 1945, les concessions dissoutes ;
15 janvier 1949, Tianjin est libéré par l'armée de libération populaire ;
Depuis 1984, renouveau de Tianjin.
Personnages célèbres de Tianjin
Chinois (Seigneurs de guerre, Zhou Enlai, Puyi, Dai Xialong, Wen Jiabao)
Occidentaux (Gustav Detring au service de Li Hongzhang, Herbert Clark Hoover, futur Président des Etats-Unis (l’American Barracks), France (Teilhard de Chardin)
YANG Liping 杨丽萍
Quelle drôle d’aventure, la vie !
La première fois, j’allais à reculons voir sa chorégraphie "Dynamic Yunnan".
Tout grognon, soupirant d’ennui.
Divine surprise ! Rarement ai je été autant bousculé dans ma vie !
Le rideau tombant, j’applaudissais à tout rompre l’épopée des 26 tribus du Yunnan.
Le lendemain, reprenant mes quartiers dans la même salle de spectacle, je l’applaudissais plus encore
Ce soir là, je me faufilais dans les coulisses.
Je la retrouvais méditant devant un the Jasmin.
- Puis je vous connaitre ? Demandais-je dans un sursaut.
- Serait ce trop tôt ou trop tard ? Je n’ai plus l’âge à me faire fêter mais j’ai l’âge de comprendre.
Je lui ai dit tout ce que je savais sur les entrailles du Yunnan, un bataillon de mots.
- Le brouillard est parfois intense à Xishuangbanna, l’on ne voit pas l’on devine seulement.
Jane Zhang
Lorsque je l’ai vue chanter pour la première fois Huà Xīn (畫心; Painted Heart) musique tirée du film Painted Skin (畫皮), j’ai été saisi par le timbre de sa voix s’en allant vers de belles hauteurs.
Lorsque je l’ai revue envelopper sur des notes longues la fresque musicale de Kitaro "Impressions Of The West Lake", je l’ai admirée, applaudissant à tout rompre, lançant sans compter des « Bravo ! ».
Tout comme je me laissais alors surprendre par son regard où se mêlent tristesse et mélancolie.
Sans doute Jade portera-t-elle longtemps sur son visage la douleur du divorce chahuté de ses parents alors qu’elle avait tout juste 13 ans.
Peut être est-ce cette souffrance la raison d’une force inébranlable qui lui a fait gravir tous les échelons : première place dans la compétition vocale la plus courue en Chine devant plus de 400 millions de téléspectateurs (super girl), devenant l’invitée vedette du Oprah Winfrey" talk show, côtoyant même les Pink floyd.
Dieu sait où les vents l’emporteront !
Yang Likun
Danseuse et chanteuse, en son temps, on la surnommait la Judy Garland chinoise.
Membre de l’ethnie Yi, elle est la neuvième d’une fratrie de onze enfants, ce qui lui vaut le surnom de "Xiaojiuer".
Elle a joué dans de deux célèbres comédies musicales avant d’être totalement détruite par la révolution culturelle.
Laminée à tel point qu’elle ne reviendra plus jamais sur scène.
Pour ces deux raisons, je l’adore plus que tout – son talent comme son courage – et je me rends souvent sur sa tombe à Shanghai.
Yang Lan
Un tantinet taquine, chahutant surtout les hommes, Yang Lan se vante d’être la Oprah Winfrey chinoise.
Bill Clinton et Henry Kissinger en ont fait les frais ne sachant plus comment répondre.
Lorsque je l’ai aperçue pour la première fois bataillant l’argument, je l’ai trouvé séduisante mais aussi franchement autoritaire.
Elle s’en est expliquée en m’assurant que pour réaliser ses ambitions, il lui fallait une poigne masculine.
La voilà donc une décennie après, Présidente de la société Sun Television Cybernetworks établie à Shanghai et l’une des femmes les plus riches de Chine.
Son rêve étant accompli, je l’ai de nouveau interrogée.
- Me voilà mieux, je suis redevenue entièrement femme !
Shirley Wong
Lorsque je me suis rendu dans sa galerie à Guangzhou, j’ai tout de suite admiré l’œuvre de Shirley Wong, peintre et femme de lettre.
C’est elle qui m’a fait connaître de nombreux auteurs chinois avec toujours ce même conseil : « Laisse toi porter une nuit durant par le silence des mots »
Yan Fengying
Elle est remarquable dans l’opéra de Huangmei, d’une beauté captivante.
Je l’ai adorée dans le chef d’œuvre "The Cowherd and The Girl Weaver" où elle suspend sa voix presque vers l’infini.
Elle est morte lorsque la vie tout juste s’emballe, à 38 ans, le plus bel âge pour une femme.
Jiang Qing 江青
Je suis sans doute le seul homme sur la planète à être tombé amoureux de celle qui fut la quatrième et dernière épouse de Mao Zedong.
Femme de caractère, longtemps détestée en Chine, aujourd’hui presque totalement oubliée, je me lui laissé emporté dans mes rêves par une photo d’elle s’en allant tout juste dans sa vingtième année.
- Comment peut on aimer un monstre ? demande un ami.
- En arrêtant sine die le fil des années !
Nous voilà en 1934, cette belle fleur croisant mon chemin, je l’aurais alors conviée à une bien meilleure partition que celle qui la conduite dans l’arène détestable du pouvoir et d'un prince rouge légendaire.
Gu Kailai
En 2000, un ami m’appelle, la voix fiévreuse.
- je sais qu’elle est la Jackie Kennedy Chinoise !
Il s’épuise alors dans une salve d'épithètes tout à l’honneur de Gu Kailai.
Puis il me convie à Dalian.
Je suis aussitôt ébloui par une silhouette gracieuse, le tailleur moulant, un foulard de soie glissant légèrement sur la nuque.
Une gestuelle sobre, jamais de mouvements brusques, une sorte de discipline.
Une belle dame que j’aurais plutôt dénommé la future Madame Tchang Kaï-Chek.
Patatras !
Le goût du pouvoir est une chose inique.
En 2012, Gu Kailai est condamnée à mort avec une peine suspensive pour avoir fait assassiné un anglais.
Figée, sans réaction, au Tribunal, elle est alors insensible à son sort, la mort ayant peut être déjà pris pleinement possession de son âme.
Cependant, dans la déchéance, elle est toujours belle et élégante.
Un irrésistible parfum de Jackie et de Sòng Měilíng.
Lou Jing
« Je suis chinoise », s’exclame Lóu Jìng.
« De toute mon âme », ajoute-t-elle, la voix légèrement chahutée par l’émotion.
Shanghaienne, Lóu Jìng fait souche sur Terre voici une vingtaine d’année, le visage empreint des belles couleurs de son père, homme noir d’Amérique et de sa mère, chinoise.
En 2009, participant à une émission de variété, Lóu Jìng devient brutalement célèbre.
De nombreuses voix s’étonnent alors que ce beau visage puisse être chinois, arrimé à une civilisation cinq fois millénaires.
Vaguent des mots peu élégants.
Du bruit venant souvent des mâles, la tête envahi par leurs démons.
Au lieu de batailler contre l’absurde, Lóu Jìng rétorque simplement :
"J’ai été élevée en Chine".
Originaires du Henan ou de l’Anhui, ses amis s’appellent Li, Liu, Wang, Yang et Zhang, Lin.
« Je remercie mes parents de m’avoir donné la vie. » ajoute-t-elle, son visage composant avec un beau sourire.
L’on songe en silence a l’avenir.
Dans quarante ou cinquante ans, son fils ou sa fille deviendra peut être le porte drapeau, la figure de la Chine d’alors
Homme ou femme de ce monde.
Wǔ Zétiān
Malgré les critiques des historiens confucianistes, cette concubine a porté haut vers la lumière le flambeau de sa propre dynastie Zhou, seule impératrice de toute l'histoire de Chine.
Avec des sourcils arqués comme des antennes de papillon, elle était autoritaire, cruelle en ses heures.
Surtout une féministe avant l’heure bousculant des hordes d’homme, l’empereur Gaozong et sa troupe.
Mián Mián 棉棉
Dure a été la lecture des Bonbons chinois où Mián Mián raconte l’univers glauque de la drogue et du besoin frénétique du sexe de la jeunesse underground de Pékin.
Je suis parfois aveugle, loin de penser que la jeunesse chinoise puisse être à ce point sur la dérive, voguant vers la déchéance.
La raideur des romans Mián Mián détonne dans univers littéraire chinois plutôt lisse, glissant doucement.
D’ailleurs, la plupart sont censurés.
Du coup, je l’ai interrogée.
« Mes romans me permettent de survivre dans un monde de brutes, dans cette Chine dont on parle de la puissance restaurée mais qui n’est qu’un amalgame d’intérêts individuels, une machine où l’homme compte à peine.
Alors dans ces conditions, comment survivre ?
Se perdre dans la drogue et le sexe ?
Ou se perdre dans l’écriture. »
Lin Jing
Sylvie Lin Jing, son monde entre cinq paradoxes.
Femme lettrée, dotée d’une forte sensibilité, elle nourrit l’espoir d’une existence banale et confortable, à l’ombre d’un mari quelconque, une vie sans âme.
L’esprit romantique, souvent la larme à l’œil, elle s’abime dans de sombres colères sans issue.
Femme d’une impeccable honnêteté, se gonflant parfois de mots à l’emporte pièce, elle pousse trop loin ses choix radicaux.
Le verbe talentueux, elle refuse de s’en saisir, écrit peu ou rien, sommeillant plutôt à l'ombre des grands écrivains.
Comblé par l'anonymat, elle ne veut pas entendre parler d'elle, s'aimant peut être trop peu pour être la plus belle.
L’âge venant, tout cela confondu, disséqué et broyé, donne un merveilleux roman, "Meredith, my Uncreated 2050 Chinese girl".
Rebecca Xu
Originaire de Guangzhou, Rebecca conduit les destinées en d’une marque célèbre de vins espagnols en Chine. Oenologue renommée, c’est elle qui m’a appris comment gouter dignement un breuvage.
Hirondelle
Elle s’appelle yàn (hirondelle), elle chante merveilleusement le répertoire de ma bien aimée Deng Lijun.
L’opinion d’un Mexicain sur Tianjin
Tianjin est une ville géante et moderne traversée par d'immenses avenues.
Ici, toutes les distances sont démesurées.
La sortie des bureaux est un spectacle étourdissant.
Des millions de vélo et de voitures déboulent de partout, n'importe comment, sans la moindre règle !
L'on évolue à contresens.
De la droite l'on passe à gauche et l'inverse
Tout semble permis.
Croyez-moi, j'ai failli mourir cent fois mais heureusement la vierge Guadalupe me protège, moi le natif de Colima !
L'on dit ici que les chinois conduisent comme ils mènent des affaires : à la moindre interstice, ils s'engagent.
Qu'importe les dangers !
A Tianjin, j'ai respiré a pleins poumons des odeurs variées de souffre, d'oxyde d'azote, de chlore, de mélange composite d'acide (la pollution a Mexico, c'est de la blague!).
Les Chinois ne semblent manifester aucun intérêt pour les questions écologiques.
Ils ont peut-être raison, la guerre économique est à ce prix ! Dans l'urgence, je me suis acheté un cache visage FPP3!
J'ai l'impression d'être le seul moreno(bronzé) de la ville. Bizarrement, les chinois ne me dévisagent pas.
Rien, pas le moindre regard.
Même les filles ne s'y osent pas. Dommage !
A Tianjin, pratiquement personne ne parle anglais.
Je suis donc obligé de baragouiner quelques mots mais personne ne me comprend.
A partir de demain, une étudiante va me donner des cours de langue.
En échange, je vais lui préparer un Pozole, en égrenant le refrain de « la historia de un amor », style los Panchos.
Les Chinois sont d'une impolitesse incroyable. Mais ils n'agissent jamais par méchanceté.
Chacun doit trouver sa place dans cette pétaudière.
Aussi, il ne faut pas craindre les bousculades, les débordements ! L'on se rue ici comme on peut !
Les Tianjoinois sont plutôt gais et cordiaux. Ils n'ont pas l'air malheureux, plutôt débordants de vie.
Tianjin est une ville sure.
Très peu de policier, des voitures que l'on ne ferme pas, aucune porte close.
Que c'est agréable !
Mais demain je retourne à México, je suis déjà sur les nerfs !
Pépé Gomez de Uriarte, 3 décembre 2009
Les chinois et le racisme en France
Comme les autres asiatiques, les chinois répugnent à descendre dans l’arène.
Discrets, profil bas, ils font rarement entendre leurs voix.
De surcroît, ils protestent peu contre les discours ambiants hostiles à la Chine.
Quand ils s’affirment, ils agissent doucement, à mots comptés.
Ils rapportent alors leur opinion sans chercher nécessairement à réajuster celle de l’autre.
Nullement n’ont-ils à souhait d’en découdre.
Nullement s’emportent-ils gratuitement.
Aucun mot en trop, de mot inutile.
Depuis plusieurs années, à Paris, le chinois est la cible désignée des voleurs dont beaucoup opèrent avec une rare violence. Supposé nanti en argent liquide, il serait un morceau de choix. Le chinois, l’argent.
Donc une race et son prétendu attribut.
L’année dernière, les chinois s’étaient émus de cette situation, exigeant plus sécurité.
Une année s’est écoulée sans progrès, culminant avec la mise en coma de l’un des leurs.
Déçus par l’absence de réponse des pouvoirs publics, ils ont repris le chemin de la rue en se drapant de l’étendard français et en scandant les principes de la République.
Ils s’y sont prêtés courageusement en prenant le risque de s’attirer les foudres de l’Ambassade de Chine.
Fort active, celle-ci ne goute guère aux manifestations publiques de ses membres.
Qu’importe !
Les chinois de Paris ont fait confiance à la liberté de s’exprimer qu’ils ont acquise en France. Sans déraper. Nullement n’ont-il placé ce rendez vous sous l’angle d’une confrontation communautaire alors que leurs agresseurs n’en font pas mystère. Nullement n’ont-ils blâmé la France.
Pourtant, lors de ce défilé, ils étaient bien seuls. Entre eux presque uniquement. De-ci delà, des amis, quelques conjoints. Peu de solidarité comme si cette cause ne pouvait suggérer l’émotion.
Aucune association anti raciste, aucune figure politique ne s’était jointe.
Le peu d’enthousiasme à les soutenir ne suggère-t-il pas l’existence de discours ambivalents ?
D’associations antiracistes justifiant ainsi leur existence mais indisponible dès lors que le fait rapporté pourrait gêner aux entournures une autre communauté, celle-là plus turbulente sur la place publique.
Est-il possible de tolérer pour les uns ce que l’on envisage pas pour les autres ?
De politiciens se donnant bonne conscience, tantôt se voilant la face, tantôt agissant, comme pour mieux s’exonérer de l’obligation de s’investir réellement sur le sujet, indistinctement de la race, loin des convenances.
De politiciens encore qui sous prétexte de lutte contre la mondialisation accable la Chine de tous les maux alors que ce pays fut-il important participe comme d’autres à la relève de l’Occident : l’Inde, le Brésil, le Vietnam, les pays du golfe, l’Afrique du Sud et beaucoup d’autres.
Bien plus que la moitié de l’humanité !
Quel est donc cet étrange dessein consistant à faire du chinois l’unique bouc émissaire ?
