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Peur de la Chine
Les récits de jùn mǎ 俊 马 (François de la Chevalerie)
NE PAS DIABOLISER LA CHINE !
Là, gisant sous nos pieds, le venin se répand.
Tout doucement s’insinue dans l’opinion l’idée que la Chine est un pays hostile, la charge s’invitant bientôt dans les campagnes électorales.
Que lui reproche-t-on exactement ?
De laminer nos industries dont certaines sont moribondes depuis longtemps ?
De détruire l’emploi ?
De laisser exsangue nos économies ?
De porter atteinte à notre modèle social ?
Par delà le factum, levons le voile sur une hypocrisie.
D’aucuns pays ne souhaiteraient pas connaitre le développement économique de la Chine ?
Que ces thuriféraires fassent preuve de cohérence !
Si d’aventure ils envisagent une mondialisation à géométrie variable, qu’ils dénoncent alors toutes les déclarations onusiennes favorables au développement et ainsi de la marche inexorable du monde !
Comment reprocher à une nation naguère famélique de s’en sortir ?
Cette civilisation par cinq fois millénaire prend une revanche sur l’histoire.
Elle s’y accomplit avec une volonté dont beaucoup de pays gagnerait à s’inspirer.
Certes le pays n’a pas choisi le modèle démocratique mais quiconque le connaît mesure la détermination des pouvoirs publics à augmenter le niveau de vie de sa population.
Assumant les tâches régaliennes, l’Etat donne le rythme, rectifie les débordements tout en laissant libre cours à l’initiative privée.
Cet engagement rappelle celui de l’Etat Français au lendemain de la guerre ou au début des années 60.
Tout doit être fait pour améliorer le menu quotidien et abolir l’apostrophe trop souvent entendue sur les bords du Chang Jiang : « qu’as-tu mangé ce matin ? »
NE PAS AVOIR PEUR DE LA CHINE !
Délocalisation ; pratiques commerciales ; croissance boulimique, vol technologique, dumping, extrême capitalisme, tout y passe, l’on ne sait où donner de la tête.
Pointés du doigt, fauteurs de troubles, la faute aux chinois !
Tout est prétexte à nourrir le slogan, déjà mondial ! A Paris, leur frénésie de rachat de baux commerciaux suggère l’hostilité.
Dans les universités américaines, l’on stigmatise des promotions comptant jusqu’à 40 % des leurs.
Au Mexique, « los malditos chinos » sont tenus pour responsables de la fermeture des maquiladoras. Au Maghreb ou à Madagascar, l’écroulement de la filière textile suscite la colère. A Dakar, l’on s’émeut de voir l’artisanat ancestral fabriqué à Canton. Les politiques s’en mêlent.
L’augmentation du prix des matières premières et l’invasion des produits chinois abreuvent la démagogie. Dans la mêlée, des universitaires japonais lâchent l’incidente : le Japon a bien fait de mater la Chine dans les années trente ! De mal en pis, la chasse est sonnée. En Indonésie, plus d’une fois ! Partout les raccourcis s’imposent. Telle usine fermée ! Telle magasin liquidé ! Tel emploi perdu ! Eux, toujours eux !…
De deux choses l’une, soit le phénomène s’emballe et alors la confrontation est à craindre ; soit l’intelligence prend le dessus. Comment reprocher à un pays autrefois famélique sa soif de croissance et l’enrichissement de sa population ?
Comment contester l’affirmation de sa nouvelle puissance ? Fière de son passé, la Chine l’est de son présent, de son avenir.
Mieux vaut donc composer sans complaisance mais avec détermination.
Même si la France est une puissance moyenne, elle peut jouer un rôle ne serait-ce qu’en raison de son image favorable dans l’empire du milieu.
L’on aime la France et l’idée que les français seraient romantiques. Donc amicaux. Et l’amitié, c’est le nerf de toute énergie en Chine.
Du côté des autorités, l’on observe que les modèles d’administration des deux pays présentent des similitudes : l’Etat s’engage, donne le rythme tout en laissant libre cours à l’entreprenariat privé.
Ne doit-on pas s’appuyer sur cette appréciation pour hisser la France en première ligne dans le dialogue Occident Chine en y associant pas seulement les entreprises du CAC 40 mais l’homme de la rue, chaque français ?
Mais seule une politique volontariste peut y conduire. Partout en France, doivent surgir des têtes de pont rassemblant français et chinois. De même, un effort sans précédent doit être mené en faveur de l’apprentissage du mandarin. Dans nos écoles, il doit être enseigné à l’égal de l’allemand ou de l’espagnol. Parallèlement, le français doit être promu en Chine.
De surcroît, il faut encourager l’installation de français en Chine. S’en compte 7 000 actuellement, amenons ce chiffre à 50 000 ! De notre côté, recevons des chinois, 8000 mille étudiants en 2005, 40 000 demain !
Favorisons aussi initiative et inventivité. En France, les mécanismes de soutien à l’exportation de produits ou de savoir faire favorisent les entreprises établies, rares sont les dispositifs financiers accessibles au tout venant.
Pourtant la France dispose d’un incroyable vivier de talents (créateurs, chercheurs, entrepreneurs, artisans, etc.) mais beaucoup, faute de moyens, ne peuvent s’aventurer en Chine. Offrons-leur cette possibilité !
Apportons à ce grand pays notre sensibilité, nos valeurs, notre humanité ! En retour, il nous apportera ce qu’il nous manque terriblement aujourd’hui, une énergie constructive, de l’espoir. Ensemble, tordons le coup à la fatalité de l’histoire, aux préjugés, jouons contre les peurs !
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