CONCESSION FRANÇAISE DE TIANJIN
Les récits de jùn mǎ 俊 马 故事
(François de la Chevalerie)
Histoire
Disposant d’un patrimoine d’environ mille maisons et bâtisses de facture occidentale, construites entre 1860 et 1940, la municipalité de Tianjin entreprend aujourd’hui leur réhabilitation à marche forcée.
Au milieu du XIX siècle, les pourtours du fleuve Hai intéressent les puissances européennes. A 120 kilomètres de Pékin, elles cherchent un site où s’établir.
Créée au quinzième siècle, Tianjin offre une configuration géographique idéale. Ouvert à l’activité fluviale, le fleuve Hai dessine un arc de cercle au milieu d’un bassin aéré se prolongeant jusqu’à la mer Bohai.
Clôturant la Guerre d’Opium, le traité de Pékin (1860) offre une concession à la France.
D’une superficie de 80 hectares, la concession française est d’achèvement plus complexe.
Selon un découpage arbitraire, elle reflète des styles architecturaux variés.
Véritable jeu de piste, elle abrite des ouvrages disparates mêlant des genres différents.
S’y côtoient des maisons de maître et des bâtisses au modernisme volontariste. Comme en témoigne le pont métallique enjambant le fleuve Hai ou la Cathédrale Notre Dame des Victoria, réplique d’une église en pays d’Artois.
La concession française a connu une histoire accidentée à l’issue toujours incertaine. Construites dans le quartier commerçant du Heping Lu, les bâtisses sont désormais encerclées par des immeubles récents à l’esthétisme médiocre et une activité commerciale mal maîtrisée. A titre d’exemple, l’église de Nanjing Lu est horriblement enclavée par deux gratte-ciels.
Au cœur du quartier, des maisons disposées en cercle entourent « le jardin français ». Onze maisons recouvrant une surface de 72 000 mètres carrés devraient être restaurées. Commanditaire du projet, le groupe TEDA International Hotel Group Co., Ltd. (TIHG) souhaite redonner ainsi un nouveau souffle au quartier. Cependant ce projet se heurtait à une difficulté majeure.
Comment redresser la barre alors que les constructions modernes urbaines s’empilent à côté ? Comment à partir du jardin français irradier l’ensemble d’un quartier dont l’activité commerciale ne joue pas dans le raffinement ? La question demeure posée.
Aujourd’hui, Tianjin offre l’aspect d’une ville étouffant sous la pollution, bruyante et chaotique. Les travaux engagés le long du fleuve Hai comme la restauration des anciennes concessions et l’amélioration des voies d’accès à la ville devraient se poursuivre jusqu’en 2010.
A cette date, Tianjin aura meilleure allure. Peut-être retrouvera-t-elle alors son heure de gloire qu’elle a connue dans les années 30 ?
François de la Chevalerie (Junma)
Octobre 2009
Blog : http://chine.unblog.fr/