Ceux là mêmes qui s’y emploient, n’ont-il pas en mémoire d’affreux souvenirs ?
Ceux là mêmes ne sont-ils pas devenus les meilleurs alliés de voyous racistes qui sévissent, le plus souvent impunis ?
D’un politicien enfin qui s’étourdissant dans des formules vante un axe black blanc beur contre les chinois.
De ce drôle d’artifice à géométrie variable, il se pourrait bien que l’anti-racisme souffre d’un manque d’harmonie en France.
François de la Chevalerie (Tianjin) et Jing-Chao Zhao-Emonet (Paris)
Juillet 2011
La question des visas entre la France et la Chine de François de la Chevalerie (Le Journal le Monde 04.08.2010)
Longtemps, la France était la destination rêvée des chinois. Telle une exigence, chacun se devait un jour de visiter ce pays ami. Comme s’y accomplirent, au temps de leur jeunesse, Zhou Enlai et Deng Xiao Ping. Depuis que la France a été le premier pays occidental à reconnaître la Chine populaire, une amitié sincère liait les deux pays. Presque une histoire sentimentale comme s’en amusent les chinois en qualifiant les français de romantique. Ce mot léger recouvrait une réalité. D’emblée, les chinois aimaient la France.
Déjà l’épisode de la présence française aux jeux olympiques avait sonné le glas d’un compagnonnage. Depuis, la mauvaise humeur persiste.
Le souhait de tout chinois étant de se rendre en France, les restrictions apportées à l’octroi des visas bousculent les meilleures volontés. Sans doute doit-on traquer les clandestins mais ce choix nourrit inévitablement la suspicion. Avant de fouler la France, chacun doit montrer patte blanche. Des lors beaucoup se rendent aux consulats, la peur au ventre. Ce sentiment existe ailleurs mais en Chine il se double d’une honte, d’une défaite. Qui plus est, l’accueil parfois mitigé réservé dans les aéroports français aux Chinois conforte ce trouble. Selon que la silhouette dérange, certains sont questionnés. Bientôt soupçonnés.
S’ajoute une rumeur, la France serait un pays dangereux. Du Shanxi au Hunan, des images circulent, des compatriotes s’y feraient détroussés. Méconnaissant la langue, habitués à vivre dans un pays où le vol est rare, ils sont des proies faciles. Se croyant en confiance, ils arpentent les rues, l’âme légère. Les méfaits dont ils sont l’objet chahutent désormais ce sentiment. Telle est l’opinion des franco chinois de Belleville, victimes d’une délinquance à caractère ethnique. Jugeant leur dynamisme commercial par trop voyant, les édiles parisiens ont souvent prêté une attention distraite à ce problème. Les exactions s’aggravant, les chinois sont descendus dans l’arène. Tel un signe de désespoir pour une communauté discrète, peu rebelle.
L’image de la France se brouille plus encore avec l’apparition de discours hostiles. Selon certains, la Chine ne jouerait pas le jeu. Sans foi ni loi, ce pays étranglerait l’économie mondiale. Bientôt, responsable de tous les maux ! Certes l’émergence de la Chine perturbe mais les vrais responsables ne sont-ils pas à rechercher ailleurs ? Au nombre, des grandes entreprises avides de rentabilité, délocalisant a tout va ; des politiques privilégiant le maintien du pouvoir au prix d’importations à bas coûts ; un recours massif à l’endettement pour tenir dans les cordes.
Mauvaise conseillère, la mauvaise humeur se propage en Chine. Déjà sourcilleux, son nationalisme économique n’est plus toujours bienveillant. Comme en témoignent des mesures récentes discriminant les entreprises étrangères, donc l’étranger. S’ajoute un semblable raidissement dans l’octroi des visas. Oeil pour œil, dent pour dent ! Triste musique !
S’installe une ambiance délétère. L’amitié se meut en un doute. Après tout, peut être est il normal que le couple franco chinois s’affranchisse d’une relation particulière, chaque pays se recroquevillant derrière ses seuls intérêts ? Peut être est-ce logique que la France épouse la position du camp occidental et la Chine, celle d’un militantisme nationaliste ? Seulement voila, poussée a l’extrême, cette approche est dangereuse. L’on ne sait jamais quand s’arrête le chacun pour soi ! Plutôt que cette pale perspective, mieux vaut s’employer à restaurer cette confiance. Sans fausse naïveté, sans compromission, sans interdit mais en jouant d’une singularité, celle de deux pays amis, soucieux de construire ensemble.
Slim figure, lightly floating in the air, toddling towards us.
Seemingly fragile-looking flower.
Absolutely not !
Once installed in the sedan rented by Liu Wei, she takes the drive, heading immediately to Dianbai, his hometown at a forced march, doubling hordes of trucks.
Born into a family of four, Danqing claims to speak easily several languages, the Dianbai local mysterious dialect, Cantonese, Mandarin, English with a slight of Aussie accent and some French.
Danqing
Polyglot, she easily evolves herself in different cultures.
The Western side providing trust and energy.
The Chinese one, pragmatism and wisdom.
In a changing world, Danqing is seen as a symbol of female modernity, open-minded, eager to love one’s neighbour.
Sometimes, she looks lonely, withdrawn and afraid.
Living remembrances of a loving affair.
As a proactive business woman, she spent her time spreading all over the Guangdong province a famous Spanish grape.
Talented artist, she shapes wonderful bouquets that bring joy to the Guangzhou major hotels, its best restaurants.
Tangle of flowers, releasing a scent of beauty and happiness into the today damaging world.
The scent of magic, the beauty that’s been when love was wilder than the wind.
Flowers for just married couple, offering them eternal love.
Danqing
And now what’s about her destiny ?
What will be the fate of this modern and sensitive woman for the coming years?
As she wishes, she will be married.
Her husband : Italian, Spanish or German.
As Balzac said, the bottle does not matter as much as the drunkenness.
From this union, granted by mixed cultures, a delicious little girl will land on earth
In a laps of thirty or forty years, Meredith will become the first Chinese astronaut to reach and live on the planet Mars.
When I mention so, Danqing releases a sweet smile and exclaim herself :
- The sky is open to those who have wings (Alta alatis patent)
La première fois que je l’ai vue, c’était à Guangzhou.
Silhouette fine, flottant légèrement dans l’air, le pas chancelant.
En apparence fragile.
Nullement !
Aussitôt installée dans notre berline, elle prend le volant, s’en allant aussitôt vers Dianbai, sa ville natale.
A marche rapide, doublant des hordes de camions,
Née dans une fratrie de quatre enfants, Danqing joue avec les langues, le dialecte de Dianbai, le cantonais, le mandarin et l’anglais qu’elle parle avec un léger accent australien.
Polyglotte, elle évolue aisément dans différentes cultures.
Danqing
Dans un monde changeant, Danqing est une femme résolument moderne, à l’esprit ouvert, désireuse de connaître l’autre.
Femme d’affaire très active, dotée d’une belle énergie, elle répand aux quatre coins de la province du Guangdong, un ceps espagnol de qualité.
Artiste de talent, elle façonne de merveilleux bouquets qui font la joie des grands hôtels de Guangzhou, de ses meilleurs restaurants.
Des fleurs s’emmêlant, lâchant dans l’univers un parfum de beauté.
Danqing
Des fleurs pour de jeunes mariés, leur offrant l’amour éternel.
S’annonce alors le destin.
Que deviendra cette femme moderne dans les années à venir ?
Comme elle se le souhaite, elle sera mariée.
Son époux, un italien, un espagnol ou un allemand.
De cette union, naitra une petite fille, mélangé exquis de deux cultures, de deux regards.
Une petite Meredith qui deviendra dans trente ou quarante ans la première astronaute chinoise à rejoindre et a vivre sur la planète Mars.
Chaque fois que je mentionne cet horizon, Danqing lâche un doux sourire puis s’exclame :
- Le ciel est ouvert à ceux qui ont des ailes (Alta alatis patent)
Les histoires de Sylvie Lin Jing, femme de Shanghai
Un vrai restaurant mexicain, le merveilleux décor d’une hacienda
Un vrai restaurant mexicain, le merveilleux décor d’une hacienda.
Lorsqu’une chinoise durablement enracinée dans la Terre promise de Shanghai invite un mexicain dans le restaurant mexicain le plus huppé de la ville, cela sonne comme une belle promesse.
Lorsqu’elle cette même chinoise, probablement mariée, arbore une tenue franchement sexy, le corset légèrement ouvert, l’affaire est alors risquée
Voilà donc ce couple improbable se glissant dans une bâtisse blanche rappelant les belles demeures du quartier de la Condesa à Mexico.
Mi Tierra.
La sienne, se dit-il.
La mienne, mon pays, murmure Sylvie.
Douceur à Mi Tierra
Pépé Gomez tient fermement Sylvie Lin Jing par la main comme pour montrer aux éventuels machos mexicains présents dans les lieux qu’il l’a entièrement en sa possession.
Un bien, en personne.
Un actif pour une gloire éphémère.
Heureusement, aucun mexicain parmi les tablées.
Plutôt des couples chinois goûtant aux saveurs pimentés du Mexique.
Des femmes curieuses, plutôt bien mises, s’amusant d’une ambiance jamais vue à Pudong.
Des hommes, l’air ahuri, cherchant à satisfaire les besoins d’exotisme de leur compagne qu’ils jugent pourtant grotesques dans leur for intérieur.
Donc, de misérables couples chahutés par les voix des Panchos, chantant Historia de un amor.
Le somptueux deéor de Mi Tierra
Ils prennent une table dans un recoin dans une salle qui rappelle aussitôt à Pépé un restaurant à Zacatecas.
Ou un autre à Tijuana, Baja California.
Ou un autre à Patzcuaro, Estado de Michoacán.
Ou, à Colima, sa ville de naissance.
Il ne sait plus mais le décor ressemble fort à une Hacienda.
Les colonnades, l’ocre de rigueur.
Vases et nappes aux couleurs chatoyantes.
Détails soignés jusqu’au couverts venus tout droit de l’Etat de Jalisco.
Heureuse, Sylvie Jing danse des yeux sous la musique entrainante del Caballo Viejo.
Leur choix : des quesadillas, des crêpes au fromage.
Une flopée de sopitos, des enchiladas.
Mieux encore, un pozole, un ragoût de porc et de mais blanc, agrémenté de piment.
Le tout avec des bières Sol et Tecate.
Salma Hayek en China
- Raconte moi le Mexique, demande Sylvie à Pépé
- Là bas de l’autre côté, du rio Grande…
Elle l’interrompt brutalement :
- As tu jamais été marié avec une mexicaine ?
- Un mexicain se marie à vingt ans, puis une autre fois, à quarante ans avec sa maîtresse. Encore une autre fois, à soixante ans avec une autre maîtresse.
- Ainsi vous traitez vos femmes ?
Ils rient alors ensemble, bientôt s’acharnant sur une tortilla.
- Un jour, j’inviterai Thalia à Shanghai, suggère Pepe. Ou Salma. Ou les deux, l’on dansera alors jusqu’à l’aube.
- Arrête de rêver ! Tu n’es qu’un pauvre bougre, Pépé. Si je te laissais tomber, que deviendrais tu ? demande Sylvie, l’air minaudant.
- Je ferai aussitôt appel aux Narcos qui se feront un plaisir de plonger ton compagnon dans un bac de sodium.
- Je dois donc bien me tenir ?
- Seulement m’aimer ! Une chinoise amoureuse d’un affreux mexicain macho, quel merveilleux programme !
Les voilà, tout sourire, les mâchoires pleines de frijoles.
Du chile sur les lèvres, bientôt emportés pour la nuit.
A jùn mǎ俊马 tale de François de la Chevalerie, 2013
Shirley Wong
In Guangzhou, there is a rumor going around.
If you didn’t see the Shirley Wong Paintings, you really haven’t seen the real today City’s source of amazement, a trend toward the future.
That’s strange ? Isn’t it ?
Isn’t it the Chen Clan Academy (Chén Jiā Cí), this incredible masterwork built in 1894 during the Qing Dynasty worth of such a reputation ?
Isn’t it the Chìgǎng tǎ built over four hundred years ago in 1619 during the Ming Dynasty that deserve such title ?
However, those relics of the past are wonderful.
They give all its prestige of this city once, a long time ago, called Panyu.
But, today, a new wind of talented artist rises in the Guangzhou sky.
Here comes Shirley Wong, a beautiful and gorgeous Lady, an efficient artist-painter.
She belonged to a well-to-do artist family.
Shirley Wong Paintings
And she is obviously more than that, I mean, a source of happiness.
Once, a German friend from Dresden told me :
- Look carefully to all those paintings, a thousand times if necessary. Then you will see the light that embraces the world !
Another friend, a Scottish guy rooted in Edinburg added at his time :
- Take each painting for what it’s worth and as long as you can see a light at the end, let that be the strength that guides you,’
As a result of all those advises, I have reviewed each.
It’s true, I received ten times in my eyes a wonderful light whether the dominant color was blue or green and so.
Those paintings stand lively with aromas that epitomize the Mediterranean local style.
Others, the Italian northern lake.
Shirley Wong Paintings
Others, the charm of the northern Guangdong landscapes.
For me, the end result is a very simplified, but complex, representation of what makes painting so evocative or magical and saturated with narrative.
Here is indeed a curious situation.
The Shirley paintings need now a writer to give them eternal life and limitless glory in Heaven.
Thanks, Shirley for such gift.
EDUCATION
1995-1998 – Xinghai Conservatory of Music and South China Normal University of Music Education
1999 -2001 – Guangzhou University English and business
During 1995-1999, she kept learning basic drawing in the art center.
In 2000, she studied the art of photography and painting from Master Cheng Hoi who is an American Chinese artist. She is always art walking & travelling around Spain, France, Italy, Switzerland and other of Europe countries, as well as travelling to Africa and India.
Shirley Wong Paintings
SOLO EXHIBITION
2012 – “Vision Fantasy: Shirley Wong World Tour Art Exhibition”, First Station, Singapore
2012 – “Incredible India” Photography Exhibition, GZ Vocational & Technical College of Science & Technology
2011 – “EMG” Art Center of Guangzhou, China
2010 – Xiaozhou Art Center of Guangzhou China
2009 – “Vision Sonata » 225 Art Center of Guangzhou, China
Shirley Wong Paintings
GROUP EXHIBITION
2012 – South Chinese Women Art Exhibition of Guangzhou, China
2011 – South Chinese Artist Exhibition of Shenzhen and Guangzhou, China
2010 – “Four Image” Abstract Art Exhibition of Guangzhou, China China Modern Art Exhibition of Guangzhou, Beijing, China
2009 – China Modern Art Exhibition of Xiaozhou Art Festival Guangzhou, China
Ce soir là, je n’avais nullement l’intention d’aller au restaurant.
Plongé dans la lecture de Guerre et Paix, j’avais hâte de poursuivre l’épopée napoléonienne de Tolstoï commencée une semaine plus tôt.
Sur le coup de six heures, voilà un appel de Sylvie Lin Jing, comme à l’accoutumée, la voix agacée, s’agaçant plus encore en me parlant.
La voix s’emballant, s’emportant.
Belle voix, entre mille !
Telle Bérénice, Reine de Palestine, convaincue que l’image perceptible de son désespoir serait sa meilleure force.
Sylvie Lin Jing
Sous un déluge de mots, je comprends qu’elle souhaite se faire inviter dans un restaurant tenu par des amis à elle.
Je proteste d’abord, évoquant la bataille de la Bérézina, ces hommes engloutis dans la glace.
Elle s’enflamme alors, lâche une valse d’épithètes, me tient responsable de tous les maux de l’humanité.
De guerre lasse, j’accède à sa demande.
Nous irons à l’Affini, un restaurant français, près de Zhongshan Park.
Le maître des lieux, Walter, est un homme dynamique à la silhouette légèrement enveloppée, aux yeux rieurs.
Il semble bien connaître Lin Jing puisqu’il la taquine aussitôt, s’amusant de sa robe noire, «sombre, trop sombre pour un lieu si charmant», dit-il.
Le mot est juste.
L’Affini est un restaurant chaleureusement décoré, empreint de douce gaité.
Des peintures du vieux Paris côtoient des bibelots chinois représentant des personnages de l’opéra traditionnel (xìqǔ).
L’un Zhengmo, l’autre Zhengdan.
Le téléphone de Sòng Qìnglíng
D’entre les objets, un téléphone[1] presque centenaire dont j’apprends qu’il fut utilisé par Sòng Qìnglíng pour appeler ses sœurs, Sòng Àilíng et Sòng Měilíng, à venir la rejoindre à Chongqing alors capitale de la République de Chine en 1941.
Un événement historique car ce fut la dernière rencontre entre les trois sœurs par trop opposées politiquement et dont les trajectoires ne devaient jamais se retrouver.
Vient l’épouse de Walter, une belle femme au visage délicat et souriant, de son nom d’emprunt, Isabelle.
Prénom radieux, celui là, rappelant Isabelle Ire de Castille, apôtre de la Reconquista, dont j’ai admiré le portrait au Musée du Prado à Madrid.
Sur une messe basse, Sylvie Lin Jing me prévient aussitôt :
- Méfie toi, c’est une femme intelligente !
Je suis aux aguets, presque terrorisé, lorsque celle-ci vient nous rejoindre à notre tablée.
Forte de questions bien senties, elle sonde mon sérieux comme si elle agissait en action commandée pour Lin Jing.
Suis je seulement fiable ?
Comme évidemment, je ne le suis pas, je lui réponds de manière désordonnée, le mot hésitant, sans conviction.
Elle lève alors le camp, me salue bien bas.
Walter et Isabelle incarnent avec excellence l’amitié franco chinoise, l’un pour l’autre, unis inexorablement.
Toujours en catimini, Sylvie me dit que le couple s’essaye, la nuit tombée, à avoir un enfant lequel, une fois né, symbolisera l’entente entre les deux peuples.
Sylvie
Sous ces meilleurs auspices, nous avons bien diné, une cuisine sobre : un ragoût de boeuf enlacé parmi une myriade de légume, le tout mâtiné d’une sauce légèrement sucrée.
S’ajoute un dessert fait maisonqui m’a laissé avec une telle émotion que j’en ai pris deux parts, la mienne et celle de Sylvie Lin Jing, volée à l’arraché.
Une table heureuse, selon le mot prêté à Sacha Guitry.
Douce soirée.
Doux regards.
Cette fois, Sylvie était sereine et sage, comme portée par une espérance.
Sylvie, son monde entre cinq paradoxes.
Femme lettrée, dotée d’une forte sensibilité, elle nourrit l’espoir d’une existence banale et confortable, à l’ombre d’un mari quelconque, une vie sans âme.
L’esprit romantique, souvent la larme à l’œil, elle s’abime dans de sombres colères sans issue.
Femme d’une impeccable honnêteté, se gonflant parfois de mots à l’emporte pièce, elle pousse trop loin ses choix radicaux.
Le verbe talentueux, elle refuse de s’en saisir, écrit peu ou rien, sommeillant plutôt à l’ombre des grands écrivains.
Comblé par l’anonymat, elle ne veut pas entendre parler d’elle, s’aimant peut être trop peu pour être la plus belle.
L’âge venant, tout cela confondu, disséqué et broyé, donne un merveilleux roman, « Meredith, my uncreated 2050 Chinese girl ».
Affini-Thé
PHONE : 13817105928
ADDRESSE : 8 Pingwu Lu, near Yan’an xi Lu
[1] Connu comme étant la ligne téléphonique spéciale (2080)
Restaurant Mexicain à Shanghai
Les histoires de Sylvie Lin Jing, femme de Shanghai
Mi Tierra
Un vrai restaurant mexicain, le merveilleux décor d’une hacienda.
Lorsqu’une chinoise durablement enracinée dans la Terre promise de Shanghai invite un mexicain dans le restaurant mexicain le plus huppé de la ville, cela sonne comme une belle promesse.
Lorsqu’elle cette même chinoise, probablement mariée, arbore une tenue franchement sexy, le corset légèrement ouvert, l’affaire est alors risquée
Voilà donc ce couple improbable se glissant dans une bâtisse blanche rappelant les belles demeures du quartier de la Condesa à Mexico.
Mi Tierra.
La sienne, se dit-il.
La mienne, mon pays, murmure Sylvie.
Pépé Gomez tient fermement Sylvie Lin Jing par la main comme pour montrer aux éventuels machos mexicains présents dans les lieux qu’il l’a entièrement en sa possession.
Un bien, en personne.
Un actif pour une gloire éphémère.
« Fasten your seat belts, it’s going to be a bumpy night » s’exclame Bette Davis dans mon film fétiche All About Eve.
Heureusement, aucun mexicain parmi les tablées.
Salma en China
Plutôt des couples chinois goûtant aux saveurs pimentés du Mexique.
Des femmes curieuses, plutôt bien mises, s’amusant d’une ambiance jamais vue à Pudong.
Des hommes, l’air ahuri, cherchant à satisfaire les besoins d’exotisme de leur compagne qu’ils jugent pourtant grotesques dans leur for intérieur.
Donc, de misérables couples chahutés par les voix des Panchos, chantant Historia de un amor.
Ils prennent une table dans un recoin dans une salle qui rappelle aussitôt à Pépé un restaurant à Zacatecas.
Ou un autre à Tijuana, Baja California.
Ou un autre à Patzcuaro, Estado de Michoacán.
Ou, à Colima, sa ville de naissance.
Il ne sait plus mais le décor ressemble fort à une Hacienda.
Les colonnades, l’ocre de rigueur.
Vases et nappes aux couleurs chatoyantes.
Détails soignés jusqu’au couverts venus tout droit de l’Etat de Jalisco.
Heureuse, Sylvie Jing danse des yeux sous la musique entraînante del Caballo Viejo.
Leur choix : des quesadillas, des crêpes au fromage.
Une flopée de sopitos, des enchiladas.
Mieux encore, un pozole, un ragoût de porc et de mais blanc, agrémenté de piment.
Le tout avec des bières Sol et Tecate.
- Raconte moi le Mexique, demande Sylvie à Pépé
- Là bas de l’autre côté, du rio Grande…
Elle l’interrompt brutalement :
- As tu jamais été marié avec une mexicaine ?
THALIA en China
- Un mexicain se marie à vingt ans, puis une autre fois, à quarante ans avec sa maîtresse. Encore une autre fois, à soixante ans avec une autre maîtresse.
- Ainsi vous traitez vos femmes ?
Ils rient alors ensemble, bientôt s’acharnant sur une tortilla.
- Un jour, j’inviterai Thalia à Shanghai, suggère Pepe. Ou Salma. Ou les deux, l’on dansera alors jusqu’à l’aube.
- Arrête de rêver ! Tu n’es qu’un pauvre bougre, Pépé. Si je te laissais tomber, que deviendrais tu ? demande Sylvie, l’air minaudant.
- Je ferai aussitôt appel aux Narcos qui se feront un plaisir de plonger ton compagnon dans un bac de sodium.
- Je dois donc bien me tenir ?
- Seulement m’aimer ! Une chinoise amoureuse d’un affreux mexicain macho, quel merveilleux programme !
Les voilà, tout sourire, les mâchoires pleines de frijoles.
Du chile sur les lèvres, bientôt emportés pour la nuit.
Ci après, quelques bon mots en chinois dont il faudra faire un usage modéré (ou calculé) car les lancer à la va vite, sans aucune connaissance réelle de l’univers chinois, de surcroit de la langue chinoise, risque inévitablement de sonner faux.
D’une manière générale, les chinoises préfèrent des gestes concrets à l’énumération de slogans, de déclarations intempestives.
Si ces derniers ne sont pas suivis, ils leur apparaitront inutiles.
Ou même mensongers.
Mieux vaut donc aller à la Mairie pour sceller les liens du mariage, louer un appartement plutôt que de se fendre d’un discours amoureux.
Cependant, pour les hommes dont l’objectif est seulement d’ajouter à leur trophée mondial quelques perles chinoises, ces mots conviennent pour créer de l’ambiance.
Et ensuite, ceux là mêmes, tous contents de leur succès, détaleront par la porte de sortie, direction l’aéroport, pour un autre pays de conquête.
L’autre, la chinoise
L’amour sur la place publique
Généralement, les chinois affichent rarement leur sentiment de manière brute et ostentatoire.
Rares sont les couples que l’on voie crûment enlacés, se complaisant à d’audacieux débordements.
Si certains couples se tiennent la main, ils le font discrètement, toujours délicatement, sans jamais s’emporter. Exceptionnelles sont les pluies de baisers au ras du cou !
Selon certains, en Chine, toute tendresse serait calculée, trop ordonnée pour être naturelle. S’exerçant avec humilité, elle est plutôt respectueuse de l’autre. Juste un peu de douceur et le cœur s’éveille durablement.
Certains évoquent un probable complexe de l’homme chinois.
Faute d’une beauté assurée, Il nourrirait quelque honte à afficher librement ses passions.
Nullement !
Celles-ci existent pleinement mais elles demeurent silencieuses.
Derrière la façade, mille pensées s’agitent.
Derrière la sobriété, des flots de larmes s’écoulent sans que jamais rien n’apparaisse à l’air libre.
Pudeur ; prudence ; peur du regard de l’autre ; atavisme culturel, toutes choses qui imposent une noble retenue.
Au delà, le lexique amoureux chinois est abondant et généreux.
Les nuances ne manquent pas pour célébrer l’amour, celui-ci se répandant avec vigueur, netteté, cette fois décomplexé.
Ci-après, entre deux silences, quelques mots à utiliser avec doigté et précaution.
Eveil
Dictionnaire
我爱你! wǒàinǐ! : Je t’aime!
爱 ài ( v. ) 1. aimer / être épris de
暗恋 àn liàn ( n. ) aimer en secret / ne pas déclarer sa flamme
爱好 àihào: aimer, avoir un goût pour, penchant, passe-temps
爱恋 àiliàn: être amoureux de
爱面子 ài miànzi: avoir de l’amour-propre, être vaniteux
爱慕 àimù: admirer, adorer
爱情 àiqíng: amour
爱人 àirén: amoureux, époux
宝贝 bǎobèi: trésor, chéri
崇拜 chóngbài: adorer, idolâtrer
初恋 chūliàn: premières amours
慈爱 cí’ài: amour (maternel), affection
戴绿帽子 dài lǜ mào zi ( v. ) être cocu
单恋 dān liàn ( v. ) garder qn dans son cœur / être amoureux sans retour
Regard
单恋一枝花 dān liàn yī zhī huā ( v. ) être amoureux sans retour / avoir le béguin pour qn
对象 duì xiàng ( n. ) 1. objet / objectif
登记 dēngjì : mariage civil
对象 duìxiàng: cible, objet; personne que l’on fréquente
交往 jiāo wǎng ( n. ) contact social / fréquentation
见面 jiànmiàn : se voir
兼爱 jiān’ài: amour universel
家庭生活 jiātíng shēnghuó : la vie de famille
接吻 jiē wěn ( v. ) embrasser / donner un baiser
结婚 jiéhūn : mariage, se marier
绝交 jué jiāo: rompre les relations (diplomatiques ou avec un ami)
接吻 jiēwěn : échanger un baiser
激情 jī qíng ( n. ) passion / enthousiasme
交往 jiāowǎng : avoir une liaison
Douceur
酷爱 kù’ài: aimer ardemment
来往 láiwǎng: relations, rapports, fréquentation, aller et venir, se voir fréquemment
恋 liàn: aimer, s’attacher à
恋爱 liàn’ài: être amoureux
来往 lái wǎng ( v. ) aller et venir
( n. ) fréquentation / relations
怜爱 lián ài ( n. ) bichonner / aimer tendrement
联系 lián xì ( n. ) contact / liaison
( v. ) 1. contacter
2. combiner / unir
恋 liàn ( v. ) s’attacher à
( n. ) amour
恋爱 liàn ài ( n. ) amour
Vers…
恋恋不舍 liàn liàn bù shě ( adj. ) avoir trop d’attachement pour se séparer / s’aimer éperdument, d’un amour indéfectible
恋母情结 liàn mǔ qíng jié ( n. ) complexe d’Œdipe
蜜月 mìyuè : lune de miel
男朋友 nánpéngyǒu : petit ami
女朋友 nǚpéngyǒu : petite amie
亲爱 qīn ‘ài ( adj. ) cher / chéri / aimé
倾心 qīng xīn ( v. ) admirer / tomber amoureux / être épris de / tendre de tout son cœur vers
情 qíng ( n. ) 1. sentiment
2. amour
3. situation / état
情感 qíng gǎn ( n. ) sentiment / passion
情侣 qíng lǚ ( n. ) amoureux / fiancés
Depuis cette étoile.
情人 qíng rén ( n. ) amoureux / amant / maîtresse
求婚 qiú hūn ( v. ) demander qn en mariage
热爱 rè’ài: aimer ardemment, adorer
热恋 rèliàn: être passionément amoureux
失恋 shī liàn: être déçu en amour, vivre une rupture
嗜好 shìhào: manie, goût, passion
双性恋 shuāng xìng liàn ( n. ) 1. bisexualité
贪 tān: être avide de, désirer ardemment
谈恋爱 tán liàn ài ( n. ) être engagé dans une relation amoureuse
同性恋 tóng xìng liàn ( n. ) 1. homosexualité
谈情说爱 tánqíng shuō ài: se dit des mots tendres et non-sens entre les amoureux
疼爱 téng’ài: aimer tendrement
同居 tóngjū : concubinage, union libre
痛恨 tònghèn: abhorer, hair
偷情 tōuqíng: entretenir une relation amoureuse clandestine
外遇 wàiyù: liaison, amant, maîtresse
2. relation extra-conjugale / liaison
王老五 wáng lǎo wǔ ( n. ) célibataire endurci
网恋 wàng liàn ( n. ) amour sur internet
我爱你 wǒ ài nǐ ( phrase ) Je t’aime
喜爱 xǐ’ài: aimer, se plaire à
喜欢 xǐhuān: aimer
相识 xiāngshí : se rencontrer
性爱 xìng’ài: amour sexuel
性关系 xìng guānxì: relation sexuelle
性交 xìngjiāo: rapports sexuels, faire l’amour
厌恶 yànwù: détester, avoir en horreur
一见钟情 yījiànzhōngqíng : coup de foudre
拥抱 yōngbào : s’embrasser
有孩子 yǒu háizi : avoir un enfant
友爱 yǒu’ài: affection, amitié
友情 yǒuqíng: amitié
友谊 yǒuyì: amitié
怨恨 yuànhèn: haïr
憎 zēng: haïr
钟情 zhōngqíng: tomber amoureux
宗教婚礼 zōngjiào hūnlǐ : mariage religieux
自尊心 zìzūn xīn: amour-propre
坠入爱河 zhuì rù ài hé : tomber amoureux de qn
自恋 zì liàn ( adj. ) narcisse / narcissique
自作多情 zì zuò duō qíng ( adj. ) se croire irrésistible / se prendre pour un Don Juan
走桃花运 zǒu táo huā yùn ( v. ) avoir de la chance avec les femmes / être un Don Juan
Teresa Teng
Phrases
Je t’apprécie beaucoup tu sais.
你知道我很欣赏你。
Je t’apprécie beaucoup.
我很欣赏你。
Je suis amoureux(se) de toi.
我爱上你了。
Je t’aime!
我爱你!
Je t’adore!
我爱你!我崇拜你!我欣赏你!
Je t’aime a la folie!
我发疯一样的爱你!我为你着迷!
Mon coeur ne bat que pour toi.
我的心只为你一个人跳动。
Je t’aimais, t’aime et t’aimerai!
我以前就爱你,现在还爱你,将来永远都会爱你!
C’est sa blonde.
这是他恋人。(zhè shì tā liàn rén .)
C’est un coup de foudre.
这是一见钟情。(zhè shì yí jiàn zhōng qíng .)
Cette nana, je me la fais!
这女的,我要追她!(zhè nǚ de,wǒ yào zhuī tā !)
Elle a trouvé chaussure à son pied
她找到了中意的人 (tā zhǎo dào le zhōng yì de rén .)
Elle l’a laissé tomber comme une vieille chaussette.
她像丢旧袜子一样把他甩了。(tā xiàng diū wà zǐ yī yàng bǎ tā shuǎi le.)
Elle l’a largué.
她把他甩了。(tā bǎ tā shuǎi le.)
Elle l’a plaqué.
她把他甩了。(tā bǎ tā shuǎi le.)
Femme chinoise
Il a un faible pour Sophie.
他拿苏非没辙。(tā ná sū fēi méi zhé .)
Il a une peine de cœur. 他失恋了。
(tā shī liàn le.)
Il est fou de Sophie. 他很迷苏非。
(tā hěn mí sū fēi .)
Il est sous le charme de Sophie.
他被苏非给迷住了。(tā bèi sū fēi gěi mí zhù le.)
Je ne t’aime pas du tout
我一点也不爱你 (wǒ yī diǎn yě bù ài nǐ .)
Je ne tiens qu’à toi
我只在乎你。(wǒ zhǐ zài hu nǐ .)
Je t’aime à la folie
我疯狂的爱着你。(wǒ fēng kuáng de ài zhe nǐ .)
Je t’aime beaucoup.
我很爱你。(wǒ hěn ài nǐ .)
Je t’aime passionnément
我热烈的爱着你。(wǒ rè liè de ài zhe nǐ .)
Je t’aime un peu.
我有点爱你。(wǒ yǒu diǎn ài nǐ .)
Les femmes ne sont jamais trop chouchoutées.
女人绝不嫌被多爱些 (nǚ rén jué bù xián bèi duō ài xiē .)
Mon chéri, ma chérie
亲爱的(男),亲爱的(女 (qīn ài de(nán ), qīn ài de(nǚ ).)
Mon mec à moi
我的小子 (wǒ de xiǎo zi.)
Ne me quitte pas!
别离开我! (bié lí kāi wǒ !)
Sa nana est super sympa
他女友特讨人喜欢 (tā nǚ yǒu tè tǎo rén xǐ huān .)
T’as de beaux yeux , tu sais?
你眼睛很美,你知道吗?
(nǐ yǎn jīng hěn měi , nǐ zhī dào ma?)
Tu me manques
我想你 (wǒ xiǎng nǐ .)
Tu me plais
我喜欢你 (wǒ xǐ huān nǐ .)
Mots d’amour
Proverbes
Aimez, aimez, tout le reste n’est rien.
爱吧,爱吧,其他的都微不足道。
Aimer, ce n’est pas se regarder l’un l’autre, c’est regarder ensemble dans la même direction.
爱情并不是互相凝望,而是朝着同一个方向眺望。
Celui dont le coeur est ressuscité par l’amour ne mourra jamais.
被爱情治愈的心灵永不凋零。
Devant l’amour et devant la mort, il ne sert à rien d’être fort.
在爱情和死亡面前,我们是那么无助。
Il est évidemment bien dur de ne plus être aimé quand on aime, mais cela n’est pas comparable à l’être encore quand on n’aime plus.
当我们爱的时候却不能被爱是非常痛苦的,但与我们不再爱是不能相提并论的
Il y a toujours un peu de folie dans l’amour, mais il y a toujours un peu de raison dans la folie.
爱总是有些许疯狂,疯狂中又总是有些许理由。
Le monde est une mer, notre coeur en est le rivage.
世界是一片汪洋大海,我的心就犹如那滨海地带。
La crainte et l’amour ne mangent pas au même plat.
畏惧和爱情不能共存。
L’amour, qui meut le soleil et les autres étoiles.
爱情的力量可以移动太阳和星辰。
L’amour n’est pas seulement un sentiment, il est un art aussi.
爱情不仅仅是感情流露,也是一门艺术。
L’amour est mêlé de miel et de fiel.
爱情包含了甜蜜与苦涩。
Mots d’amour en chinois
La bouderie en amour est comme le sel ; il n’en faut pas trop.
爱恋中的小冲突就像盐一样,放太多了就不好了。
L’amour voit les roses sans épines.
恋爱中的人看不到玫瑰茎上的刺。
L’amour n’est que le roman du coeur, c’est le plaisir qui en est l’histoire.
爱情只是心灵的小说,是历史中的欢愉。
L’amour est un nid de moineau que l’on ne rebâtit pas après l’avoir détruit.
爱情就像一座雀巢,一旦被毁灭了就难以重建。
L’avenir, en amour, fait oublier le passé.
新的恋情需要学习忘掉过去。
La lune et l’amour, quand ils ne croissent pas, décroissent.
爱情和月亮一样也有阴晴圆缺。
L’enfer, c’est de ne plus aimer.
没有比不能再爱更痛苦的了。
On n’aime vraiment que lorsqu’on aime sans raison.
爱一个人是没有理由的。
Moindre mon espoir, plus grand mon amour.
希望越渺小,爱情就越伟大。
Pour bien aimer une vivante, il faut l’aimer comme si elle devait mourir demain.
为了更好的爱一个人,必须爱她就好像明天她将死去。
Quand on n’aime pas trop, on n’aime pas assez.
当我们爱的不深,是我们爱的不够。
Qui écrit des lettres d’amour doit avoir les mains moites.
写情书的首要条件是要有想写的冲动。
Qui t’aime te fait pleurer ; qui te hait te fait rire.
爱你的人令你哭泣,恨你的人令你微笑。
Quand un homme est fou d’une femme, il n’y a qu’elle qui le puisse guérir de sa folie.
当一个男人为女人而疯狂,只有她能拯救他的荒唐。
Rage d’amour est pire que le mal de dents.
爱情的狂热比牙疼还糟糕。
Si tu as de nombreuses richesses, donne de ton bien ; si tu possèdes peu, donne de ton coeur.
如果你拥有很多财富,学会施舍你的财富,如果你拥有很少财富,那么付出你的真心。
Un homme amoureux est né une seconde fois.
陷入情网的男人就像获得了一次重生。
Un homme peut être amoureux comme un fou, mais non pas comme un sot.
一个男人可以像疯子一样去爱一个女人,但他绝不是一个傻子。
Vie sans amour, année sans été.
没有爱情的生活,就像没有夏天的岁月。
我需要你
Il y a des choses dans la vie qu’on ne peut pas éviter; il m’est impossible de les contrôler. Le soleil se lèvera et se couchera, la marée se déclenchera et se retirera, les saisons changeront, les oiseaux voleront vers le sud pour l’hiver et retourneront au printemps, et la chenille se transformera en un très beau papillon. D’une certaine façon, je me sens rassuré(e) par cela parce que tant de choses dans la vie sont si temporaires – si momentanées.
A partir du moment où nous nous sommes rencontrés, j’ai su que notre amitié se développerait en quelque chose de précieux et d’éternel, de la même façon que je suis sûr que la chenille deviendra un jour un beau papillon.
从我们相遇的那刻起,我就知道我们的关系将持久和永恒,正如我相信春蚕会破茧成蝶。
Ma chérie, je pense que notre amour est béni/ordonné par dieu. C’est l’union de deux esprits destinés à un bonheur sans fin. Ainsi, tu es vraiment devenu(e) l’étoile de ma vie, qui m’apporte de la lumière dans ce monde obscur, et de la chaleur quand j’en ai besoin. Tu m’offres la promesse d’un renouveau, la joie de vivre, la paix de l’esprit qui vient du partage et de l’attention, et cette épaule contre laquelle me reposer en période de stress. Tu es mon précieux papillon et je te chérirai et t’aimerai à jamais.
Les récits de jùn mǎ 俊 马 (François de la Chevalerie)
La dernière destination à la mode en Chine, c’est de se rendre en Antarctique, continent longtemps négligé, le plus méridional de la Terre.
A partir des ports argentins, Rio Gallegos ou de Ushuaïa, parfois plus en amont, de nombreuses compagnies proposent des séjours généralement de deux semaines pour explorer la calotte glacière.
Depuis quelques années, la Chine marque un intérêt croissant pour ce continent lequel abrite des ressources énergétiques conséquentes : 30 % des réserves de gaz mondiales encore à découvrir et 13 % des réserves de pétrole.
Toutefois, la Convention sur la conservation de la faune et la flore marines de l’Antarctique (CCAMLR) est censée protéger ce continent, notamment, d’une probable invasion à terme de touristes.
Xue Long
Dirigée par le très dynamique Liu Cigui, l’Administration d’État aux océans (SOA) à Pékin déploie désormais un briseur de glace et navire de recherche le Xuě Lóng (雪龙, « Snow Dragon″).
Un autre navire devrait être livré en 2014.
Longtemps peu impliquée sur ce continent, la Chine entend désormais jouer un rôle de premier plan.
C’est donc, fort de cet engouement, que de nombreux chinois se pressent sur les côtes hachées de l’Antarctique.
Mon amie de toujours, Christine Liu, Architecte urbaniste, ancien Ingénieur général de TEDA Ouest, s’y est rendu avec son mari, Monsieur Li, un entrepreneur de talent avec un groupe de 330 chinois.
Christine au devant d'un Iceberg
Ce dernier est, notamment, Président Directeur général de la CHINA HARBOUR GROUP TIANJIN SHIP-BUILDING & ENGINEERING CO. LTD.
Cette société construit des bateaux de dragage et dse remorqueurs (Qinhuangdao, Province du HEBEI).
Dans un avenir proche, cette société pourrait être amenée à construire des brises glace pour le compte de l’Administration d’État aux océans (SOA).
Eternal
Durant une dizaine de jours, le pinceau à la main, Christine Liu a dessiné de nombreux paysages d’un continent au manteau sobre où seul domine une nature glacée.
D’un blanc immaculé s’étendant presque à l‘infini mais chahuté par une enveloppe montagneuse s’effilochant en désordre jusqu’à la mer.
Dessus, des sternes, des léopards de mers et surtout le manchot, parfois empereur, que Christine a saisi au vol dans une de ses toiles.
La peinture de Christine est sereine, sans arrière-pensée, comme l’idée qu’il ne faut pas trop bousculer la nature.
Christine Liu
Expecting
Portrait de Christine Liu
Native de Yāntái, Christine Liu symbolise l’excellente inventivité des relations franco chinoises.
Grâce à son concours déterminé, en raison même d’une francophilie active, des PME françaises, des chercheurs ont fait souche à Tianjin.
De surcroît, des architectes ont développé des activités, notamment, MARC MIMRAM lequel a construit plusieurs ponts à Tianjin (TEDA et l’Eco Cité de Tianjin).
Qui plus est, très active dans la province du Hebei, Christine Liu met un point d’honneur à défendre inlassablement les technologies françaises en rapport avec l’aménagement urbain devant les bureaux d’urbanisme de ces collectivités.
Les articles de jùn mǎ 俊马François de la Chevalerie sur cette page :
Avec la collaboration de Philippe Dhervilly et Daniel Levacher
Préambule au Dossier
(1) La sédimentation du barrage des Trois Gorges condamne son potentiel hydroélectrique
(2) Valorisation des sédiments marins en Chine
(3) Valorisation des boues en Chine
(4) Dam’s sediments nightmare
(5) Ports propres et développement durable : l’enjeu de la valorisation de la vase de mer !
-
Préambule au Dossier
Depuis plusieurs années, nous travaillons à la mise en place d’une filière industrielle de traitement et de la valorisation des sédiments lesquels recouvrent la vase de mer, la vase d’estuaire et les fines de barrage.
A cet effet, en 2010, nous avons fabriqué une chaine automatique en continu de déshydratation des sédiments, la NEMEAU, laquelle offre une siccité des boues de l’ordre de 40 % sans dégagement de C02, faiblement énergivore, bien plus avantageuse, que les solutions proposées par la concurrence (filtre presse, centrifugeuse).
D’ores et déjà, nous opérons sur des chantiers en France mais nous sommes aussi présents sur des marchés à l’export, notamment, au Canada, au Brésil et en République Populaire de Chine.
Eu égard à ce dernier pays, le marché sédimentaire compte parmi les plus importants et dynamiques du monde, d’une part, en raison des volumes disponible et, d’autre part, compte tenu du soutien apporté par les autorités publiques chinoises, notamment, dans le cadre du 12ème plan quinquennal lequel retient comme prioritaire le traitement et la valorisation sédimentaire.
Fort des contacts établis en Chine depuis plus de trois ans, nous avons aujourd’hui la possibilité de mettre en œuvre un partenariat franco-chinois solidement solide et portant sur le long terme.
Il devrait favoriser, d’une part, le développement à l’export d’un savoir faire et d’équipement français et, d’autre part, grâce à un renforcement des process et de l’ingénierie appelée à être développée sur place maintenir l’avancée technologique française.
Notre démarche :
Nous portons à votre connaissance un argumentaire favorable à notre demande.
(1) Cette technologie est portée par une PME
Cette opération a été engagée par notre entreprise, SEDIGATE ARD, une PME Normande, ce qui correspond bien au souhait actuel de favoriser le redressement productif en France garce au concours et à la détermination des petites entreprises.
(2) Notre offre technologique est reconnue
En France, la démarche industrielle de SEDIGATE ARD a été doublement adoubée et déjà labélisée dans le cadre de deux pôles de compétitivité :
Pôle Mer Bretagne
Pôle ECO MATERIAUX
De surcroit, SEDIGATE ARD a été à l’origine de la création de la COVASED dont l’objectif est de rassembler toutes les compétences et technologies dans le domaine du traitement sédimentaire afin de créer une unité industrielle ayant pour vocation le traitement des sédiments contaminés et les déchets industriels.
La Nemeau est présente sur plusieurs chantiers comme celui de la carrière de Vigna dans le Département du Calvados.
(3) Notre démarche est reconnue sur le plan de ces perceptives financières puisqu’elle a reçu un financement de la part de la Coface et ce à hauteur de 200 000 euros.
Dans leur réponse, cette institution a reconnu l’importance considérable de ces marchés à l‘exportation et, en particulier, en République Populaire de Chine. L’estimation du chiffre d’affaires des marchés concernés s’élèverait dans le Monde à hauteur de 1,3 milliard d’euros, ce qui représente une belle opportunité pour l’exportation française.
(4) Notre activité concerne un secteur stratégique pour la Recherche en France
La consolidation et le développement de SEDIGATE ARD devrait permettre de « maintenir et de soutenir » la recherche française sur les sédiments, notamment, sur la vase marine et d’estuaire, discipline particulière du génie du littoral
Dans ce cadre, l’action de SEDIGATE ARDpoursuit les filières de valorisation suivantes :
Couches de fondation, couches de forme, plateforme, remblais et voies piétonnes ;
Voies vertes ;
Développement de chaînes de production idoines selon différentes familles de sédiments (NEMEAU® ou Hydrosplit®).
Développement de traitements des sédiments à dosage économique et à faible émission de CO ;
Mise en place et optimisation d’un outil décisionnel (procédure de gestion).
(5) Les bénéfices de notre démarche sont appelés s’étendre à d’autre corps de métiers
Dans le cadre de notre implantation chinoise, avec le concours local de la Paneurochina SLUDGE AGENCY, SEDIGATE ARD a créé leGIE-SEDIMENT CHINE & ASIE (GIE-SCA) qui est appelé àfédérer des PME dont certaines n’ont jamais pris le chemin de l’exportation, entre autres :
des sociétés de construction
des sociétés spécialisées dans la décontamination des sols
des bureaux d’études
des laboratoires
Le GIE-SCA vise à l’élaboration d’un plan & stratégie commune aux membres du groupement de telle manière que chacun puisse valoriser ou vendre ses produits ou services, dans le cadre de prestations de savoir faire ou de coopérations industrielles.
-
La sédimentation du barrage des Trois Gorges condamne son potentiel hydroélectrique
Situé dans la province de Hubei, près de la ville de Yichang, le barrage des Trois Gorges est le plus important du monde pour le contrôle des eaux et la productivité hydroélectrique.
Née d’une déviation du fleuve Chang Jiang, l’ouvrage est structuré autour d’un réservoir d’une superficie de 1084 km2.
Surclassant le barrage d’Itaïpu au Brésil, la centrale hydroélectrique comprend deux sections séparée par un déversoir : à gauche longue de 644 mètres avec 14 turboalternateurs, à droite s’étirant sur 59.5 mètres comptant 12 turboalternateurs. L’ensemble offre une puissance de 18 720 MW. Selon les experts, le barrage devrait fournir 10 % de la consommation chinoise en électricité.
Longtemps cité comme un projet s’inscrivant dans une perspective de développement durable, le barrage des Trois Gorges suggère l’inquiétude.
Outre les problèmes liés à l’engloutissement de plusieurs villes, à la pollution, aux atteintes à l’éco système, le barrage bouscule et modifie le cycle et la distribution des sédiments.
En amont du fleuve, le Chang Jiang traverse le plateau du Tibet, il se gonfle alors de vase. En raison d’une déforestation et désertification intense, les sols sont friables.
Très affaiblies, les berges du cours d’eau sont sujettes à des glissements de terrain.
Couplé avec une surexploitation de terres, la charge sédimentaire diminue la vitesse d’écoulement de l’eau.
Chaque année, 500 millions de tonnes de vase se déposent dans les gorges du fleuve, notamment, au lac de rétention.
La pression sédimentaire devrait s’exercer sur le réservoir et affecter son potentiel hydroélectrique à hauteur de 50 %.
En outre, si l’envasement est trop rapide, le barrage ne pourra pas contenir les risques d’inondation.
De surcroît, l’accumulation des sédiments exerce une forte pression sur la structure de béton de l’ouvrage et augmente la probabilité de fissuration.
Comme la plaque eurasienne, associée à celle du Yangsté, est particulièrement instable, les risques de séisme existent. Ces dernières années, des séismes de faible magnitude ont favorisé des glissements de terrain. En cas d’événement de grande ampleur, l’hypothèse d’une cassure terrestre n’est pas invraisemblable.
En aval, les sédiments jouaient un rôle d’engrais naturel.
En raison de leur diminution, le recours à l’agrochimie devrait s’intensifier aggravant la pollution de l’eau du fleuve. Déjà les niveaux de phosphores et d’azote relevés sont vingt fois supérieurs aux normes.
n outre, la réduction de l’apport sédimentaire risque de faire reculer le delta du fleuve. De surcroît, en hiver, la faiblesse du débit accélère la remontée les nappes salées à l’intérieur du delta.
Afin de remédier à cette situation, la solution consisterait à déplacer les sédiments ailleurs. Compte tenu de leur volume et des apports continuels de vase provenant du lit du fleuve, ce choix exigerait des moyens considérables moyens.
Deux hypothèses s’offrent, soit les sédiments sont acheminés en aval du fleuve, ce qui représente une opération titanesque, soit ils sont valorisés à proximité du barrage. Seulement voilà, ils sont fortement contaminés.
L’aménagement du barrage a conduit à l’engloutissement de 1300 mines de charbon, 178 décharges d’ordures, 1500 abattoirs, etc. De fait, les sédiments offrent une variété inégalée de produits nocifs, de métaux lourds, de microorganismes toxiques, etc.
Leur éventuelle valorisation en matériaux de construction suggère des traitements chimiques ardus allant de l’encapsulation des métaux lourds à des formulations inédites.
Certes des procédés d’épuration existent comme ceux élaborés par l’entreprise franco-chinoise Paneurochina mais eu égard à la masse des sédiments des Trois Gorges, l’opération s’avère colossale, voire irréalisable.
Sauf à envisager que la capacité hydroélectrique de la centrale soit affectée, la pérennité du barrage des Trois Gorges dépend des solutions apportées au traitement des sédiments.
Longtemps sous-estimée, cette crainte est désormais prise en compte par les autorités chinoises, lesquelles ont acté un budget de 1,5 milliard de dollars destiné à stabiliser géologiquement la région.
-
Valorisation des sédiments marins en Chine
Port de Tianjin
8 millions de m3 de sédiments encombrent les chenaux portuaires.
22 millions de dollars, coût des opérations de dragage en 2012
3 sociétés de dragage opérent en zone portuaire
Aujourd’hui, les ports constituent la pointe avancée de la mondialisation, de ses périls. Tout s’y mêle, se couple dans un entrelacs parfois compliqué. L’activité portuaire est intense : 80 % des échanges commerciaux du pays, 350 millions de tonnes de marchandises, 33 millions de passagers.
Aujourd’hui, les ports sont confrontés à un double défi : reprendre le dessus face à la concurrence acharnée des autres ports européens, jouer la carte du développement durable.
L’urgence sonne. Dans les avant-ports un amalgame impressionnant de rejets et déchets s’agrège au sable, constituant une matière ingrate généralement dénommée vase de mer.
Jamais uniforme, souvent travaillée par des micro organismes, se gorgeant à l’occasion d’hydrocarbure, d’azote, de phosphore, de métaux lourds, cette boue onctueuse représente un réel danger pour l’environnement tout autant que les émissions dans l’atmosphère.
Tous les ports sont concernés, petits ou grands, plus encore les arsenaux.
Outre l’érosion naturelle, le trafic favorise l’accumulation de sédiments. Chaque jour, de coûteuses opérations de dragage libèrent l’accès des voies de navigation.
Le clapage, d’un coût également onéreux, consiste ensuite à déporter les boues pour les rejeter en eaux profondes sans que l’on sache vraiment comment s’organise le curieux mélange entre déchets portuaires et l’écosystème marin.
Comme les lieux de clapage sont parfois distants des lieux de dragage, le stockage à terre est aussi pratiqué. Mobilisant des surfaces impressionnantes, il n’est pas sans risque écologique si les déchets ne sont pas sanctuarisés, bouclés dans des caissons étanches.
Dans un cas comme dans l’autre, la solution retenue ne s’accorde nullement avec l’idée de « port propre ».
Dragués, clapés ou stockés, ces opérations sont sans contrepartie économique.
Dans les budgets des ports, elles participent de l’entretien courant autrement dit une perte sèche. Qui plus est, la charge est appelée à s’alourdir en raison d’une législation toujours plus sourcilleuse en matière environnementale (zone d’enfouissement limitées, contraintes européennes, etc.) et l’inexorable augmentation des convoiements.
De fait, le coût devrait doubler à échéance de 2015.
Comment penser la vase de mer autrement ?
Aujourd’hui les opérations du traitement sont rares et concernent de faible volume, principalement des sédiments contaminés.
Une fois décontaminés, laissés à l’abandon ou clapés, ces derniers ne sont pas valorisés.
Une meilleure réponse consiste en l’élaboration d’une unité mobile de traitement en continu intégrant un enchaînement d’opérations depuis l’extraction de la vase jusqu’à la livraison d’éco matériaux de construction (remblayage des routes ou de parkings, bordures de trottoir, parpaings, produits moulés, dalles, briques).
En Chine, l’enjeu est crucial.
Comme partout dans le monde, les ressources minérales sont en voie de pénurie, notamment, les matériaux alluvionnaires, principale ressource en granulats. De même, les carrières ferment.
Jugées polluantes, parfois dangereuses, leur temps est compté.
Ira-t-on chercher nos matériaux à l’étranger aggravant toujours plus notre déficit commercial ?
Plutôt qu’une dépendance, mieux vaut recycler nos déchets !
La vase de mer constitue une alternative, une matière dite « renouvelable » !
En Europe, depuis trente ans, les chercheurs travaillent sur l’opérabilité de la valorisation de la vase de mer, les résultats se précisent. Faute d’une mise à l’épreuve des connaissances acquises au moyen de réalisation in vivo, les efforts engagés pourraient être nuls en termes de retour sur investissement (une perte de 30 M. d’euros).
De leur côté, boulimiques en matériaux de construction, les chinois développent aujourd’hui des projets de valorisation de la vase. Certes les méthodes demeurent artisanales, les procédés aléatoires, mais les chinois ont décidé d’en faire un projet industriel majeur.
Dans le sud de la Chine, des briques sont déjà fabriquées ; dans le nord, des opérations de remblaiement de route. Les chinois ont besoins de matériaux, ils le savent, ils ne veulent pas attendre.
L’alliage entre expertise française et détermination chinoise constitue une chance comme le suggère le projet Paneurochina ! Grâce à la mise au point d’un process opérationnel seront jugulés les problèmes inhérents à la déshydratation de la vase. En outre, des formules d’ajouts chimiques destinées augmenteront les performances mécaniques des produits finis. Qui mieux est, en optant pour le recyclage des déchets, elle consacre l’idée de port propre tout comme leur développement durable.
Valorisation des boues en Chine
La Chine s’est engagée dans un important programme de valorisation de la boue et de la vase marine ou fluviale.
L’état préoccupant des tirants d’eau dans les ports et les zones d’estuaire ; l’accroissement des flux comme le besoin de répondre à l’énorme demande du marché de la construction expliquent cet intérêt. Deux interrogations animent les autorités chinoises.
Pourquoi ne pas valoriser les boues et la vase au lieu de s’en débarrasser par enfouissement ou stockage ? Pourquoi ne pas utiliser cette matière « renouvelable » et accessible plutôt que des matières fossiles en voie d’épuisement ?
Le projet est de valoriser la boue et la vase de manière à réaliser des matériaux de construction (remblayage des routes ou de parkings, bordures de trottoir, parpaings, sous-couches, bordure de trottoirs, allées piétonnes, produits moulés, dalles, briques).
Le lit du Chang Jiang (Yangtze) représente le gisement le plus important avec une masse de plus de deux cents millions de mètre cubes.
D’autres zones sont jugées prioritaires, notamment, en mer de Bohai. La vase de mer est déjà exploitée en Chine pour le remblayage des routes dans certaines provinces (Jilin, Shandong et ville de Tianjin).
Elle intervient dans l’élaboration des sous-couches avant application d’asphalte. En outre, à partir de boues, une entreprise du Guangdong a élaboré des briques artisanales. 30 millions de m3 de boues et vase de mer pourraient être traités à échéance de 2010.
En Chine, les besoins sont considérables avec un taux de croissance du marché de la construction de l’ordre de 15/20% l’an.
Le pays a besoin de matières dites alternatives ou des éco-matériaux. A cet égard, la société franco-chinoise Paneurochina & Zhong Ou lu, établie à Tianjin, participe à un projet de recherche sur le traitement de la vase de mer.
D’après une étude réalisée par le Ministère chinois de l’Industrie, le marché des matériaux de construction accueillerait volontiers des produits de substitution à caractéristiques physico-chimiques équivalentes (852 700 sociétés de construction sont répertoriées en Chine). Le marché potentiel est évalué autour de 5 milliards de dollars à l’horizon 2020.
Dam’s sediments nightmare
Obviously, a dam main duty is to control floods downstream of a river flow or a tide. Frequently, it supports the cultures irrigation. Sometimes it moderates natural flood disasters.
Under constraints conditions, it authorizes electricity production. In history, dam’s construction was often celebrated as “a revenge on nature”.
“Our country will never be the same!” proclaimed President Roosevelt while launching the New Deal dams project. “China shall overcome the Chang Jiang (Yangtze)!” expressed today Chinese officials.
With nature, arrogance is a poor adviser.
A dam is not a neutral infrastructure. Hustling the environment, it modifies the sediments distribution. Trapped into artificial lakes or tanks, sediments accumulation gives birth to serious problems.
Concerning the coastal dams, it affects the navigation channels and the fisheries areas. Deposits worsen water quality, entropic activities and in a latter future lead to strongly climate change. In France, congested sediments into the tide Rance dam had been deteriorating its estuary since many years.
Sediments into the Arzal dam in Brittany are up to 22 million m3, nearly 50% of that existing in the entire France harbor. In China, the newly Three Throats dam could severely damage the ecosystem because sedimentary evolution remains unknown. In addition, sediments constitute a real danger in case of seismic trouble. In large cities, underground water quality could be also contaminated. So, it is not exaggerated to affirm that dam future depends on sediments solutions treatment.
However, it is quite impossible to settle down a scientific model for all sedimentary layers. Each dam maintains a specific relation with its environment. For each, a sedimentary hydro examination could eventually model it. One option consists to transport sediments outside the dam area. But immersions operations couldn’t be carried out without taking into consideration ecosystem safeguarding laws. In land, deposits evacuation is not easy as well as very expensive.
Ports propres et développement durable : l’enjeu de la valorisation de la vase de mer !
Aujourd’hui, les ports constituent la pointe avancée de la mondialisation, de ses périls. Tout s’y mêle, se couple dans un entrelacs parfois compliqué.
En France, l’activité portuaire est intense : 80 % des échanges commerciaux du pays, 350 millions de tonnes de marchandises, 33 millions de passagers.
Aujourd’hui, les ports Français sont confrontés à un double défi : reprendre le dessus face à la concurrence acharnée des autres ports européens, jouer la carte du développement durable.
L’urgence sonne. Dans les avant-ports un amalgame impressionnant de rejets et déchets s’agrège au sable, constituant une matière ingrate généralement dénommée vase marine.
Jamais uniforme, souvent travaillée par des micro organismes, se gorgeant à l’occasion d’hydrocarbure, d’azote, de phosphore, de métaux lourds, cette boue onctueuse représente un réel danger pour l’environnement tout autant que les émissions dans l’atmosphère.
Tous les ports sont concernés, petits ou grands, plus encore les arsenaux. Outre l’érosion naturelle, le trafic favorise l’accumulation de sédiments. Chaque jour, de coûteuses opérations de dragage libèrent l’accès des voies de navigation.
Le clapage, d’un coût également onéreux, consiste ensuite à déporter les boues pour les rejeter en eaux profondes sans que l’on sache vraiment comment s’organise le curieux mélange entre déchets portuaires et l’écosystème marin.
Comme les lieux de clapage sont parfois distants des lieux de dragage, le stockage à terre est aussi pratiqué. Mobilisant des surfaces impressionnantes, il n’est pas sans risque écologique si les déchets ne sont pas sanctuarisés, bouclés dans des caissons étanches. Dans un cas comme dans l’autre, la solution retenue ne s’accorde nullement avec l’idée de « port propre ».
Dragués, clapés ou stockés, ces opérations sont sans contrepartie économique. Dans les budgets des ports, elles participent de l’entretien courant autrement dit une perte sèche. Qui plus est, la charge est appelée à s’alourdir en raison d’une législation toujours plus sourcilleuse en matière environnementale (zone d’enfouissement limitées, contraintes européennes, etc.) et l’inexorable augmentation des convoiements. De fait, le coût devrait doubler à échéance de 2015.
Comment penser la vase de mer autrement ? Aujourd’hui les opérations du traitement sont rares et concernent de faible volume, principalement des sédiments contaminés.
Une fois décontaminés, laissés à l’abandon ou clapés, ces derniers ne sont pas valorisés. Une meilleure réponse consiste en l’élaboration d’une unité mobile de traitement en continu intégrant un enchaînement d’opérations depuis l’extraction de la vase jusqu’à la livraison d’éco matériaux de construction (remblayage des routes ou de parkings, bordures de trottoir, parpaings, produits moulés, dalles, briques).
Pour la France, l’enjeu est crucial. Comme partout dans le monde, les ressources minérales sont en voie de pénurie, notamment, les matériaux alluvionnaires, principale ressource en granulats. De même, les carrières ferment. Jugées polluantes, parfois dangereuses, leur temps est compté. Ira-t-on chercher nos matériaux à l’étranger aggravant toujours plus notre déficit commercial ? Plutôt qu’une dépendance, mieux vaut recycler nos déchets !
La vase de mer constitue une alternative, une matière dite « renouvelable » ! En France, depuis trente ans, les chercheurs travaillent sur l’opérabilité de la valorisation de la vase de mer, les résultats se précisent. Mais faute d’une mise à l’épreuve des connaissances acquises au moyen de réalisation in vivo, les efforts engagés pourraient être nuls en termes de retour sur investissement (une perte de 30 M. d’euros). C’est pourquoi nous mettons en place une démarche d’entreprise, un projet industriel incluant divers partenariats dans l’esprit même des pôles compétitivité souhaités par le gouvernement.
Nous y mêlons savoir faire et pragmatisme en nous orientant autour d’une collaboration internationale, d’abord franco chinoise. Boulimiques en matériaux de construction, les chinois développent aujourd’hui des projets de valorisation de la vase. Certes les méthodes demeurent artisanales, les procédés aléatoires, mais les chinois ont décidé d’en faire un projet industriel majeur. Déjà dans le sud de la Chine, des essais se distinguent, des briques sont fabriquées. Dans le nord, le remblaiement de route.
Les chinois ont besoins de matériaux, ils le savent, ils ne veulent pas attendre. Si nous ne joignons nos forces avec les leurs, la concurrence, désormais active, s’y emploiera, emportant tout sur son passage et, à moyen terme, le marché français (40 millions de mètres cube à traiter).
L’alliage entre expertise française et détermination chinoise constitue une chance ! Grâce à la mise au point d’un process opérationnel seront jugulés les problèmes inhérents à la déshydratation de la vase.
En outre, des formules d’ajouts chimiques destinées augmenteront les performances mécaniques des produits finis. Ainsi pourra être peaufiné l’unité de traitement en continu.
Pour la France, cette démarche signifie le maintien et le renforcement d’une R & D innovante. De surcroît, la France prendra ainsi toute sa place sur les marchés européens et mondiaux. Qui mieux est, en optant pour le recyclage des déchets, elle consacre l’idée de port propre tout comme leur développement durable.
Rechercher toutes informations complémentaires sur le sujet sur le site : http://itgium.eu/
Les Récits de jùn mǎ 俊 马 de François de la Chevalerie, mars 2013
Les plus belles femmes chinoises ou les plus célèbres, au choix
Cela m’étonne moi-même, je tombe souvent amoureux d’icônes du passé, de belles femmes qui ont marqué leur temps avec grâce, force, autorité et parfois de la poésie.
Peut être est ce lié à l’inexorable silence dans lequel elles se trouvent maintenues ou leur beauté plus jamais entachée par les assauts de l’âge.
Comme elles sont alors réellement inaccessibles, les sachant loin d’un regard concurrent, nulle inquiétude dans mon cœur.
Leur mémoire appartient au tout venant comme à moi même, m’y osant.
Dans la mêlée, à ce palmarès, j’ai ajouté des plus jeunes, bien vivantes, bien en chair, qui illustrent avec élégance la modernité de la Chine d’aujourd’hui.
Voilà, ci après, quelques femmes dont je ne crains pas de dire qu’elles sont les plus belles chinoises par delà le temps, du moins, tel que je le ressens.
Catalogue imprécis et subjectif
Wǔ Zétiān 武则天 (625–705)
Impératrice
Malgré les critiques des historiens confucianistes, cette concubine a porté haut vers la lumière le flambeau de sa propre dynastie Zhou, seule impératrice de toute l’histoire de Chine.
Avec des sourcils arqués comme des antennes de papillon, elle était autoritaire, cruelle en ses heures.
Surtout une féministe avant l’heure bousculant des hordes d’homme, l’empereur Gaozong et sa troupe.
Zhou Xuan 周璇(1918 – 1957)
Chanteuse
Jolie Jade, son nom, offre une silhouette gracieuse, un charmant profil.
Je l’ai revue au moins dix fois dans le film Les Anges du boulevard (馬路天使, malu tianshi) avec toujours une même question : comment le destin a-t-il donné vie à une femme aussi sublime ?
Jamais Jolie Jade ne reçut de réponse, ses parents biologiques lui furent toujours inconnus.
Je l’aimerais toujours, chantonnant à l’infini, Ye Shanghai.
Morte trop jeune, s’en allant doucement vers l’autre monde.
Lin Huiyin (1904–1955)
Architecte
Un ami m’a dit : si tu veux connaitre la force romantique d’un couple chinois, plonge toi dans la vie de Lin Huiyin et de Xu Zhimo.
Couple illégitime, s’aimant dans l’ombre, se chahutant.
Xu Zhimo admirait par trop celle qui deviendra la toute première architecte de chine.
Dans sa quête d’amour, il s’abîme, l’abîme aussi.
Le temps enfin de se dire Adieu et ils meurent tous deux comme enlacés dans un même destin.
Dans les années 40 et 50, le rêve de tout homme était de rencontrer de Madame Tchang Kaï-chek, femme d’une élégance sublime et au charisme époustouflant.
Dans les Vacances Romaines, Gregory Peck chahute aimablement Audrey Hepburn, dans le rôle d’une jeune princesse, en lui disant que son heureuse silhouette ne saurait surpasser l’allure de la Reine des Reines, Madame Tchang Kaï-chek.
Ce mot encore prêté à Cary Grant :”Toutes les plus belles stars d’Hollywood ne valent pas le regard de Madame”.
Dans les 40, elle parcourt les Etats Unis, prône l’intervention américaine aux côtés du Zhōngguó Guómíndǎng.
Hollywood l’admire, la célèbre comme une Reine mais Roosevelt puis Truman boude la belle Dame.
Dotée d’une forte intelligence, Sòng Měilíng occupe inlassablement mon esprit comme le révélateur de la grandeur du peuple de Chine.
Wang Danfeng (1924)
Actrice
Si j’étais né dans les années 20, je serais alors tombé éperdument amoureux de Wang Danfeng, célèbre actrice à la diction remarquable et au charme saisissant.
Doux est son regard, toujours envahie par un sourire irradiant.
Elle me fait souvent penser à Gene Tierney, un peu froide en apparence mais au tempérament chaleureux, ne s’en laissant pas compter.
Sòng Qìnglíng, Madame Sun Yat-sen 宋庆龄 (1893 – 1981)
Politique
Sòng Qìnglíng, Madame Sun Yat-sen, deuxième épouse du Père de la Chine moderne offrait une beauté sage telle que je les aime.
A la mort de ce dernier, a-t-elle conçu une affection particulière pour Israel Epstein et Edgar Snow, deux fervents soutien de la révolution chinoise ?
Dieu seul le sait mais si d’aventure j’avais été dans les parages, je lui aurais dit : « L’amour de la patrie est notre Loi (Amor patriæ nostra lex) ».
Mère de la Chine moderne (guomu), elle a accompagné le peuple de Chine dans ses heures sombres et de gloire.
Deux semaines avant sa mort, elle devient la Présidente honoraire de la République populaire de Chine.
Dèng Lìjūn 邓丽君 (1953 – 1995)
Chanteuse
Le regret de ma vie est de ne pas l’avoir rassurée en 1992 devant l’église de Saint Germain des Près.
N’avais-je pas compris que sa voix chaleureuse et douce allait porter l’âme de la Chine encore pour de longues décennies ?
Brutalement, ce jour là, son visage se glace d’effroi.
Elle reprend sa respiration, baisse légèrement la tête, les yeux fuyant.
Glisse une larme sur sa joue.
Une autre encore.
Elle pose délicatement sa main au visage, cherche à réprimer une soudaine tristesse.
Ma belle endormie, je l’aime toujours, sa voix, sa beauté, ce goût à la vie.
Cíxǐ 慈禧 (1835–1908)
Politique
Vilaine est cette opinion que l’impératrice douairière Cíxǐ était une femme irascible, rusant et calculant, responsable du déclin de la Chine et de sa soumission au diktat des puissances étrangères.
Comble du toupet, petite concubine, elle s’impose dans les rangs et donne encore un peu de souffle à la dynastie Qing, décadente et endormie.
Dans sa jeunesse, Cíxǐ était une très belle femme que tout homme de bon aloi aurait aimé prendre pour compagne.
Yan Fengying (1930-1968)
Chanteuse
Elle est remarquable dans l’opéra de Huangmei, d’une beauté captivante.
Je l’ai adorée dans le chef d’œuvre « The Cowherd and The Girl Weaver » où elle suspend sa voix presque vers l’infini.
Elle est morte lorsque la vie tout juste s’emballe, à 38 ans, le plus bel âge pour une femme.
Yang Likun(1941-2000)
Chanteuse
Danseuse et chanteuse, en son temps, on la surnommait la Judy Garland chinoise.
Membre de l’ethnie Yi, elle est la neuvième d’une fratrie de onze enfants, ce qui lui vaut le surnom de « Xiaojiuer ».
Elle a joué dans de deux célèbres comédies musicales avant d’être totalement détruite par la révolution culturelle.
Laminée à tel point qu’elle ne reviendra plus jamais sur scène.
Pour ces deux raisons, je l’adore plus que tout – son talent comme son courage – et je me rends souvent sur sa tombe à Shanghai.
Zhang Zhixin 张志新 (1930-1975)
Politique
Si elle avait été Française, elle aurait été Jeanne d’Arc.
Vraie marxiste mais dissidente dans les années sombres de la révolution culturelle, elle a condamné sans relâche l’idolâtrie maoïste, la dérive d’un potentat.
Pour avoir exprimé librement son opinion, elle a été emprisonnée pendant 6 ans (1969 à 1975), torturée, puis exécutée par décapitation.
Comment la Chine pourra-t-elle se remettre d’une telle honte ?
Comme ma tante Edith de la Chevalerie, c’est une femme exemplaire digne de toutes les louanges, un exemple.
Pan Hong (1954)
Actrice
Toute la force de cette femme repose dans un effroyable souvenir qui la tient jusqu’à ce jour.
Le suicide de son père, honni, écrasé, laminé par de lamentables gardes rouge durant la révolution culturelle.
Du coup, chez elle, l’essentiel, c’est de vivre par dessus tout, droit dans ses bottes.
Merveilleuse actrice, je l’ai rencontrée plusieurs fois en sa qualité de vice présidente de l’association du Cinéma Chinois.
Chaque fois, elle ouvre le bal sur ce bon mot, « Tant qu’il y a de vie, il y a de l’espoir.
(Dum vita est, spes est).
Gong Li (1965)
Actrice
Sa renommée est un sacré piège car on la pense distante, accompagnée d’une ruée d’agents, de la morgue au visage, trainant sa gracieuse silhouette dans les Palais Romains.
Nullement, Gong Li est une femme qui adore la simplicité et l’inattendu.
La voilà en scooter à Paris arrimée à un inconnu, un sans grade, cette fois pris au piège d’un délicieux rêve, l’amour.
Un inconnu rencontré sur la grande muraille, un jour de chance.
Quelle merveilleuse aventure que celle de rompre les amarres et de regarder sur la butte Montmartre le lever du Soleil sur Paris, cette fois tendrement accompagné !
Zhang Ziyi (1979)
Actrice
Malgré sa renommée sulfureuse, c’est une femme ravissante.
Trop sur les devants de la scène, elle est honnie par une partie de la Chine.
A son encontre mille soupçons.
A mon avis, elle sera pleinement heureuse lorsqu’elle donnera à sa vie un élan romantique.
Un français aimable et élégant, fin connaisseur des usages et des Lettres chinoises, pourrait volontiers y répondre et répandre chez elle l’idée du bonheur. Avec un slogan commun :
Omnia vincit amor (L’amour triomphe de tout).
Wáng Fēi 王菲 (1969)
Chanteuse
D’abord, une inquiétude.
Elle fait la une de Time Magazine.
Aurait-elle la grosse tête, enflée à jamais ?
Agréable objet à l’usage des médias occidentaux à la recherche d’une icône chinoise bon teint, plutôt jolie, prêtant sa voix sensuelle à de belles chansons.
Je la croise, l’interroge.
Elle retient ses larmes.
Une chanson file entre ses lèvres.
Elle raconte la naissance de sa fille.
- Comme le temps avance inexorablement, je ne verrai plus la lumière dans 50 ans mais ma fille sera toujours de ce monde, portant la mémoire de sa maman.
Je la taquine alors.
- La présence sur Terre le temps d’une vie, est-ce bien utile ? N’avons nous pas mieux à faire en restant dans l’au-delà ? Que d’infortune pour une musique connue, celle d’une mort annoncée ?
Elle porte alors son regard sur une affiche qui domine son appartement.
Des enfants à l’air hagard, le visage en sang, sous les décombres d’une maison.
Le souvenir de l’effrayant tremblement de terre du Sichuan (2008).
- J’ai chanté pour eux. Lorsque j’ai vu sur leur visage glisser un sourire, je me suis dis que mon existence avait un sens.
Zhang Zilin 张梓琳 (1984)
Mannequin
Certains s’amusent à taquiner ce qu’ils nomment peu élégamment Madame l’échalas.
C’est vrai que du haut de sa grande taille (1,82m), augmentée par des escarpins à la courbe vertigineuse, Zilin domine le monde, souvent des nabots qui la mitraillent de photos.
Miss World 1987, elle pourrait en tirer quelque arrogance.
- Nullement, seule m’importe l’idée de bonheur ! s’exclame-t-elle avec vigueur.
Je l’interroge alors.
- Le bonheur étant si rare, comment s’y prendre pour le retenir à soi, le répandre ensuite ?
Elle sourit avec un tel ravissement, une telle assurance, le regard chaleureux, que son idée du bonheur se propage naturellement dans les âmes.
Maggie Cheung Man-yuk (1964)
Actrice
Miss Hongkong en 1983, tout le monde déjà chérissait son regard, la beauté de ses traits, cette douce légèreté.
Voilà qu’elle accomplit son destin dans l’un des plus beaux fils chinois, Huāyàng niánhuá (in the mood for love) incarnant Madame Chan, tellement esseulée qu’elle s’éprend d’un autre solitaire.
Nait alors l’un des plus beaux couples du cinéma.
Silence, nous devons faire silence devant tant de sincérité, de discrétion.
Dong Siyang (1988)
Chef d’entreprise
Dong Siyang est jeune, la plus jeune du lot.
La plus belle aussi, comme elle se réclame.
A 21 ans, elle est déjà Présidente Directeur général d’une société de média établie à Hongkong.
Surnommée la beauty CEO, elle se laisse tellement surprendre par une gloire acquise si tôt qu’elle écrit à 23 ans propre biographie « 21-year-old woman president ».
- Je me trouvais vieille, me confie-t-elle, il fallait que je fasse le point en retraçant ma vie
Bien qu’elle s’ajoute des titres usurpés, le livre est un best seller.
De Shenzhen à Dalian, des jeunes femmes chinoises se l’arrachent, certaines bien plus âgées que Dong Siyang.
Toutes rêvent de gloire et de passion.
Ou du besoin naturel d’être aimé par un homme ou par ses pairs.
Yang Lan (1968)
Media
Un tantinet taquine, chahutant surtout les hommes, Yang Lan se vante d’être la Oprah Winfrey chinoise.
Bill Clinton et Henry Kissinger en ont fait les frais ne sachant plus comment répondre.
Lorsque je l’ai aperçue pour la première fois bataillant l’argument, je l’ai trouvé séduisante mais aussi franchement autoritaire.
Elle s’en est expliquée en m’assurant que pour réaliser ses ambitions, il lui fallait une poigne masculine.
La voilà donc une décennie après, Présidente de la société Sun Television Cybernetworks établie à Shanghai et l’une des femmes les plus riches de Chine.
Son rêve étant accompli, je l’ai de nouveau interrogée.
- Me voilà mieux, je suis redevenue entièrement femme !
Jane Zhang (1984)
Chanteuse
Lorsque je l’ai vue chanter pour la première fois Huà Xīn (畫心; Painted Heart) musique tirée du film Painted Skin (畫皮), j’ai été saisi par le timbre de sa voix s’en allant sans hésitation vers de belles hauteurs.
Lorsque je l’ai revue envelopper sur des notes longues la fresque musicale de Kitaro “Impressions Of The West Lake », je l’ai admirée, applaudissant à tout rompre, lançant sans compter des « Bravo ! ».
Tout comme je me laissais alors surprendre par son regard où se mêlent tristesse et mélancolie.
Sans doute Jane portera-t-elle longtemps sur son visage la douleur du divorce chahuté de ses parents alors qu’elle avait tout juste 13 ans.
Peut être est-ce cette souffrance la raison d’une force inébranlable qui lui a fait gravir tous les échelons : première place dans la compétition la plus courue en Chine devant plus de 400 millions de téléspectateurs (super girl), devenant l’invitée vedette du Oprah Winfrey » talk show, côtoyant même les Pink floyd.
Dieu sait où les vents l’emporteront !
Michelle Yeoh Choo-Kheng (1963)
Actrice
Malaisienne, Michelle Yeoh est une chinoise de l’extérieur, libre dans sa tête, dans ses opinions.
En raison d’un accident vertébral, frustrée de ne pas pouvoir entamer une carrière de ballerine, Michèle supplante toutes ses pairs en devenant Miss Malaisie en 1983.
Sa beauté fait mouche auprès d’un millionnaire hongkongais avec lequel elle se marie et qui la mènera au premier rang du box office chinois.
Sportive, elle assure elle même des scènes d’acrobatie, des sauts périlleux dans l’inconnu, parfois vers l’amour.
Elle interprète la moins connue des sœurs Soong, Ai-ling Madame Kung, plus riche que les deux autres réunis, en posant un regard circonspect sur une chine par trop troublée.
A 50 ans elle devient la Lady. Aung San Suu Kyi
Corps frêle, elle bataille contre les généraux, vouant a la vie un amour par dessus tout.
Jiang Qing 江青 (1914-1991)
Politique
Je suis sans doute le seul homme sur la planète à être tombé amoureux de celle qui fut la quatrième et dernière épouse de Mao Zedong.
Femme de caractère, longtemps détestée en Chine, aujourd’hui presque totalement oubliée, je me lui laissé emporté dans mes rêves par une photo d’elle s’en allant tout juste dans sa vingtième année.
- Comment peut on aimer un monstre ? demande un ami.
- En arrêtant sine die le fil des années !
Nous voilà en 1934, cette belle fleur croisant mon chemin, je l’aurais alors conviée à une bien meilleure partition que celle qui la conduite dans l’arène détestable du pouvoir et d’un prince rouge légendaire.
Yang Kaihui (1901-1930)
Politique
La première épouse de Mao mérite les honneurs.
Nullement parce qu’elle est entrée en l’année 1919 dans la vie du grand Timonier mais parce que ce dernier, un saint homme, n’a nullement remué ciel et terrain pour lui éviter une exécution sommaire par le Guomindang en 1930 à Changsha (Hunan)
Du coup, Yang Kaihui, femme simple et au bon cœur, mère attentive de trois enfants est durablement aimée par le peuple chinois.
Comme par moi même croyant naïvement que les belles âmes portent le meilleur témoignage de la beauté du monde.
Gu Kailai 谷开来
En 2000, un ami m’appelle, la voix fiévreuse.
- je sais qu’elle est la Jackie Kennedy Chinoise !
Il s’épuise alors dans une salve d’épithètes tout à l’honneur de Gu Kailai.
Puis il me convie à Dalian.
Je suis aussitôt ébloui par une silhouette gracieuse, le tailleur moulant, un foulard de soie glissant légèrement sur la nuque.
Une gestuelle sobre, jamais de mouvements brusques, une sorte de discipline.
Une belle dame que j’aurais plutôt dénommé la future Madame Tchang Kaï-Chek.
Patatras !
Le goût du pouvoir est une chose inique.
En 2012, Gu Kailai est condamnée à mort avec une peine suspensive pour avoir fait assassiné un anglais.
Figée, sans réaction, au Tribunal, elle est alors insensible à son sort, la mort ayant peut être déjà pris pleinement possession de son âme.
Cependant, dans la déchéance, elle est toujours belle et élégante, portant dans son âme un irrésistible parfum de Madame Tchang Kaï-Chek et de Jackie Kennedy.
Lin Chi-ling 林志玲
Lin Chiling
Mannequin
Lorsque je l’ai rencontrée la première fois, son visage était sévère, comme intraitable.
Jonglant avec les contrats publicitaires, Chiling Lin n’avait alors aucune inclination à offrir au tout venant un sourire fut-il pâle.
Dans son sillage, son agent publicitaire m’avertissait.
« Au prix coutant de plusieurs dizaines de milliers de dollars, chaque seconde valant son or, vous serez vite ruiné. »
Longtemps après, je l’ai croisée.
Elle venait d’être exclue d’une superproduction.
La larme à l’œil, elle m’aperçut dans un coin d’ombre.
Cherchant à chasser ce désordre, elle laissa filer un sourire sincère sur son visage cependant défait.
Je lui ai alors dit :
- Lacrimis struit insidias cum femina plorat (Lorsque la femme pleure, elle tend un piège avec ses larmes, Dionysius Cato)
- Non ! a-t-elle répondu, je pleure avec mon cœurs, je souris avec mon cœur.
Yuan Quan
Yuan Quan (1977)
Actrice
Comme j’ai beaucoup aimée dans le film The Last Tycoon (2012 film) de Wong Jing où elle s’imposait, toute flamme tout feu, dans le rôle de la redoutable patronne de la triade de Shanghai dans les années 30, je lui ai écrit pour la féliciter.
Elle m’a répondu, le ton de la voix inquiet.
- Penses tu que je puisse en retirer une bonne réputation ?
Lou Jing
Lóu Jìng 娄婧
Chanteuse
« Je suis chinoise », s’exclame Lóu Jìng.
« De toute mon âme », ajoute-t-elle, la voix légèrement chahutée par l’émotion.
Shanghaienne, Lóu Jìng fait souche sur Terre voici une vingtaine d’année, le visage empreint des belles couleurs de son père, homme noir d’Amérique et de sa mère, chinoise.
En 2009, participant à une émission de variété, Lóu Jìng devient brutalement célèbre.
De nombreuses voix s’étonnent alors que ce beau visage puisse être chinois, arrimé à une civilisation cinq fois millénaires.
Vaguent des mots peu élégants.
Du bruit venant souvent des mâles, la tête envahi par leurs démons.
Au lieu de batailler contre l’absurde, Lóu Jìng rétorque simplement :
« J’ai été élevée en Chine ».
Originaires du Henan ou de l’Anhui, ses amis s’appellent Li, Liu, Wang, Yang et Zhang, Lin.
« Je remercie mes parents de m’avoir donné la vie. » ajoute-t-elle, son visage composant avec un beau sourire.
L’on songe en silence a l’avenir.
Dans quarante ou cinquante ans, son fils ou sa fille deviendra peut être le porte drapeau, la figure de la Chine d’alors
Homme ou femme de ce monde.
Hou Yu
Hou Yu
Chanteuse
La voix s’élève vers de belles hauteurs, s’élance plus encore vers un horizon lointain.
Loin dans le ciel, survolant son ombre.
Soudain, Hou Yu suspend son envol.
La voix se rétablit vers des notes légères,
Bientôt un calme, comme une attente.
Sera-t-elle l’épouse de l’empereur ?
La concubine au cœur chaud, l’aimant jusqu’à l’infini.
Embastillée dans des étoffes, le visage de Hou Yu est blême.
Glisse une larme sur ce visage bien fait.
Elle s’aime tour à tour dans les rôles de Dan, de Quingyi ou de Wudan.
Elle souffre aussi, la carapace l’accable, le masque l’étouffe.
Telle une concubine déchue, l’âme en peine.
Voilà le public du Guójiā dà jùyuàn (國家大劇院) l’applaudissant à tout rompre.
Hou Yu est une valeur sûre de l’opera de Pekin (Jīngjù).
Je la félicite alors, me laissant porter, l’enveloppant de mes bras.
- Je trouve le public de Tianjin plus chaleureux, se lâchant dans le bonheur, murmure-t-elle.
Je la tiens plus près de mon cœur.
- Oui, l’homme Tianjinois est le plus chaleureux du monde.
Tian Yuan
Tián Yuán 田原 (1985)
Ecrivain
C’était un soir de décembre, la température avoisinait mois dix degrés,
Un ami m’avait invité à la célébration de ses vingt ans de vie d’artiste.
Dans des pièces enfumées, pétries d’odeurs d’alcool de riz, il m’a aussitôt indiqué la bonne porte.
- Viens par là que je te présente, Tián Yuán, je ne sais comment la présenter mais ce qui est sûr, c’est qu’elle est dotée de tous les talents. Elle fut la Reine du Trihop chinois mais elle est encore actrice, scénariste.
Visage discret aux lignes parfaites, une voix douce, Tián Yuán me raconte si bien, si honnêtement, si précisément, son roman, Zebra Woods que je la serre dans mes bras.
Elle s’en étonne à peine, me demande si j’ai vu son premier film, Butterfly.
Je suis honteux, très honteux, les bras pendants
Elle s’éloigne alors.
Le lendemain même, je visionne Butterfly pour lequel elle a reçu un prix.
Elle n’avait alors que 19 ans.
Une adresse exceptionnelle pour celle qui entend bientôt réaliser son premier film, cousu d’or celui là.
Wei Wei
Wei Wei 韦唯 (1963)
Chanteuse
Il est toujours dangereux de se frotter avec une icône nationale, une Madame aux mille chansons dont le si beau Today is Your Birthday utilisé comme thème de la fête nationale chinoise.
Lorsque je la rencontre à Hohhot, en Mongolie intérieure, ville de sa naissance, je cherche mes mots, la voix légèrement tremblante.
Elle me rassure par un sourire puis elle m’interroge :
- Ai je le droit de dire la vérité ?
J’acquiesce favorablement.
- Je suis heureuse d’être chinoise comme je suis fière de mon pays, de mon peuple, de mes ancêtres et de tous ceux qui me succéderont sur une Terre que j’aime tant.
Mian Mian
Mián Mián 棉棉
Ecrivain
Dure a été la lecture des Bonbons chinois où Mián Mián raconte l’univers glauque de la drogue et du besoin frénétique du sexe de la jeunesse underground de Pékin.
Je suis parfois aveugle, loin de penser que la jeunesse chinoise puisse être à ce point sur la dérive, voguant vers la déchéance.
La raideur des romans Mián Mián détonne dans univers littéraire chinois plutôt lisse, glissant doucement.
D’ailleurs, la plupart sont censurés.
Du coup, je l’ai interrogée.
« Mes romans me permettent de survivre dans un monde de brutes, dans cette Chine dont on parle de la puissance restaurée mais qui n’est qu’un amalgame d’intérêts individuels, une machine où l’homme compte à peine.
Alors dans ces conditions, comment survivre ?
Se perdre dans la drogue et le sexe ?
Ou se perdre dans l’écriture. »
Wei Hui
Zhou Weihui 周衛慧
Ecrivain
Comme j’avais beaucoup aimé son roman, Shanghai Baby (上海宝贝), je suis allé à sa rencontre pour la féliciter.
Je voulais le dire a quel point j’appréciais le personnages de Coco lequel à travers son comportement et sa famille illustre parfaitement les contradictions de la chine contemporaine.
Mélange de sexe, de drogue au risque d’un monde interlope.
“ Vous savez, m’a t-elle dit, j’ai eu beaucoup d’ennui avec ce livre. Beaucoup d’exemplaires sont partis en fumée. Mais, comme il est toujours possible de renaitre de ses cendres, j’ai récidivé et je récidiverai toujours et inlassablement.
Telle une pluie ne s’interrompant jamais. »
Le soir même, j’ai poursuivis la lecture Wo de Shan (我的禅) plus doux tout de même que le précédent.
Peng Liyuan
Peng Liyuan 彭丽媛
Politique, Chanteuse
Depuis toujours, j’aime intensément cette merveilleuse chanson « Sur les plaines de l’espoir » où bat le cœur de la chine ancestrale, les souffrances et joies d’un grand peuple.
Humble spectateur du gala annuel de la CCTV à l’occasion du nouvel an chinois, j’ai été transporté par une voix merveilleuse.
Le corps tremblant, terriblement ému, je regardais cette belle femme qui avait si bien entonné l’air que j’aime tant.
Laissant glisser un sourire sur son visage, elle remercia ensuite le public de sa voix douce.
Et tous ceux qui comme moi, depuis Tianjin ou les provinces les plus reculées de la Chine, avaient gouté avec plaisir au spectacle.
- Merci Madame, murmurais-je alors.
Madame, la première de Dame de Chine.
San Mao
Sanmao 三毛 (1943 – 1991)
Ecrivain
C’est sans doute l’un de mes plus grands bonheurs de lecture de la littérature chinoise contemporaine.
J’ai adoré les chroniques du Sahara (Sāhālā de gùshi) où elle raconte ses 13 années de vie dans le désert, suivant les traces du père de Foucault.
C’est un monument de poésie et de rêves, bien avant que cette terre “miraculeuse” soit envahie par des bandes barbares.
Du coup, emporté par ses rêves, j’ai lu la biographie qui lui est consacrée Sanmao de meng yu renshen (Le Rêve et l’existence de Sanmao).
Puis le rêve, un effroyable jour de l’année 1991, s’est fait triste.
San Mao a été découverte morte, suicidée et assassinée.
Je suis aller prier pour cette femme qui m’a tant donnée sur le temple taôiste du mont Heng Shan (衡山), recevant une partie de ses rêves.
Fan Binbing
Fan Bingbing 范冰冰 (1981)
Actrice
Fraiche et généreuse, telle est Fan Bingbing alias Jin Suo, allant et venant élégamment, dans le film Taiwanais Princess Pearl (1997).
Certains se demandaient alors comment cette toute jeune femme, âgée seulement de 17 ans, se muerait dans le monde âpre et violent du cinéma.
L’ayant approché à cette époque, je l’interroge sur ses rêves.
Elle en rit, se laissant aller à une réponse audacieuse.
- Comme le temps venant mais toujours au delà de mes espérances.
Voilà qu’elle devient dans la décennie suivante l’égérie de marques commerciales de renommée, au million de yuan la prestation.
Elle crée en 2007 son propre studio, le Fan Bingbing Studio (范冰冰 工作室 , Pinyin : fàn bīng bīng gōngzuòshì) et multiplie les productions.
Je la vois encore dans les films Shaolin et Buddha Mountain.
Au delà de mes espérances, disait elle.
Je la retrouve alors autour d’un dangereux élixir, un mélange hasardeux de vodka et de tequila.
Alors que je souhaite la questionner sur l’air du temps comme du plaisir de vivre, elle m’interrompt.
- Je n’ai toujours pas atteint mes espérances.
- Fan Ye (son surnom), lui dis-je, on vous accable de nombreux talents mais celui qui l’emporte, c’est votre incroyable détermination.
- Bravo, Madame ! conclus-je en Français.
Jin Xing
Jin Xing 金星
Chroregraphe
Issue de la minorité coréenne, Jin Xing cultive les particularismes les plus audacieux.
Valeur mâle, valeur femelle, Jin Xing est passé(e) de l’un à l’autre, d’un coup d’aile.
Sans trop d’éclat, devenant l’une des meilleures danseuses et chorégraphes de Chine.
Colonel de l’armée populaire (Zhōngguó Rénmín Jiěfàngjūn), elle vit à Shanghai dont elle dit :
- Shanghai une ville complètement femelle. La ville des femmes alors que Pékin est la ville des hommes.
Elle ajoute dans un murmure :
- Ma vie est fantasque, heureuse vie d’entre les vies de ce monde !
Coco Lee
Coco Lee 李玟 1975
Chanteuse
Sa belle silhouette évoluant sur de nombreuses scènes, sa vie est une suite presque ininterrompue de disques accumulant prix et honneurs.
La voix jonglant aussi élégamment entre le mandarin et l’anglais, cette hongkongaise de naissance ayant vécu très tôt aux Etats Unis incarne parfaitement le soft power chinois, ce moyen pour la chine d’étendre délicatement, sans coup férir son influence sur le monde.
Cependant, au milieu de sa remarquable réussite, Coco a le cœur généreux, la larme à l’œil, laissant filer document sa voix pour soutenir les malades du SRAS ou du Sida, pansant la misère.
Zhou Xun
Zhou Xun 周迅 1974
Actrice
J’ai adoré, mille fois adoré, le film Dai Sijie 巴尔扎克与小裁缝 Balzac et la Petite Tailleuse Chinoise.
Pourtant, je ne comprenais rien au dialecte abscons que l’on parle dans le Sichuan.
Cependant, je m’accrochais à la parfaite diction de Zhou Xun.
Je l’ai aussitôt aimée comme on aime le soleil, la vie.
Tel un pèlerin, sur son chemin de grâce, je suis alors allé à sa rencontre
Elle venait de terminer lǐ mǐ de cāi xiǎng, The Equation of Love and Death (李米的猜想).
- Vous semblez venir tout droit d’un rêve !
D’une main fragile, elle a dessiné un cercle.
Apres l’avoir traversé en son milieu, sa main s’est dirigée vers le ciel.
Elle m’a alors dit d’une voix douce légèrement chahutée par l’émotion.
- Vous voyez d’où je viens, vous voyez où je vais !
Jingchu
Zhang Jingchu (張靜初) 1980
Actrice
Pourquoi diable a-t-elle changé de prénom ?
- Jing, ceint en or, n’est ce pas le plus merveilleux des prénoms ? interroge-je.
- Jingchu, c’est le mien dorénavant, ceint en or, en argent, en bronze.
Diplômée de la fabuleuse Central Academy of Drama de Beijing, (Zhōngyāng Xìjù Xuéyuàn), Jingchu enchaine les rôles.
Inquiète, l’âme en peine, luttant contre des hommes, des lâches.
Belle toujours.
Bientôt elle est portée aux nu par Time magazine, belle Asia’s Heroes de notre temps.
Je l’interroge encore :
- Est ce de trop tout cela lorsqu’on se meut encore dans la jeunesse ?
Se dresse un sourire sur son visage.
- Je me souviens de mon premier cours de diction, me dit-elle. Ces mots…
La première fois, j’allais à reculons voir sa chorégraphie « Dynamic Yunnan ». Tout grognon, soupirant d’ennui.
Divine surprise ! Rarement ai je été autant bousculé dans ma vie !
Le rideau tombant, j’applaudissais à tout rompre l’épopée des 26 tribus du Yunnan.
Le lendemain, reprenant mes quartiers dans la même salle de spectacle, je l’applaudissais plus encore
Ce soir là, je me faufilais dans les coulisses.
Je la retrouvais méditant devant un the Jasmin.
- Puis je vous connaitre ? Demandais-je dans un sursaut.
- Serait ce trop tôt ou trop tard ? Je n’ai plus l’âge à me faire fêter mais j’ai l’âge de comprendre.
Je lui ai dit tout ce que je savais sur les entrailles du Yunnan, un bataillon de mots.
- Le brouillard est parfois intense à Xishuangbanna, l’on ne voit pas l’on devine seulement.
Shu Qi
Shu qi 舒淇
Actrice
Pour accéder à la notoriété, un choix douloureux s’impose à toute jeune ambitieuse, originaire de Taiwan, sans nom, sans relation.
Quelque temps durant, il faut prêter son corps, se mettre dans l’ambiance.
Aussitôt dans les rangs, Shu Qi fait merveille dans « Love is not a Game, But a Joke ».
Plus tard, je la retrouve dans « Millennium Mambo » et « Three Time »s où elle excelle.
Un dimanche matin, je la rejoins sur l’Avenue of Stars (星光大道) dans le quartier de Tsim Sha Tsui à Hong Kong.
Sortant d’un festival de cinéma dédié aux stars hollywoodiens des années trente, avant que je ne l’interroge, elle s’exclame :
- Made it, Ma ! Top of the world !
Je suis laissé sans réponse, médusé.
- James Cagney, White Heat !
Sylvie Lin jing
Sylvie Lin Jing
Ecrivain
Sylvie Lin Jing, son monde entre cinq paradoxes.
Femme lettrée, dotée d’une forte sensibilité, elle nourrit l’espoir d’une existence banale et confortable, à l’ombre d’un mari quelconque, une vie sans âme.
L’esprit romantique, souvent la larme à l’œil, elle s’abime dans de sombres colères sans issue.
Femme d’une impeccable honnêteté, se gonflant parfois de mots à l’emporte pièce, elle pousse trop loin ses choix radicaux.
Le verbe talentueux, elle refuse de s’en saisir, écrit peu ou rien, sommeillant à l’ombre des grands écrivains.
Comblé par l’anonymat, elle ne veut pas entendre parler d’elle, s’aimant peut être trop peu pour être la plus belle.
L’âge venant, tout cela confondu, disséqué, broyé et laminé, donne un merveilleux roman, « Meredith, my Uncreated 2050 Chinese girl ».
Gigi Leung
Gigi Leung 梁詠琪
Chanteuse
Quelle audace pour une totale de l’inconnue de se lancer dans l’arène violent du show biz avec un album au titre si narcissique sur Love Myself (1996) 愛自己 ?
Elle assume élégamment cette impertinence.
- Comment ne pourrais pas m’aimer ? N’est ce pas mie vie que je porte dans mon corps. Si je ne m’aimais pas où en serais-je aujourd’hui, Meurtrie, dans le sang ?
Défense imparable dont elle titre un beau sourire.
La voilà s’exposant dans vingt films, enchainant les albums, cette grande fille s’offre tous les genres.
Je l’arrête sur son chemin.
- Attention, Gigi ! Tu souffres d’asthme chronique. Je ne souhaite pas que tu sois emportée par le même sort que celui qui a arraché à la vie mon adorée Dèng Lìjūn.
Gigi regarde alors vers le ciel.
- Quand le moment sera venu, je me laisserai emporter, doucement, sans hâte.
Gāo Yuányuán
Gāo Yuányuán 高圆圆 1979
Actrice
Autodidacte, Gao fait ses premiers pas dans une comédie de pâle facture, Spicy Love Soup. Normalement, elle aurait du disparaître derrière la rampe comme chaque année dix mille actrices de peu de talent.
C’était sans compter avec son imparable fraicheur, une nature douce, loin du jeu par trop calculé des starlettes hongkongaises.
En 2002, elle s’emploie merveilleusement bien dans le rôle de Zhou Zhiruo pour la série télévisée The Heaven Sword and Dragon Saber.
En 2005, elle étonne dans le film de Wang Xiaoshuai, Shanghai Dreams qui remporte le Prix de Jury. Elle se fait encore applaudir avec Jackie Chan dans le film Rob-B-Hood
Vient alors la grâce, elle joue Mlle Jiang dans le film City of Life and Death (南京!南京!, Nanjing, Nanjing) qui raconte l’histoire des troupes japonaises se livrant à un terrible massacre à l’encontre des civils chinois.
Portée désormais vers la gloire, la belle Gao !
Zhang Yin
Zhang Yin 张茵
Femme d’affaires
Il vous faudra beaucoup aimer ou connaître le recyclage de papier et le papier d’emballage de Chine pour l’approcher juste une toute petite seconde.
Même en développant des trésors d’imagination sur l’avenir du courtage en papiers recyclés, il n’est pas sûr que la propriétaire de la Nine Dragons Paper vous reçoive.
La raison, Zhang Yin est une des premières fortunes de chine, une fortune qu’elle a acquise toute seule, principalement à Hongkong.
Mieux vaut alors lui parler de la biographie que vous comptez écrire sur elle. Dans ce cas, elle s’ouvrira davantage.
- Mon père était officier de l’armée populaire, s’exclame-t-elle, je suis officier de l’économie de la Chine d’aujourd’hui. Trente ans de distance, et le tour est joué. L’on devient riche sans même sans rendre compte ? Est ce bien tout cela ? se demande-t-elle alors.
La question des visas entre la France et la Chine de François de la Chevalerie
(Le Journal le Monde 04.08.2010)
Longtemps, la France était la destination rêvée des chinois.
Telle une exigence, chacun se devait un jour de visiter ce pays ami. Comme s’y accomplirent, au temps de leur jeunesse, Zhou Enlai et Deng Xiao Ping.
Depuis que la France a été le premier pays occidental à reconnaître la Chine populaire, une amitié sincère liait les deux pays. Presque une histoire sentimentale comme s’en amusent les chinois en qualifiant les français de romantique. Ce mot léger recouvrait une réalité. D’emblée, les chinois aimaient la France.
Déjà l’épisode de la présence française aux jeux olympiques avait sonné le glas d’un compagnonnage. Depuis, la mauvaise humeur persiste.
Le souhait de tout chinois étant de se rendre en France, les restrictions apportées à l’octroi des visas bousculent les meilleures volontés. Sans doute doit-on traquer les clandestins mais ce choix nourrit inévitablement la suspicion.
Avant de fouler la France, chacun doit montrer patte blanche. Des lors beaucoup se rendent aux consulats, la peur au ventre. Ce sentiment existe ailleurs mais en Chine il se double d’une honte, d’une défaite.
Qui plus est, l’accueil parfois mitigé réservé dans les aéroports français aux Chinois conforte ce trouble. Selon que la silhouette dérange, certains sont questionnés. Bientôt soupçonnés.
S’ajoute une rumeur, la France serait un pays dangereux.
Du Shanxi au Hunan, des images circulent, des compatriotes s’y feraient détroussés. Méconnaissant la langue, habitués à vivre dans un pays où le vol est rare, ils sont des proies faciles. Se croyant en confiance, ils arpentent les rues, l’âme légère.
Les méfaits dont ils sont l’objet chahutent désormais ce sentiment.
Telle est l’opinion des franco chinois de Belleville, victimes d’une délinquance à caractère ethnique. Jugeant leur dynamisme commercial par trop voyant, les édiles parisiens ont souvent prêté une attention distraite à ce problème. Les exactions s’aggravant, les chinois sont descendus dans l’arène. Tel un signe de désespoir pour une communauté discrète, peu rebelle.
L’image de la France se brouille plus encore avec l’apparition de discours hostiles. Selon certains, la Chine ne jouerait pas le jeu. Sans foi ni loi, ce pays étranglerait l’économie mondiale.
Bientôt, responsable de tous les maux ! Certes l’émergence de la Chine perturbe mais les vrais responsables ne sont-ils pas à rechercher ailleurs ? Au nombre, des grandes entreprises avides de rentabilité, délocalisant a tout va ; des politiques privilégiant le maintien du pouvoir au prix d’importations à bas coûts ; un recours massif à l’endettement pour tenir dans les cordes.
Mauvaise conseillère, la mauvaise humeur se propage en Chine. Déjà sourcilleux, son nationalisme économique n’est plus toujours bienveillant. Comme en témoignent des mesures récentes discriminant les entreprises étrangères, donc l’étranger. S’ajoute un semblable raidissement dans l’octroi des visas. Oeil pour œil, dent pour dent ! Triste musique !
S’installe une ambiance délétère. L’amitié se meut en un doute. Après tout, peut être est il normal que le couple franco chinois s’affranchisse d’une relation particulière, chaque pays se recroquevillant derrière ses seuls intérêts ?
Peut être est-ce logique que la France épouse la position du camp occidental et la Chine, celle d’un militantisme nationaliste ? Seulement voila, poussée a l’extrême, cette approche est dangereuse. L’on ne sait jamais quand s’arrête le chacun pour soi ! Plutôt que cette pale perspective, mieux vaut s’employer à restaurer cette confiance. Sans fausse naïveté, sans compromission, sans interdit mais en jouant d’une singularité, celle de deux pays amis, soucieux de construire ensemble.